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Citations sur Le temps des miracles (1)

Par exemple, savez-vous combien de spermatozoïdes concourent (je dis bien « concourent », car il s’agit d’un concours) concourent, dis-je, à la formation d’un nouveau mortel ? Plusieurs dizaines de millions.
— Tant que ça ?
— Vous voyez ? Vous ne le saviez pas. Oui, chaque fois qu’un homme s’approche d’une femme (j’entends au sens biblique du mot), il y a des millions et des millions de « papas » possibles qui font assaut de vitesse pour gagner la course.
.../...
Quand je le vis, jeune, assez bien fait de sa personne, cultivé, fils d’industriels riches, possédant un château près de Paris (elle m’avait fait reluire tout ça avant l’entrevue)…, quand je le vis, donc, je pensai : « Pas mal ! Il pourrait faire l’affaire. » Oh ! ce ne fut pas le coup de foudre, non ! Je ne ressentis pas cet élan fougueux de l’âme qui fait dire à une femme : « C’est lui, c’est lui que j’attendais depuis le commencement du monde ! » Non. Je pensai : « Il pourrait faire l’affaire. » Et cette pensée triviale, déjà, aurait dû me mettre en garde.
.../...
— Qu’il est maigre ! fit M. Beccessi, saisi par le besoin de dissiper, par un familiarité peut-être déplacée, l’atmosphère d’horreur « sacrée » qui l’avait submergé jusqu’ici. Ensuite il sourit à l’apparition le plus gentiment qu’il put, afin sans doute de se la rendre favorable. — Maigre ? dit le « stylite ». Si vous pouviez voir mon esprit, comme il est gras et bien portant, vous seriez jaloux. Oh ! je sais ce que vous pensez. Vous pensez mens sana in corpore sano. C’est une maxime des anciens Latins, ces imbéciles. Il n’est rien de plus faux, en effet, que ce proverbe. Une âme saine doit habiter dans un corps malsain, je veux dire qu’elle se nourrit du corps, elle le mange, le boit, le suce, jusqu’à ce qu’il soit transformé en squelette ; et enfin elle dévore les os, jusqu’à disparition complète du corps. « Qui me délivrera de ce corps de boue ? » clamait saint Paul dans ses Epîtres. Eh bien ! voilà comment je fais pour m’en débarrasser, moi : je le mange. Du moins, je suis en train de le manger, un peu tous les jours. — Et qu’arrivera-t-il quand vous l’aurez complètement dévoré ? demanda le commissaire d’un ton goguenard. — Il n’arrivera rien tant que je n’aurai pas détruit toute la matière malencontreuse dont est fait cet univers où nous sommes. Mais cela viendra. Alors Dieu régnera dans Sa gloire.
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