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Critique de Bazart


Sport joué autant de la bourgeoisie que par le peuple; drainant son lot de stratégies retorses et d'introspection, le tennis charrie avec lui une dimension romanesque indéniable.

Même si la boxe, autre noble sport individuel, a sans doute eu plus eu les faveurs des grandes plumes de la littérature, certains écrivains notoires comme Guy de Maupassant, Alphonse Daudet, Paul Bourget et plus récemment Lionel Shriver ou Bruce Mathieussent ont tous mis une bonne dose de petite balle jaune dans leurs fictions.

Avec son premier roman L'avantage, le jeune Thomas André marche dans les pas de ses illustrants ainés en faisant de son personnage principal, Marius, adolecent de 16/17 ans- comme il est dit à un moment du livre-, un joueur de tennis amateur qui participe lors d'un été à un tournoi dans le sud de la France.

Le temps de cet été caniculaire, entre parties plus ou moins disputées, Marius, cherche un sens à son existence : il séjourne avec son ami partenaire de tennis Cédric et Alice, la soeur de ce dernier, dans la maison de vacances de leurs parents.

Entre complicité rivalité avec Cédric, jeux ambigüs avec Alice et matches qu'il continue de gagner sans donner l'impression d'y croire vraiment, Marius donne l'impression d'être un peu extérieur à lui même;, un peu comme le Merusault de l'étranger de Camus. En tant que joueur de tennis ( très) amateur et passionné de petite balle jaune depuis ma tendre enfance, il m'était impossible de ne pas être soufflé par le sujet de ce roman et surtout par le brio de Thomas André à restrancrire les alternoiements d'un jeune homme à un moment charnière de son existence .

Des instants a priori anodins ( un revers qui reste dans le filet, une pizza que l'on mange dans un camping abandonné) qui se mélangent à d'autres évenements plus importants (un accident de voiture, la perte de son pucelage) que le personnage principal semble vivre avec le même détachement, mais qui touche par leur justesse et leur force.

Contrairement à certaines fictions sur le sport, où les scènes non sportives semblent être juste là pour remplir les trous, les séquences de compétition et celles de la vie de tous les jours se mélangent pleinement dans l'Avantage et affichent une belle cohérence qui force l'admiration.

Thomas André réussit, sans doute plus que nul autre pareil, à toucher du doigt ces sensations éprouvés par un joueur de tennis en pleine gamberge, sensations que le lecteur ressent au centuple et qui perdurent longtemps après la lecture.

« Quand j'étais gamin, je n'arrêtais pas de perdre des matchs pourtant faciles sur le papier. Un jour, j'avais peut-être douze ans, mon coach m'a dit que j'étais une fiotte et j'avais commencé à pleurer, devant lui. »

Thomas André réalise avec ce roman déceptif sur l'échec un prodigieux travail sur le verbe.

Il parvient, sur chaque page, à trouver le mot juste, épuré, sans le moindre gras, à la manière des très grands romanciers américains dits "behavoristes" comme Hemingway auquel on ne peut s'empêcher de penser à lisant l'Avantage...

L'avantage est un premier roman extremement prometteur qui, malgré de longues descriptions de passages de matches de tennis qui raviront les fans de petite balle jaune, devrait aussi enthousiasmer les autres, tous ceux qui sont simplement en recherche de nouvelles grandes plumes de la littérature contemporaine.

On ne sait pas grand chose sur ce jeune romancier, mais on a échangé très récemment avec lui, et on revient vous en parler très prochainement !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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