Celle qui avait disparu brutalement de sa vie un jour de mai, plus de cinq ans auparavant, sans aucune explication. Il mourait d’envie de la toucher, pour vérifier que ce moment était réel, mais il se souvenait qu’elle ne tolérait pas le moindre effleurement. Il s’en abstint donc, réprimant un soupir frustré. Durant ces quelques secondes de flottement, aucun d’eux n’avait rompu le silence qui les enveloppait. Il n’était pas dérangeant, ils en avaient l’habitude.
Elle n’avait pas changé, elle était toujours telle que dans ses souvenirs. Des yeux d’un bleu limpide, des joues que l’émotion avait fait rosir, une bouche pleine. Seuls ses cheveux semblaient un peu plus courts, ils tombaient à présent juste sous ses épaules.
Il aimait apprendre et lisait déjà à la perfection. Matthias était fier de ses capacités, qu’il tenait de sa mère, cela ne faisait aucun doute. C’était dommage qu’elle ne soit plus là pour le constater. Le coulissement de la porte, annonçant l’arrivée d’un client dans la boutique, le ramena au moment présent. Son patron, monsieur Daubusson, se précipita pour l’accueillir. C’était l’une de ses règles d’or : l’acheteur potentiel ne devait en aucun cas attendre. Les professionnels avaient pour ordre de les choyer au maximum afin de les fidéliser. La concurrence était rude dans le métier.