Citations sur Un jour à la fois (13)
Bien qu’une partie de moi soit morte, je continue de vivre. Je n’ai pas le choix.
C’est facile de juger quand on ne sait rien de la vie des gens. Ils ignorent par quoi je suis passée ces derniers mois. S’ils l’apprenaient, ils auraient de quoi me critiquer ou m’insulter, c’est sûr. C’est tout ce que je mérite, j’en suis consciente. Mais tant qu’à faire, s’ils peuvent ne jamais le découvrir, ou alors le plus tard possible, ce serait quand même mieux pour moi. Je n’ai pas besoin qu’on me rappelle quotidiennement ce que j’ai fait. Mon cerveau s’en charge à la perfection. Il ne me lâche jamais, je n’ai pas un instant de répit avec lui. Il a au moins le mérite de me tenir compagnie quand je me retrouve seule, c’est-à-dire la plupart du temps.
Ça fait tellement longtemps que j’ai oublié ce qu’on éprouve quand tout va bien dans sa vie. Le saurai-je à nouveau un jour ? Ai-je le droit d’y croire et de l’espérer ?
Nous avons tendance à perdre notre sang-froid — ou, à l’opposé —, nous nous barricadons pour éviter d’exploser ! Souvent susceptibles, peut-être même un peu « paranos », nous nous sentons plus ou moins envahis ou bloqués, aspirant à la solitude, mais fébriles une fois seuls. Sa conduite est troublante mais le désert s’installe sitôt qu’il disparaît !
Le regard qu’il pose sur moi est dénué de jugement, ce qui ne serait sans doute plus le cas s’il savait. Même celui de ma mère a changé, dès l’instant où elle a découvert la vérité. C’est simple, en général, les gens qui l’apprennent ressentent soit de l’aversion, soit de la pitié. Et, dans les deux cas, c’est difficile à encaisser.
Nous nous étions embrassés et, une chose en entraînant une autre, nos gestes s’étaient enhardis. Nous avions fini par céder à notre désir, devenu incontrôlable, dans la précipitation, avec la crainte de nous faire surprendre en pleine action. Après coup, j’avais regretté. Tout était allé si vite, j’aurais préféré prendre mon temps, attendre un moment plus opportun.
Je culpabilise d’être resté à ce point dans ma bulle. Je pensais, à tort, que j’étais le seul à avoir des problèmes. Aujourd’hui, je prends conscience qu’il n’en est rien. Que je n’ai pas le monopole de la souffrance. Je me promets alors de faire l’effort de m’intéresser aux autres. Et je commencerai dès demain.
Mon cerveau, dans un instinct de survie, a disjoncté au moment où j’avais le plus besoin de lui. Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou hurler de rage. Enfin, si j’étais capable de le faire, bien sûr. Quoi qu’il en soit, je suis là, maintenant. Je me suis promis de tenir le coup, de travailler dur pour obtenir mon bac et de trouver un métier.
Je dois construire mon avenir. Non, notre avenir. Et pour ça, je suis obligé de passer par la case baccalauréat. Pas le choix.
Revoir son vieil ami avait fait remonter un flot de souvenirs qu’elle pensait oubliés depuis longtemps. Leur échange avait ravivé les douleurs toujours présentes au fond de son cœur. Elle n’aurait jamais imaginé s’émouvoir de la sorte en les mentionnant. Pourtant, force était de constater que sa blessure était encore à vif. Elle ne guérissait pas aussi vite qu’elle l’aurait souhaité. Il était d’ailleurs fort probable qu’une infime partie d’elle n’ait pas envie qu’elle cicatrise. Avoir mal, cela signifiait ne pas oublier.