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Critique de LoupAlunettes


Du beau livre, c'est indéniable.
Qu'en sera t-il de cette version du célèbre conte adaptée par Marco Mazzoni?

La première impression sera inévitablement bonne, avec une sublime première de couverture, de rose et de bleu aux tons pastels élégants.
Le réalisme du personnage nous rappellera les styles raffinées et étranges véhiculés par les versions de contes à la saveur gothique des auteurs illustrateurs Sébastien Pérez et Benjamin Lacombe.
Alors pour quel lectorat? Jeunes enfants ou pré-ados?

Nous connaissons pour la plupart, la légende de la Petite Poucette, une"Tom Pouce" au féminin, adoptée par un vieux couple, elle-aussi et qui sera par la suite enlevée par un crapaud qui souhaitera en faire sa compagne.
Se mêlera à l'aventure animale un monde de fées insoupçonné pour la rescousse.

En relisant et redécouvrant le conte de la "Petite Poucette", les adultes lecteurs se rendront compte d'une lecture qui échappera évidemment aux plus jeunes: ce genre de conte "Tom Pouce", "la petite Poucette" ou "la Fille de neige" conteront en définitive l'histoire de tous les parents qui ne peuvent hélas avoir d'enfant, d'une part, mais aussi d'autres part de l'adoption miraculeuse accordée par le destin des histoires.
Les parents sont parfois déja trop vieux - ils n'auront pas eu la chance d'obtenir une descendance pour s'occuper d'eux à l'heure de leurs vieux jours-, trop âgés donc pour procréer certe mais aussi pour élever, courir après un enfant qui bouge, à surveiller.
La magie offrira un enfant d'une taille possible à gérer, de la taille d'un pouce souvent, ce qui appuiera le caractère impossible de la chose et la rendra très magique.
Une bonne étoile répondra au grand regret de ces gens pleins de bonté à partager.

Autre chose amusante à noter- et c'est à croire que Andersen aimait raisonner sur ses contemporains-, il y aura sur le chemin de la Poucette beaucoup de célibataires en lisse pour l'épouser, de gré ou de force, ces animaux n'ayant pas trouver l'amour, pour la raison de leur laideur ou d'un handicap.
Cela questionnera aussi l'amour.
La Poucette trouvera t-elle quelqu'un à sa taille finalement ou devra t-elle céder au choix par défaut du repoussant crapaud ou de la gentille taupe, célibataire de longue date?
La fin y répondra.


A chaque page tournée, on savoure les illustrations, esthétiques et très artistiques. Ce sont des oeuvres qui pourraient exister pour elles-mêmes, encadrées sur un mur.
Une vraie touche sensible.
Si petite petite et vulnérable à sa taille, pourtant piégée au milieu des animaux, notre jolie Poucette nous renverra néanmoins à des images vivifiantes de nature.
A part les crapauds, l'environnement semblera aussi délicat que sa petite personne et c'est agréable à imaginer.

Le texte est délicat, lui aussi, il s'harmonisera parfaitement aux attentes d'un jeune public en quête d'aventure, de rebondissements et de romances magiques.
Mais il fera aussi la passerelle pour un public pré-ados sensible et peu lecteur vers des romans jeunesse, avec son univers surréaliste à l'image.

Le style prêté par l'auteur-illustrateur Marco Mazzoni s'associera bien au mélancolique collecteur de contes d'origine, Hans Christian Andersen, romantique et émouvant de sacrifice dans ces fins considérées comme heureuses dans le "au bout du compte" - nous avons en tête "la Petite Sirène", finissant en brume après avoir perdu sa voix et son prince ou "la petite fille aux allumettes" qui retrouvera enfin l'amour et la chaleur de sa mamie, dans les cieux...). Il nous avait habitué à une nouvelle pratique, sortir les mouchoirs après avoir lu des contes.


C'est une très belle histoire, avec plus d'enseignements qu'on pourrait le croire.
Les jeunes lecteurs seront ravis du bel objet.
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