AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brigittelascombe


"Cette précieuse richesse qui avait dominé tout, la joie,elle l'avait perdue", écrit Olympia Alberti (romancière,poète,essayiste nouvelliste qui a, entre autres, reçu le prix Georges Sand pour La Dévorade).
Elle, c'est Camille Claudel, qui se "mesure à la pierre", donne à aimer les oeuvres sculptées de ses mains d'orfèvre et vibre en "un chant de joie" vers le divin.
Dans l'or perdu de la joie, l'auteur évoque la période charnière où Camille Claudel, vers la quarantaine, sculpteur reconnue et maîtresse de Rodin va doucement glisser, suite à la trahison de son amant, vers la folie et détruire ses oeuvres. L'abord de ce roman est intéressant car Olympia Alberti relate la rencontre dans les jardins du Luxembourg et l'amour ressenti par Rainer Maria Rilke (tout juste âgé de 27 ans, alors marié à Clara qui effectue un stage de sculpture dans l'atelier de Rodin) pour Camille Claudel, leur admiration réciproque (les chapitres alternent la voix et la correspondance de Rilke, celle du narrateur omniscient) alors que le lecteur est surtout habitué à l'évocation de la relation passionnée de Rodin et Camille Claudel (elle est ici juste effleurée). Trois parties pour parler de l'élan créateur, des créateurs,du processus de création vu comme une sorte de transmutation d'alchimiste et de ses ratés ainsi que (très intéressant) la mise en parallèle de la création littéraire et de la création picturale (dont l'inspiration relève d'après l'auteur d'une même sublimation).
L'écriture très poétique d'Olympia Alberti (dont Coeur rhapsodie, coeur absolu a reçu le prix de poésie de l'Académie française)est en parfaite adéquation avec les mots de Rilke qui coulent de source. L'oralité ("il dévorait", "désaltération", "absorber") transparait à travers mots pour démontrer que l'angoisse du vide intérieur s'abreuve d'inspiration ("offrande de l'Ange")comme si une main divine, se substituant au sein maternel, venait combler les manques de l'enfance.
Ce roman, outre les deux beaux portraits (Camille Claudel: flamboyante,entière,vulnérable,passionnée,géniale,pleine de rage,autodestructrice,folle...Rainer Maria Rilke:sensible,timide,rêveur,angoissé,exalté,nostalgique,idéaliste,solitaire...) présentés est très fouillé au point de vue psychologique et (ce qui est original) donne une explication mystique de l'élan créateur "or de la joie".
Livre fort d'une femme forte et lumineuse, L'or perdu de la joie est une belle rencontre que j'aurai le plaisir de prolonger lors de mon interview d'Olympia Alberti en personne le samedi après-midi 17/11 sur le stand RCF Méditerranée de la fête du livre de Toulon 2012. Une émission de 25 minutes retransmise par la suite dans Une vie pour tous.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}