Dans son petit village qui réduit l'avenir, Mimmo se prend soudain à rêver de gloire et d'ailleurs. En effet, le casting d'une célèbre émission de radio-crochet vient auditionner les talents de ce coin oublié d'Italie alors Mimmo, guitare au dos, sillonne avec sa Vespa les routes du coin pour réunir ses potes musiciens. Voilà de mois qu'ils n'ont pas répété mais peu importe, impossible de laisser passer cette chance-là. Mais rêver trop grand ne semble pas être donné à tout le monde
Avec
Maltempo, dernier volet de son Italie imaginaire (après
Come Prima et
Senso), Alfred nous plonge dans un tourbillon d'émotions baigné par le soleil d'Italie. Dans cet album superbe, il y a l'attente vaine d'une jeunesse empêchée, la candeur de l'enfance, un monde en plein changement, la peur de l'autre, les relents fascistes, le vernis des apparences qui craquèle, des envies d'échappée belle. Et il y a aussi le pouvoir de la musique qui grise Mimmo, des heures de répétition volées à un quotidien lourd de l'absence d'une mère et de l'attente alcoolisée d'un père. Partir, s'enfuir, réussir peut-être. Les pleines pages éclatent de lumière, celle d'un été italien entre pierres ocres et bleu de la mer contrastant avec les intérieurs aux volets fermés sur les intimités faites de rigueur ici, de désespoir là. Un album plein de vie dans les moindres détails, où tout accroche le regard tant Alfred sait utiliser pages et cases pour servir son propos, narrant le temps qui passe en gaufriers sages, étirant les heure
s ensoleillées d'interminables journées en pleines pages, déstructurant lors d'envolées musicales ou violentes.
Un album qui m'a touchée au coeur par sa capacité à éblouir par la beauté des lieux et à créer l'empathie avec le moindre des personnages. J'y ai souri et eu le coeur serré. J'ai refermé
Maltempo et il m'accompagne encore depuis.