La cape associée à un gilet de cuir noir me donnait l'air suffisamment menaçante. Il ne me manquait qu'un néon géant rotatif géant proclamant : " Authentique Dure à Cuire , la queue pour se faire botter le cul commence à droite".
- C'était comment ?
- Plat, mentis-je. Aucune étincelle. Comme d'embrasser un frère.
Ma tête tournait encore. J'avais envie de le toucher, de faire courir mes mains sous son tee-shirt, de glisser mes doigts sur ses biceps durs comme de la pierre... Je voulais retrouver sa bouche sur la mienne. Non ! Pas toucher. Pas embrasser. Non. Juste non.
- Vraiment ? C'est pour ça que tu as mis tes bras autour de mon cou ?
- Kate ?
Je réagissais heureusement plus vite que la moyenne. Ainsi, je pus bondir de ma chaise sur ma table de travail, tenter d’enfoncer ma dague dans la gorge de l’intrus et stopper la lame à cinq centimètres du cou d’Andrea. Parce que c’était ma meilleure amie et qu’enfoncer un poignard dans la trachée de sa meilleure amie était généralement considéré comme un faux pas social.
— Putain de pervers !
Derek avait finalement trouvé les mots adéquats pour exprimer sa perception de la situation.
— Je préfère l’expression « déviant sexuel », en ce qui me concerne, dit Saiman.
Je décrochais le téléphone.
-Je suis la.
-Tu filtres les appels ?
-Pourquoi pas ? Ça permet d’échapper à des conversations avec des cons.
-C'est une insulte ?
Sa voix grognait.
-Tu n'es pas un con, dis je. Tu n'es qu'un psychopathe mortel avec un complexe de divinité. Qu'est ce que tu veux ?
- Tu ne l'aimes vraiment pas ?
Une ombre traversa le visage d'Andréa.
- Je ne veux pas être son CCBQJNPEB.
- Ca veut dire quoi, ça ?
- Cette Chose Bizarre Que Je N'ai Pas Encore Baisée.
Je faillis m'étrangler avec mon kebab.
Tout en retournant à la civilisation, je réalisai une chose : pour la première fois depuis six mois que je connaissais Curran, nous avions réussi à avoir une conversation et à nous séparer sans avoir envie de nous étriper l'un l'autre. C'était très perturbant.
J'étais chez moi. Mon appartement, mes odeurs, mon tapis familier sous mes pieds, ma cuisine, mon Curran sur une chaise dans ma cuisine...Attendez une minute...
- Toi!
"Je rêvai que Curran et moi tuions un dinosaure et faisions l'amour dans la pousière..."
Quand on se noie, il faut se rattraper à tout ce qui flotte. Même un brin d'herbe, si c'est le seul choix.