C'était un fait, ainsi qu'elle le lui avait dit, elle était contre la violence. Il devait bien y avoir un moyen de construire une société plus juste sans assassiner personne. Il y a toujours un moyen. On pourrait commencer par exemple par apprendre aux enfants à détester la guerre et non l'ennemi. Bannir les films ou les livres exaltant l'héroïsme et la fureur tragique des batailles, ne pas célébrer la victoire de Vittorio Veneto. Il fallait ôter aux enfants le goût des compétitions avec vainqueurs et vaincus, amis et ennemis. Même le sport aurait dû être interdit. Il incitait à la guerre.
Une fois elle les avait même vues rire vraiment, sans mettre la main devant leur bouche.
En ces temps de guerre, seuls les riches pouvaient se procurer du savon, les autres lavaient leur linge au moyen d'une mixture à base de cendres. Alors elle déclara que cela lui semblait injuste d'utiliser du savon qui pouvait servir aux hôpitaux, et que ses domestiques faisaient donc la lessive avec cette mixture.
Les sœurs Porro ne firent pas de commentaires, mais Stefania, puisqu'elle était la seule à pouvoir prononcer le mot "culotte", car les trois autres appelaient les culottes "les premières" et les soutiens-gorge "les seconds", osa une question: "Et les culottes aussi, avec cette mixture?"
- Tu veux savoir s'il reste des taches sur les culottes? répondit-elle pour les choquer.
- Exactement.
- Oh, les taches sur les culottes s'éclaircissent considérablement!"
Les sœurs ouvrirent de grands yeux, puis elles rirent de bon cœur qu'elles en oublièrent de se cacher la bouche.
C'était un homme cultivé, il avait écrit un livre sur les temps modernes, dons lequel il expliquait que dans ce monde, même quand tout paraît différent, en réalité, rien ne change jamais. (p.42)
Il avait l'expérience de la douleur et de la fatigue, et des massacres qui, dns les Pouilles, étaient aussi naturels que les grosses averses, mais juste un peu plus fréquents.
On raconte que ses derniers mots ont été "pardonnez leur"; elle était faite comme ça; il n'y a rien à ajouter.
Elle blâmait l'immoralité du paisible farniente des dames riches, clamant qu'elles auraient toutes dû travailler la terre pour apprendre ce qu'est la vie, et de retour chez elle après une visite sur ses terres, elle nettoyait ses souliers à fond, ou plutôt, elles les faisait nettoyer à fond par l'une de ses domestiques.
Elle ne voulait pas d'amours de raison. Elle voulait des révélations, des coups de théâtre, des fuites romantiques, le couronnement d'amours impossibles. Le mariage n'était pas ce qui l'attirait le plus.
Elle se querellait en pensée avec tout le monde,des disputes enragées avec cris et injures.Personne ne le savait ,puisque tout cela n'advenait qu'en son for intérieur,mais au fond elle était une grande acariâtre,chicaneuse et agressive,et souvent il lui arrivait de haïr des gens à peine croisé dans la rue,et de vouloir les rouer de coups,pour leur façon de s'habiller,ou pour un geste d'eux qu'elle trouvait intolérable.Par la suite,si elle faisait plus ample connaissance avec ces fâcheux,elle cessait de les détester et leur inventait toutes les excuses du monde.p.26