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Citations sur Les Funambules (91)

Monique m'explique que la précarité possède une résistance qui défie le temps, "elle tient, elle tient, c'en est incroyable." Mais elle s'étonne toujours de cette capacité d'adaptation qu'ont les plus démunis face à la misère.
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Je pensais à tout ça quand Leïla, en un dixième de seconde, est passée d’une voix douce à une agressivité démentielle. Elle me lance, avec le regard chargé, ces mots qui me chamboulent: « On sait tous que tu l’as laissée tomber, Nadia, pour voir le beau monde, à Paris. On pue, nous, c’est ça? Tu ne le sais peut-être pas, mais elle est devenue malade. Malade de chagrin. Nadia, c’était comme ma grande sœur. Tu l’as cassée, en allant avec cette blonde aux cheveux soyeux, cette Anne. Une bourge. Tu as fait du mal. Tu as trahi. Tout le monde le dit, ici. »

Anne. Je l’ai rencontrée lors de ma deuxième année à la fac de Nanterre. Cela faisait déjà des mois et des mois que je n’avais plus de nouvelles de Nadia malgré mes lettres envoyées chez ses parents – la seule adresse que j’avais d’elle. Je leur ai même laissé un message téléphonique. Aucune réponse. Aucun écho. Le vide. Je n’ai pas voulu insister. Elle a arrêté ses études à la fin de la première année et m’a juste dit qu’elle voulait abandonner les lettres pour travailler dans le social, c’est ça qui l’intéressait, elle se sentirait plus utile. Je pensais qu’on resterait liés. Je lui en ai un peu voulu car elle me laissait seule.
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Porter le livre d'un autre, c'est porter ses angoisses et ses malheurs. Et le pire, c'est porter ses espoirs.
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L’école était une terre de tous les possibles. J’étais un mort de faim de connaissances. Je n’ai pas loupé une seule demi-journée scolaire de toute ma vie. On a beau lui cracher dessus, à cette vieille école républicaine, la dénigrer, la charger de tous les maux, je dis que c’est elle qui m’a sauvé.
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Tout au long de mes rencontres j’apprendrai à quel point l’homme est insondable.
Monique enchaîne. « J’ai rencontré un homme qui avait un très bon poste et qui a été licencié parce qu’il buvait trop. Il s’est retrouvé dans la rue. En général, ce sont des hommes qui meurent jeunes. Il y a quelques femmes, de plus en plus, mais en général ce sont des hommes. Et puis une fois qu’on est dans la rue, une fois qu’on n’a plus de toit… c’est presque irréversible. C’est l’une des plaies du chômage. J’ai eu une amie qui s’est retrouvée sans emploi. Elle était cadre dans une entreprise. Elle m’a expliqué qu’elle avait encore un enfant à charge. Seule. Au début, elle se levait tous les matins, elle préparait son petit déjeuner, accompagnait son fils à l’école. Puis, au fil des semaines, au fil des mois, elle ne s’est plus levée. L’enfant se débrouillait pour prendre son petit déjeuner, allait seul à l’école. L’énergie a diminué pour disparaître complètement. Les liens avec les autres se sont défaits. Et quand ça dure trop longtemps, eh bien, c’est presque impossible de retrouver ces liens. Il y a comme une installation dans cette précarité, qui est très difficile à surmonter. »
Monique ajoute, un peu irritée : « C’est vraiment simpliste, ce discours que j’entends : Si les SDF sont dans la rue, c’est qu’ils le veulent bien. Il y a des circonstances dans la vie… ça peut être la boisson, une famille qui éclate, une situation qui explose
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On était en quatrième. Après un cours d'histoire, je lui avais demandé: "Rassure-moi, tu sais qui est Anne Franck ?" Il m'avait alors fait cette réponse d'anthologie: "T'es marrant, toi ! Si tu me dis pas le nom de famille, je peux pas deviner."
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Décidément, il vaut mieux avoir un père mort qu’un père absent – au moins, on sait où il repose et on ne vit pas avec un fantôme qu’on risque de croiser.
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Un soir, c’était exactement le vendredi 22 juin 2018, le mari ne rentre pas à la maison. Il le lui dit par téléphone : il part avec sa secrétaire médicale – elle porte le même prénom que sa femme. Et tout ce que Chantal trouve à lui rétorquer, c’est : « Mais le dîner est prêt. » Voilà comment vingt-quatre années et des poussières s’envolent. C’est une histoire d’une banalité affligeante, mais pour Chantal c’est sa seule vie. Une vie qui vient d’exploser
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Géraldine s’appuie sur une étude psychologique : dans un échange, les mots comptent pour 7 %, le ton de la voix pour 38 %, et tout le reste, c’est-à-dire 55 %, c’est le non-verbal qui fait la relation. Les gestes, les postures, les expressions faciales, le regard, le rythme de l’élocution, l’odeur, le toucher… Tout cela parle plus que des mots. On peut dire « bonjour » de mille manières, de la meilleure – avec un sourire et un regard bienveillant – à la pire – sans un regard et avec une moue dégoûtée. « Le rire et la souffrance sont les expressions non verbales les plus courantes », est-il indiqué dans un document que Catherine nous remet.
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Je ne suis pas psy, mais j’ai compris que pour rompre le silence il faut d’abord comprendre pourquoi on le garde, ce silence. Il faut savoir qu’il y a des silences qui protègent car parler serait amener encore plus de violence. C’est un cas de conscience qui vous mine de l’intérieur. »
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