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Citations sur Les vies de papier (297)

[...] la plupart d'entre nous pensons que nous sommes ce que nous sommes en raison des décisions que nous avons prises, en raison des événements qui nous ont façonnés, des choix de ceux de notre entourage. Nous considérons rarement que nous sommes aussi façonnés par les décisions que nous n'avons pas prises, par les événements qui auraient pu avoir lieu mais n'ont pas eu lieu, ou par les choix que nous n'avons pas faits, d'ailleurs.
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On pourrait dire que je pensais à autre chose quand je me suis retrouvée avec les cheveux bleus après mon shampoing, et les deux verres de vin n'ont pas aidé à ma concentration.
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Vieillir, c'est se lamenter.
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Honte. Il faut toujours que je m'inquiète. Je loupe les miracles qui s'epanouissent sous mes yeux: je me concentre sur l'étoile qui s'évanouit et je manque la constellation. Je ne fais pas attention aux orages éblouissants, occupée que je suis à me demander si j'ai du linge suspendu dehors.
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La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème. Je me suis adaptée avec docilité, quoique de manière non conventionnelle, au monde visible, afin de pouvoir me retirer sans grands désagréments dans mon monde intérieur de livres. Pour filer cette métaphore sableuses, si la lottérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier – un sablier qui s'écoule grain par grain. La littérature m'apporte la vie, et la vie me tue.
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On dit que le rire est ce qui, en dernier recours, unit.
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À ma demande, le taxi amateur s’arrête devant les marches du Musée national. J’ai essayé de marcher, mais le crachin et le vent ont rendu le parapluie inutilisable. J’ai tâché de poursuivre à marche forcée, quand même j’étais trempée, et je me suis rendu compte que l’étrange odeur de l’air assoiffé de soleil et sa couleur de perle ajoutaient à la confusion de mon esprit déjà embrouillé. Pendant la guerre, les vents portaient l’odeur écoeurante des corps dont on s’était débarrassé à la hâte et au petit hasard – des odeurs de chair, à la fois fraîche et en putréfaction, les parfums naturel de la ville. J’ai vite helé une voiture, car ma santé mentale importe davantage que la gymnastique rythmique.
« Beyrouth revisité (1982) » n’est pas un poème que je souhaite réciter aujourd’hui.
J’ai pris une saine décision. L’heure de marche jusqu’au musée peut être revigorante – je l’ai fait régulièrement les jours de beau temps – mais elle a parfois pour effet subversif de déséquilibrer une Beyrouthine équilibrée, car elle est chargée de mines terrestres émotionnelles et de pièces d’artillerie n’ayant pas explosé. Cette route était la principale Ligne Verte qui divisait la ville entre l’est et l’ouest. Il y a sans doute eu ici plus de combats, plus de tireurs embusqués, plus de tueries, plus de corps, plus de décrépitude et de destruction que n’importe où ailleurs dans le pays –ravages, dépouilles, ruines. Le secteur et le boulevard qui coupe à travers ont été reconstruits. Le champ de courses dont les poutres et poutrelles saillantes ressemblaient à des squelettes d’animaux antédiluviens a été réaménagé, ne laissant plus rien pour nous remémorer les douzaines de chevaux qui ont brûlé vifs dans les écuries – il n’y a plus guère que le vent pour nous rappeler les centaines de piétons abattus alors qu’ils tâchaient de rejoindre leur famille ou leurs amis à travers une ville en désaccord avec elle-même.
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De tous les plaisirs délicieux que mon corps a commencé à me refuser, le sommeil est le plus précieux, le don sacré qui me manque le plus. Le sommeil sans repos m’a laissé sa suie. Je dors par fragments, quand j’arrive à dormir. Lorsque j’envisageais la fin de ma vie, je ne m’attendais pas à passer chaque nuit dans l’obscurité de ma chambre, les paupières à demi ouverts, calée sur des coussins ratatinés, à tenir salon avec mes souvenirs.
Le sommeil seigneur de tous les dieux et de tous les hommes. Ah, être le flux et le reflux de la vaste mer. Quand j’étais plus jeune, je pouvais dormir n’importe où. Je pouvais m’étaler sur un canapé, m’y enfoncer, l’obligeant à m’accueillir en son sein, et disparaître dans les enfers somnolents. Dans un océan luxurieux je plongeais, dans ses profondeurs je m’abîmais.
Virgile appelait le sommeil frère de la mort, et Isocrate avant lui. Hypnos et Thanatos, fils de Nyx. Cette façon de minimiser la mort est peu imaginative.
« Il est tout aussi indigne, de la part d’un homme pendant, de croire que la mort est un sommeil », a écrit Pessoa. La règle de base du sommeil est que l’on s’en éveille. Le réveil est-il alors une résurrection ?
Sur un canapé, sur un lit, sur une chaise, je dormais. Les rides s’évanouissaient de mon visage. Chaque silencieux tic-tac de l’horloge me rajeunissait. Pourquoi donc est-ce à l’âge où l’on a le plus besoin des vertus curatives d’un sommeil profond qu’on y accède avec le plus de mal ? Hypnos dépérit tandis que Thanatos approche.
Quand je songeais à la fin de ma vie, je n’envisageais pas que je passerais des nuits sans sommeil à revivre mes années antérieures. Je n’avais pas imaginé que je regretterais autant la librairie.
Je me demande parfois à quel point ma vie aurait été différente si je n’avais pas été embauchée ce jour-là.
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Marie-Thérèse arrive sur mon palier. Si elle sonne à ma porte, mon prochain projet sera Hadrien, si elle frappe, ce sera Les Barbares. Je prends une longue inspiration, la bouffée de l'impatience.
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J'étais une lectrice vorace, mais après la mort de Hannah, je devins insatiable. Les livres devinrent mon lait et mon miel. Pour me réconforter, je me récitais des formules naïves du genre "Les livres sont l'air que je respire", ou pire, "La vie n'a pas de sens sans la littérature", tout cela en une faible tentative d'éviter le fait que je trouvais le monde inexplicable et impénétrable. Comparée à la complexité de la compréhension du chagrin, Foucault ou Blanchot sont dans la catégorie des livres pour enfants
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