Moment d'un couple

elle ne savait pas ce qu'elle cherchait ni ce qu'elle fuyait elle essayait juste de survivre, les psys mettaient ça sur le dos de sa mère sa dépression tout ça et elle était d’accord ou l'abandon de son père oui ça aussi c'était possible...

Peut etre était-ce pour tout le monde pareil , chacun contenait de son mieux sa part de folie , seuls les débordements excessifs étaient punis mais, pour le reste ,ce que chacun pensées les pulsions les plus démentes , les fatasmes les plus malsains , tant que tout cela restait solidement entravé dans sa camisole de force interieur cela ne regardait personne

Tu parlais de bobos , dit Emma , de bobos que papa t'avais fait . Elle tenta de lui expliquer que parfois , des gens qui s'aimaient ,pouvaient se faire un peu de mal sans faire exprès

Elle pense aux statuettes asiatiques qui mettent les mains sur les yeux , se bouchent les oreilles . Ne rien voir,ne rien entendre . Si seulement elle avait pu ne rien savoir .Après tout , elle avait rien demandé .Elle ne croit pas aux vertus de la vérité

En général , quand juliette marche dans la rue , les hommes la regardent et Juliette ,elle , regarde ses pieds . On lui en fait souvent la réflexion . Ses pieds , ou autre chose ,le ciel ,la vitrine d'un magasin , quelqu'un qui fait la manche ou un enfant qui joue

Rencontre puis trahison puis amour puis rupture puis mariage puis vie commune

Mais non. Elle avait mal compris.
La thérapeute répéta : Je VOUS sens pleine de compassion pour cette jeune femme.

Olivier s'étonna, cette remarque lui paraissait incongrue.
Pourtant c'est vrai, reconnut Juliette après un silence.
Je la comprends, je crois. Je retrouve chez elle des choses de moi, il y a dix ans. Elle ne m'est pas étrangère.

Tu as eu des nouvelles, depuis ce matin ? demanda Juliette.
Toute la matinée j'ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Je dois avoir dix-huit messages.

(Note : Juliette travaille chez Galatea Networks, et son mari Olivier dans un journal parisien) En arrivant le lendemain matin à Galatea, encore sur le trottoir devant l'entrée, elle lui téléphona.

Je voulais te dire un truc très important : si jamais un jour dans une semaine dans six mois tu devais coucher à nouveau avec elle,
si jamais, je t'en supplie, ne la laisse pas choisir de tomber enceinte ou pas. Une femme comme elle peut tout faire pour s'attacher un homme. Je sais que tu ne crois pas cela possible mais moi je sais qu'elle est prête à tout.

A Saint-Lazare, Juliette attendit Olivier en vain.
C'était ridicule et elle le savait, c'était même pitoyable, à quarante ans, après dix ans de mariage, cette course dans le métro puis dans la gare, pour trouver la bonne voie, et ensuite l'attente, en larmes, les trains qui se succèdent, cent fois une silhouette aperçue, le cœur qui bat, un élan esquissé qui retombe.
Cent fois ressortir son portable, essayer à nouveau de le joindre, tomber sur la messagerie, raccrocher dès la première syllabe.
Elle court de long en large, parle à voix haute, sanglote.
Les gens lui jettent des coups d'œil gênés en passant auprès d'elle