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Critique de BazaR


BazaR
14 novembre 2015
L'un des voyages les plus étonnants qu'il m'ait été donné de faire.

L'histoire est simple : un vaisseau spatial en constante accélération transporte des colons vers leur nouvelle planète. Quelque chose se détraque et voilà qu'il devient impossible de décélérer, à moins de se trouver dans des conditions extérieures de vide extrême. Les colons sont ainsi embarqués dans un voyage qui les mènera aux limites de l'espace et du temps.

Un vaisseau qui accélère sans cesse, se rapprochant asymptotiquement de la vitesse de la lumière qui lui permet, grâce aux effets relativistes, de franchir des distances inconcevables dans un temps propre du vaisseau inférieur à la durée d'une vie humaine ; la première chose que je me suis dit c'est : « Bon sang ! J'ai déjà lu ça dans LE bouquin de vulgarisation scientifique le plus important de ma vie, Cosmos de Carl Sagan ».
Le roman de Poul Anderson manque-t-il donc d'originalité ? Que nenni ! La relativité joue des tours ici aussi, car si ce livre arrive en France en 2012, Anderson l'a écrit en 1970, soit bien avant que Carl Sagan n'attaque son propre ouvrage. Peut-être même Sagan a-t-il lu Anderson…

Ce roman, qui peut aisément être taxé de « hard science », ne s'éloigne jamais du physiquement correct ou plausible (la longue postface de l'astrophysicien Roland Lehoucq tamponne d'ailleurs les descriptions du roman à 95%). Ce faisant, il met en musique les merveilles à jamais déroutantes pour l'esprit humain que sont les effets de la Relativité lorsqu'on approche la vitesse de la lumière. La vision que l'on a alors de l'univers depuis le vaisseau se renouvelle : aberration des étoiles qui se regroupent vers l'avant, effet Doppler qui teinte les étoiles de bleu à la proue et rouge à la poupe puis les fait disparaître quand leur rayonnement se déplace hors du domaine visible. Plus près de la vitesse de la lumière, le temps extérieur « coule si vite » qu'il devient possible de voir les galaxies s'effriter, de voir l'Univers vieillir. Dingue ! Dingue !! DINGUE !!!

Je vais vous dire une chose : ces descriptions montrent à quel point l'univers réel est beaucoup plus surprenant et inventif que ce que nous pouvons imaginer. La plupart des romans ou films de SF utilisent des artifices pour maintenir l'univers dans un cadre « humain », dans un système d'unité de temps et de lieu proche de celui du théâtre classique. Hyper-espace, trous de ver, colifichets que tout cela ! Bon sang, n'est-il pas plus jouissif d'imaginer voyager dans l'espace et revenir âgé d'un an de plus alors que vos arrière-petits-enfants sont morts depuis mille ans ? Moi ça me fait sauter en l'air.

Pourquoi n'ai-je pas mis la note maximum alors ? Eh bien le vaisseau transporte des humains. Et le roman conte aussi la façon dont ils vont s'efforcer de ne pas déprimer devant leur sort, de garder la tête froide, s'effondrant parfois avant de se relever. Cette partie bien humaine manque de chaleur. On la sent presque artificielle. Parfois elle sombre dans le roman d'amour pour midinette. Je n'ai pas pu me débarrasser de cette impression de superficialité.
Un bon point pourtant : l'intégration d'éléments de culture et légendes scandinaves dont l'auteur est si friand. Il est intéressant de voir ce qu'il fait de la Suède au XXIIIème siècle.

J'ai très peu lu Poul Anderson dans ma vie. Ce roman me rappelle à l'ordre. Il va falloir remédier à cet état de fait.
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