Citations sur Les aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadou.. (10)
Comme tous les chevaliers de ce temps, Hardecourt et Sassy étaient tout autant motivés par la gloire et l'honneur que par l'envie de pillage.
Il savait depuis longtemps que prudence valait mieux que regret.
J'ai rencontré bien des manifestations du diable, intervint sombrement Guilhem. Belzébuth n'a pas besoin d'envoyer des créatures maléfiques, il lui suffit d'utiliser les hommes. J'ai été l'un de ceux-là, alors je le sais.
Pour tous, il s’agissait des champignons. Quelques-uns devaient être vénéneux et Hardencourt les avait ingurgités. Or, ils savaient d’expérience que ces empoisonnements conduisaient presque toujours à la mort. La fin de leur ami signifierait alors celle de leur aventure.
J'aime les archers quand ils lancent la pierre au loin et renversent les murailles,
J'aime les barons, quand ils se forment en armes dans la plaine.
Je voudrais donc que le prince Jean se plût autant à combattre que je me plais à contempler l'image de ma dame.
Quelque méprisé qu'il soit, il acquerrait encore de la gloire s'il entrait en lice avec ses barons, au cri de Normandie et Guyenne !
« Tu es libre, sire de Rouvrais. Je te rends ta liberté sans aucune condition. Un cheval t’attend avec tes armes. »
— Je me suis jeté à ses genoux en louant sa générosité et sa clémence, mais il a secoué la tête.
« Il n’y a ici aucune générosité, Franc. Simplement, je connais ton roi. Il recevra ta liberté comme une insulte. Il veut paraître grand et noble, alors qu’il n’est qu’un mesquin roitelet. Il comprendra mon mépris en te voyant, et tant que tu seras près de lui, tu seras le vivant reproche de sa petitesse et de sa bassesse. »
Dans l'ivresse des plaisirs et des fêtes qui suivirent ce succès, celui qu’on nommait le cœur de Lion oublia la conquête de Jérusalem, pour laquelle il était venu en Terre Sainte. J’essayais, comme d’autres, comme toi, Sassy, de lui rappeler notre vœu, mais il n’écoutait pas. Puis vint ce funeste jour où nous partîmes à la chasse dans la forêt de Saron. Il avait tant bu au cours du repas qu’il décida de faire un somme sous un arbre. C’est ainsi que les Sarrasins nous surprirent. Pour laisser le temps à Richard de gagner son cheval et de fuir, je me suis précipité devant les infidèles et je leur ai dit en arabe : « Je suis le roi, sauvez ma vie ! »
Il va vivre encore aujourd’hui, peut-être demain, mais seules les prières pourront le sauver.
De taille médiocre, le chevalier troubadour était quand même plus grand que Tillières et surtout plus jeune. Mais l’abus de la bonne chère l’avait doté d’un embonpoint précoce et d’une trogne rubiconde. Tout en lui exprimait la bonhomie. Cependant rien n’était plus faux dans la fureur d’une bataille.
Tout le monde a un prix. Je connais bien des chevaliers normands qui changeraient de fidélité pour quelques centaines d’esterlins assortis d’un riche fief.