Dans l'état naissant, le présent devient éternel. Quand nous perdons notre amour, l'attente d'une heure devient l'attente d'années ou de siècles, et la nostalgie de cet instant d'éternité nous accompagne toujours.
L’amour ne se manifeste que s’il sépare ce qui était uni et que s’il unit ce qui devait être séparé.
Les deux pôles de la vie quotidienne sont la tranquillité et la déception ; ceux de l'amour naissant, l'extase et le tourment. La vie quotidienne est un éternel purgatoire. La vie amoureuse, un paradis ou un enfer ; nous sommes sauvés ou nous sommes damnés.
Dans le quotidien, on désire l'extase, dans l'extraordinaire la tranquillité.
Si deux personnes sont amoureuses à un degré différent, celle qui est vraiment amoureuse tend à créer des univers imaginaires, poétiques. Celle qui aime moins manifeste des exigences concrètes, précises.
Si l'amant sent que son amour est partagé, il lui suffira de s'en souvenir pour supporter n'importe quelle difficulté, n'importe quelle douleur. Son amour sera son refuge et la source de tous ses désirs.
Pour combattre cette opinion qui masque le problème, nous partirons de la sexualité pour découvrir qu'elle porte en elle une différence : il existe un ordinaire et un extraordinaire. Tomber amoureux - comme tous les mouvements collectifs - se joue dans le registre de l'extraordinaire.
Les dons de l’enfant sont ses mots, les étonnantes constructions linguistiques qu’il mûrit en lui et qui surgissent, à un certain moment. Avec ses mots, il construit une porte, une maison, un château dans lequel l’adulte peut entrer car c’est une demeure pour lui. Une demeure, en outre, qu’il peut achever avec l’enfant, une construction à faire ensemble. Les mots de l’enfant sont le premier chant d’amour tout entier objectivé, comme la vraie grande poésie et, en même temps, une chose accomplie ensemble, côte à côte.
La mère s’éprend sans cesse de son enfant. Et non seulement lorsqu’il est petit, mais également lorsqu’il est grand, lorsqu’il est adulte. Parfois, à certains moments, elle le voit, elle le regarde avec des yeux étonnés et passionnés, éprouvant une grande reconnaissance parce qu’il existe.
Dans la jalousie, nous découvrons donc que la personne que nous aimons est attirée, charmée, par un don que nous n’avons pas, et que quelqu’un d’autre possède. Nous ne sommes jamais jaloux d’une chose, d’un animal, ou d’une
profession, mais seulement d’une autre personne. D’une autre personne qui, à nos yeux, détient quelque chose qui exerce une fascination irrésistible sur l’être que nous aimons.