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Critique de YANCOU


1947, en exil à New York, et deux ans durant, Anders va scrupuleusement prendre note de son histoire des sentiments sous la forme libre d'un journal qui a pour titre : Aimer hier. Ce penseur et journaliste - à qui l'on doit l'ouvrage intitulé L'obsolescence de l'homme - fut le premier mari d'Hannah Arendt ; il a été élève de Heidegger et de Husserl ; il est l'ami, entre autres, de Bertold Brecht, et le cousin de Walter Benjamin ; père du catastrophisme contemporain, il a tôt dénoncé la marchandisation et la déréalisation du monde. Grand désespéré, radical, ce "Monsieur Autrement" (de son vrai nom Stern) va ainsi s'essayer à comprendre ce qu'est advenu de l'amour en des temps sombres d'exil. Il y a des passages bouleversants, comme ce couple, séparé par la guerre pendant dix ans, prématurément vieilli par la tragédie et dans l'impossibilité d'avoir des enfants, qui, malgré cette faille temporelle dans leur existence commune, recommence une vie à deux faite de routines silencieuses et qui déclare, tout simplement : "ça va." Ou alors ces sept caisses, postées avant guerre, dont les destinataires ont disparu, finissent tout de même par atterrir chez Anders par un beau matin de mars 1948, déversant notamment leur contenu de correspondances reçues par sa grand-mère : des lettres de femmes datant pour la plupart des années 1880, des femmes qui souffrent d'être trompées par leur mari, mais qui se déclarent malgré tout "sauvées" par le mariage - le mariage, cet enfermement qu'Anders compare à de la violence. Aimer hier est un ouvrage atypique, entre le récit intime et la philosophie, collection de pensées, d'anecdotes, qui jettent du doute dans nos certitudes comme on jetterait un peu d'alcool sur le feu, pour raviver la flamme.
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