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Critique de hellrick


Ce recueil de nouvelles vient enrichir la fameuse « grande anthologie de la science-fiction » qui, mine de rien, a permis d'accéder à une foule de textes incontournables. Quatorze titres accompagnés d'une préface de Gérard Klein et d'un bien pratique dictionnaire des auteurs. Comme toujours, la sélection est forcément inégale mais la plupart des récits sont intéressants…sans les détailler tous, pointons en quelques-uns particulièrement réussis.
« Souvenirs garantis, prix raisonnable » de Philip K. Dick, un court texte mis en lumière par l'excellent film de Paul Vehroeven (« Total Recall ») dans lequel on retrouve certaines obsessions de Dick, notamment sa paranoïa non dénuée d'un humour grinçant (« à partir de maintenant tout ce que vous pensez pourra être utilisé contre vous »). Banal employé, Douglas Quail rêve de visiter Mars, ce que ses modestes revenus lui interdisent. Heureusement, le futur lui permet de réaliser ce désir en passant par une entreprise spécialisée dans l'implantation de faux souvenirs, Rekal. le patron, McClane, lui explique que Rekal peut lui offrir le souvenir de deux semaines de voyage assortis d'une poignée d'accessoires (photos, etc.) lui « prouvant » la réalité de son voyage sur la Planète Rouge. Bien sûr, Quail oubliera également avoir sollicité les services de Rekal. Mais, au cours du traitement, McClane découvre que Quail a réellement été sur Mars en tant qu'agent secret travaillant pour les mystérieux et tout puissant Interplan…
La suite de la nouvelle dévie du scénario retenu pour le film mais garde la même interrogation de base : Quail est-il un espion ou tout cela fait-il partie d'une implantation de souvenirs réalisés par Rekal ? Au final, Quail sauve le monde (la Terre dans la nouvelle, Mars dans « Total Recall »)…à moins qu'il ne s'agisse d'un fantasme infantile ? Un classique et une superbe réussite de Dick.
Citons aussi « Je vois un homme assis dans un fauteuil, et le fauteuil lui mord la jambe” d'Ellison et Schekley. Les deux trublions de la science-fiction s'associent pour ce texte déjanté dont la dernière ligne constitue une explication logique (hum !) de son titre farfelu. Après une Troisième Guerre Mondiale dévastatrice l'Humanité s'est réfugiée dans des villes souterraines mais, heureusement, la surpopulation a été vaincue grâce à un étrange plancton mutant, surnommé « La Vase », recueillie au fond des océans radioactifs et transformé en nourriture providentielle. Joe Paretti, le héros, reçoit une forte « indemnité de danger » pour le récolter mais, malheureusement, chope une maladie inconnue, dite « d'Ashton », aux symptômes incertains et variables. La situation échappe rapidement à son contrôle tandis que les objets inanimés prennent vie sur son passage. Paretti décide de passer ses derniers jours dans une sorte de paradis de la perversion, un Las Vegas démentiel dans lequel des attrapes-touristes injectent aux demandeurs toutes les aberrations sexuelles envisageables.
Toutes les nouvelles d'Harlan Ellison n'ont pas bien vieilli, certaines ayant manifestement été écrites dans le (seul ?) but de choquer le lecteur de science-fiction « de papy ». Outre son titre imparable, celle-ci, écrite en collaboration avec Sheckley, a étonnamment bien traversé les années. Datée de janvier 1968, elle synthétise les craintes de l'époque (guerre mondiale, surpopulation, pollution, mutations) et aussi les envolées libertaires sixties (usage des drogues généralisé, sexualité débridée,…) en un tout harmonieux, entre satire sociale et SF décalée. Superbe !
Dans les autres réussites citons le court roman (120 pages) « le façonneur » de Roger Zelazny et le plaisant « un affreux pressentiment » de Kuttner & Moore sur le thème classique du « je rêve que je suis éveillé ou je suis éveillé réellement ? ».
Les autres nouvelles, sans doute moins marquantes (c'est évidemment subjectif) n'en reste pas moins plaisante et cette anthologie mérite donc, comme toutes les autres de cette prestigieuse collection, la lecture.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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