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Cette lecture a été un choc, presqu'un traumatisme.
Cette BD raconte le destin de Thazama, jeune villageois appartenant à l'une des nombreuses ethnies minoritaires du pays, et s'écoule sur la période des années 80 jusqu'au milieu des années 2000.
Or donc, en ces jours si peu éloignés de nous, la Birmanie est sous l'emprise d'un régime militaire dictatorial hyper répressif. le début de la BD montre les exactions de la junte dans les villages, consistant, entre autres, à y rafler les habitants pour réquisitionner de la main-d'oeuvre gratuite.
Parti à la ville pour y gagner un peu d'argent pour son village, Thazama, au contact des étudiants, développe sa conscience politique. Après une manifestation anti-junte, il est emprisonné. C'est là que commence la descente aux enfers (alors que pourtant on était déjà loin du paradis), entre tortures, travaux forcés et autres vexations physiques ou morales, dans des conditions d'hygiène épouvantables.
Thazama parvient à s'échapper et à gagner la Thaïlande puis la Malaisie. Mais l'enfer ne s'arrête pas aux frontières birmanes, puisque Thazama passera des camps de rétention de réfugiés (tout aussi sordides et violents que les geôles birmanes), à une liberté précaire, avant de tomber aux mains d'esclavagistes sans pitié. Une lueur d'espoir finira par surgir de ces ténèbres, mais au prix de quelles souffrances…
Bien sûr, avant de lire cette BD, je savais, comme tout le monde, que la junte birmane n'était pas tendre avec ses opposants. Mais si j'ai été à ce point choquée en lisant cette histoire, c'est parce que, jusque là, je n'avais pas vraiment réalisé (vous pouvez me trouver naïve) jusqu'où l'être humain peut aller dans l'inhumanité, justement, la cruauté et la sauvagerie. le fait que ces événements se soient produits alors que j'étais déjà née les a rendus d'autant plus proches et effroyables à mes yeux. Les dessins contribuent à rendre la violence du récit par des couleurs très vives et des illustrations sanglantes.
Inspirée de faits réels, la BD témoigne aussi de la solidarité des exilés envers leurs compatriotes emprisonnés, tentant au péril de leur vie de récolter de l'argent pour soudoyer un gardien ou payer un passeur. Pour que l'espoir survive.
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A travers l'histoire fictive de Thazama, jeune birman de l'ethnie Zomi, voici le récit d'une descente aux enfers dans la fuite et l'exil sur près de 200 pages de planches graphiques très expressives.

Cette bande dessinée s'apparente à un documentaire éclairant sans concession le lecteur sur la situation politique de la Birmanie, sur les exactions de la junte militaire, présente depuis un demi siècle, et les conséquences dramatiques sur la population. Elle met aussi en lumière des incidences plus discrètes, comme l'esprit de résistance, l'exode des contestataires ou des civils opprimés, et la pernicieuse industrie des trafics de fugitifs dans les pays voisins.

J'ai aussi découvert un pays constitué de multiples ethnies, aux langues et cultures propres, au fonctionnement clanique, imprégné de croyances aux esprits de la jungle et des astres. Le régime de terreur et d'oppression a pris en otage un peuple très hétérogène, écueil complémentaire à toute possibilité de changement de régime, induisant une diaspora importante.

Un récit puissant, très marquant. En marge du témoignage passionnant, j'ai eu un peu de mal avec l'aspect graphique que je trouve trop "manga", accentuant lourdement les visages proches de la caricature. Le choix du trait est résolument violent, hyper réaliste.
Mais je tire mon chapeau à un travail en binôme réussi, un travail d'investigation en amont documenté de nombreux témoignages et complété par un carnet de voyage de photos.
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Je tiens à préciser que c'est la première fois que je poste une oeuvre comme celle-ci à la fois époustouflante et remarquable. Mon ambition cachée serait de faire découvrir celle-ci au plus grand nombre de lecteurs. Je suis assez déconcerté du quasi-anonymat qui règne autour de cette série. Elle ne mérite absolument pas d'être oubliée dans un coin car elle se présente d'une qualité indéniable. Il faut lui laisser une chance. C'est pour moi une belle révélation qui prend aux tripes. On ne sortira pas indemne d'une telle lecture.

Tout d'abord, une narration assez dynamique nous permet d'entrer directement dans l'histoire d'un petit garçon élevé par son grand-père dans un village reculé de Birmanie. le graphisme littéralement très expressif nous engloutit littéralement dans une atmosphère tropicale moite et inquiétante.

La Birmanie est un très beau pays de par ses paysages et de par la diversité de ses habitants en différentes ethnies. Cependant, ce pays n'a pas eu de chance car la dictature militaire se succède au pouvoir depuis 1962. de 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par une junte militaire, considérée comme une des pires dictatures de la planète. Cette oeuvre de près de 208 pages est une dénonciation des pratiques utilisées par les militaires pour asseoir leur pouvoir. On va avoir une terrible impression d'impuissance face à la fatalité du sort d'un peuple. Superbement déprimant !

On découvre ainsi que le travail forcé est une pratique courante qui va concerner des milliers de Birmans. La liberté de la presse n'existe pas. Les droits de l'homme sont bafoués. le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant. Les partis d'opposition sont interdits. La population est surveillée et tout opposant au Conseil d'état pour la restauration de la loi et de l'ordre (nom officiel et sans rire de la junte) est emprisonné à vie.

En 1990 suite à un fort mouvement contestataire de la population, ils organisent des élections libres, remportées à plus de 80 % par la Ligue nationale pour la Démocratie d' Aung San Suu Kyi, fille d'Aung San et accessoirement prix Nobel de la paix. Les élections sont annulées et Aung San Suu Kyi est assignée à résidence ; elle n'a été libérée que le 13 novembre 2010. Bizarrement, les auteurs ont choisi de ne pas trop en parler mais de se concentrer sur les habitants qui vivent un calvaire. J'ai apprécié ce choix loin de toute fainéantise intellectuelle.

Je ne pourrais pas dire cette fois-ci que j'ai passé un agréable moment de lecture. Les pires ignominies de ce régime seront montrées via le récit des habitants d'un paisible village d'une province assez lointaine de Rangoon. le récit ne sera pas drôle et il y aura des moments fort éprouvants. J'ai dû arrêter plusieurs fois ma lecture afin de reprendre mon souffle. Cela se présente certes comme un récit fictionnel mais à la fin de l'ouvrage, il y a des photographies commentées et l'on se rend compte que c'est bien le destin réel de certains protagonistes dont les noms ont été légèrement modifiés. Ainsi, on va voir qu'un petit garçon de 10 ans va mourir d'une balle dans les bras de sa mère et qu'on jettera son corps dans la nature tout en emmenant de force la mère au loin. Bref, des moments insupportables et qui témoignent que ce que se passe dans ce pays est intolérable. On ne peut pas être le chantre de valeurs universelles et ne rien faire…

Les mots du grand-père résonnent encore en moi: "La force qui sommeille en toi fera céder toutes les cages. Pense autrement. Pense l'impensable. Pense au souffle qui traverse les barreaux de ta cellule. Observe, imprègne-toi, pénètre l'esprit des hommes les plus vils. Trouve les failles. Creuse-les. Tous les empires s'écroulent un jour s'ils reposent sur des fondations rongées par la vermine. le soleil rebrillera sur la Birmanie et ce jour-là tu seras un homme libre". C'est plein d'espoir et on pense alors à Nelson Mandela et à son destin.

C'est une oeuvre extrême dans la violence et dans l'esthétisme qui s'en dégage. J'en suis ressorti totalement secoué. Peu de lecture ont provoqué chez moi ce genre de sentiment. La haine, la colère, la compassion, l'envie de croire à une cause juste… J'ai ressenti cette bande dessinée comme une tentative de réveil de nos consciences. Bref, une déferlante d'émotion qui m'a emporté avec force et conviction. Une oeuvre à découvrir absolument !
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C'est une BD qui reprend différents témoignages de birmans en exil. A travers le destin de Thamaza, Moonpi et Kim, trois amis d'un village Zomi (tribu du groupe ethnique Khyang, qu'on trouve à l'ouest de la Birmanie, à la frontière avec l'Inde et le Bangladesh), on découvre la dictature de la junte militaire en Birmanie, ainsi que le sort réservé aux réfugiés birmans dans les pays voisins (Thaïlande et Malaisie).
Ces destins sont glaçants de souffrance, de douleur et de résilience. La BD raconte le combat de ces hommes et de ces femmes pour la démocratie et la liberté, qui naît cependant au départ en réaction contre le comportement arbitraire, cruel et féroce des militaires envoyés dans les régions reculées (travail forcé, viol des femmes, massacre et tabassage…).
On découvre l'arbitraire de la dictature, les rafles des opposants politiques, les tortures et enfermements sans procès, puis la vie des réfugiés clandestins en Thaïlande et en Malaisie: esclavagisme, enfermement, sévices physiques, absence de protection… Les exilés se définissent comme “des générations sacrifiées” et se battent pour que les futures générations connaissent la liberté, la démocratie et ne soient pas prises en otage par leur propre gouvernement.
C'est un texte très fort, qui est devenue une BD puissante, à la fois servie et desservie par le dessin. En effet, le dessin est très expressif et confère beaucoup d'émotions et de puissance au texte. Cependant, il place au premier plan les émotions et fait passer parfois le message en second plan. Les couleurs sont très vives et manquent un peu de nuance. J'ai eu plus de mal avec le dessin des figures en lui-même que j'ai trouvé trop imprécises et floues. Malgré le dessin, que j'ai peu apprécié, je conseille fortement cette BD pour son message et son texte: donner une voix à ces hommes et ces femmes est pour moi nécessaire.
En conclusion, une BD très intéressante et un témoignage important. Il faut avoir le coeur bien accroché pour la lire.
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Une plongée dans l'horreur birmane.
La résistance des ethnies, les traditions, la solidarité face à la barbarie de la junte, des passeurs, et des milices anti-immigrés des pays voisins.
On s'extasie sur les tours gigantesques de Kuala Lumpur en oubliant le calvaire des travailleurs clandestins qui les élèvent.
Poignant. Douloureux. Un témoignage qui ouvre les yeux sur une horreur qu'on oublie trop facilement tant elle est loin de nous.
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C'est extrêmement violent mais comment raconter la vérité des Birmans autrement ?

Inspiré de faits réels on suit Thazama dans son exil forcé. La dictature Birmane de la fin du siècle dernier ne laisse aucune place aux idéalistes, à ceux qui rêvent d'équités et de paix. Ils sont pourchassés et reniés.
Pour survire ils doivent partir, passer les frontières mais la bas encore le malheur les poursuit, traités comme de la marchandise l'espoir d'avoir une vie normale, de connaître le bonheur et la paix s'amenuise de jour en jour.

Tout ça nous est compté sur de magnifique planche aux couleurs enivrantes et aux dialogue poétique.
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Une BD horrible, par bien des aspects. Et qui pourtant fait partie de ces lectures qui sont vraiment éclairantes sur ce qu'il se passe dans le monde. Ou sur ce que l'humain est capable de faire subir à d'autres êtres humains.

C'est le genre de BD qu'on ne lit qu'en étant prêt au contenu, et avec envie d'en savoir plus. Parce que c'est vraiment violent, dans tous les sens du terme. Violent graphiquement, violence physique et morale, violence envers une population donnée, mais violence de la surprise. Chaque planche semble contenir son lot d'horreur, et ce n'est pas qu'en prison que le pire arrive.

La BD est très bien fournie, niveau documentation, et permet de mieux comprendre ce qui s'est passé dans ce pays durant si longtemps. Une barbarie bien moderne mais qui fait froid dans le dos, car c'est ce que d'autres connaissent aujourd'hui dans d'autres parties du monde. Une piqûre de rappel qui fait mouche.

Le dessin est très réussi, avec une mise en couleur qui rehausse un trait pas forcément réaliste mais qui retranscrit toute l'horreur et la violence de chaque situation.
Encore une fois, je mets en garde : ne lisez que si vous savez à quoi vous attendre. Mais attention, c'est vraiment dur à lire, parce que c'est malheureusement réel. Et que ça fait peur de voir tant de cruauté et de haine.
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j'aime peu les couleur utilisée mais l'histoire est bien!
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