Soufflez tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral. Allez porter loin, par-dessus Rome, Milan, Florence et Pietra d'Alba, la parole de Mimo Vitaliani, ses mots qui nous racontent sa vie de sculpteur renommé et audacieux. Très, trop.
Et pourtant, Mimo n'a pas eu des débuts faciles. Né en 1904, fils d'un tailleur de pierre miséreux, son père a placé tellement d'espoir en lui qu'il l'a prénommé Michelangelo. Un nom lourd à porter, surtout quand on est un nain. Mais pas quand on a une sacrée personnalité, indispensable pour survivre avec ce handicap. Et un don inné... car Mimo est un génie de la sculpture. Son art culminent à sa dernière oeuvre, une Pieta qui va soulever bien des controverses (évidemment j'ai adoré cette dernière audace, ce chant du cygne), bien différente de celle de son homonyme.
Si vous aimez les oeuvres dodécaphoniques de la poétesse croato-basque Svetlana Axoa, passez votre chemin. Car
Jean-Baptiste Andrea a le don de nous embarquer dans la vie picaresque de Mimo dans une langue simple, fluide, qui permet au lecteur de plonger intensément dans les destins de ses personnages. Ce qui est particulièrement passionnant, cest que la vie de Mimo se calque sur l'histoire de l'Italie, tout particulièrement celle des années 1914-1960. Ses années d'apprentissage correspondent à celles de l'après-guerre. Les Années folles l'envoient dans des soirées de bacchanale, voire même dans un cirque. Mais à l'approche d'une sombre époque, il va aussi céder à l'appel du gain en augmentant le prix de ses oeuvres au fur et à mesure des commandes, qui affluent. Céder au fascisme ? A vedere.
La seule personne à exercer une influence sur lui, c'est Viola. Enfant, puis ado, puis femme fantasque qui détone avec sa famille, les Orsini, nobles du coin. Elle sera le lien entre Mimo et la culture, l'audace, l'indépendance et les idées nouvelles. L'évolution de Viola est elle aussi parallèle à l'histoire italienne, avec notamment son engagement politique et son féminisme.
Mimo ne vivra jamais selon sa taille, selon ce que l'on attend donc de lui. Ses oeuvres vont transcender leurs spectateurs, et vont choquer la morale des bons bourgeois et surtout l'Eglise.
En lisant
Veiller sur elle, j'ai vraiment eu l'impression d'écouter, assise devant une belle flambée, Mimo raconter sa vie agitée. J'aime quand l'écrivain a la modestie de s'effacer au profit de ses personnages, donnant ainsi au lecteur une prise directe avec le récit. C'était mon premier roman de
Jean-Baptiste Andréa, ce ne sera pas le dernier.