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Citations sur Mery (30)

Pour la première fois, elle ressentit un chagrin nostalgique l’envahir, une oppression physique et mentale l’empêchait d’entrevoir l’avenir avec insouciance comme elle l’avait toujours fait jusque-là. La célébrité, l’argent, la beauté et le pouvoir s’évanouissaient tant le mal qui s’immisçait la plongeait vers les abysses d’un tourment profond. Ce sentiment inconnu la dévasta, l’impression que tout s’écroulait, que plus rien n’avait de sens, que son destin basculait. Impossible de se confier ou d’exprimer sa peine à un proche, ici, personne ne pourrait l’aider à terrasser son drame intérieur. Avait-elle le droit de laisser ce genre de pensées accaparer son esprit tandis que des innocents périssaient aux quatre coins de l’Europe ? La fatalité fit place à la résignation sans que l’abnégation la sauve d’une réalité insurmontable. Son monde s’effondrait, plus de motivation, plus de projets, le grand vide. Elle songea à retourner sur son île bretonne pour affronter l’histoire, se sentir vivante, utile aux côtés de ses compatriotes. Fuir ne servirait pas sa cause. Sa créativité et son énergie s’évaporeraient au profit d’une attente destructrice. Alors, pourquoi ne pas tenter de se battre, de lutter, d’y croire ? Ne fallait-il pas mieux mourir, la fierté chevillée au corps, plutôt que de que de vivre à regret en se fanant de l’intérieur?
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Cette artiste, sans descendance, franco-britannique, née en 1910 d’un père français et d’une mère anglaise, était nimbée de mystère. Les traits de son visage et son allure me fascinaient. Du bout des doigts, je touchai la toile avec délicatesse. Je sentis un frisson me parcourir comme si une forme de contact s’établissait entre nous, elle dans son cadre, élégante, encore jeune, et moi debout, dans le réel, à la contempler. Ce face-à-face dura un temps indéfini. Hypnotisée par son expression, je ne cessai de me poser mille questions à son sujet. Son emprise picturale agissait sur mon esprit sans que je puisse me défaire de son image. J’avais l’impression que ce tableau me parlait, qu’il me chuchotait à l’oreille un message dont je ne percevais pas encore la signification, mais qui m’obligeait à poursuivre mes recherches, à comprendre le destin hors-norme de cette femme. Son legs devait avoir un sens, j’étais au centre de l’énigme, missionnée par le spectre troublant qui rayonnait autour de cette toile. En ce lieu, dans le silence de ma réflexion, j’entrai en communion, comme désignée par la main de la défunte pour faire jaillir la lumière, le lien entre elle et moi. Une chose était sûre, cette maison me captivait, m’ôtait toute envie de m’en séparer. Sans que j’en connaisse la raison, une force intérieure m’empêchait d’agir à la hâte ou de subir une quelconque influence, une sensation que je n’avais jamais éprouvée, d’une telle puissance que mes préjugés s’effacèrent. Je scellai donc un pacte avec le portrait de Mery, je lui promis de veiller sur sa demeure et de ne pas céder aux sirènes de de l’argent, comme le suggérait Antoine.
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C’était très intéressant de décrypter la vie de cette femme, d’en explorer chaque parcelle, une dissection méticuleuse qui m’obligeait à prendre des notes pour synthétiser les phases importantes : ses relations, les moments charnières. Un cliché attira mon attention, je reconnus, la légende le confirma, le grand dramaturge Sacha Guitry. Mery était à son bras à l’occasion de l’avant-première parisienne du film « Le Trésor de Cantenac » sorti en 1950 au cinéma.
Après avoir lu tous les articles, consulté une dizaine d’albums, soit des centaines de photos en noir et blanc ou en couleurs, je m’étonnai de ne jamais l’apercevoir en compagnie d’un membre de sa famille, rien n’y faisait allusion, pas même un compagnon officiel. J’ignorais si elle avait été mariée, aucune piste à ce sujet, comme si sa vie intime n’avait pas été photographiée, ou du moins, elle n’en avait gardé aucune trace.
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« Je pars avant d’être archivée dans un album comme toutes celles qui m’ont précédée depuis 1932. Je ne finirai pas dans votre lit pour être consommée, puis jetée. Vous m’avez menti, encensée, manipulée, attirée en profitant de mon malheur afin de me séduire. Mon avenir se dessinera loin de vous tant la haine me pousse à ne jamais recroiser votre route. Ma dévotion presque fanatique s’est évaporée, je redeviendrai une femme normale, endurcie par l’expérience de la trahison. Je ne serai plus votre muse, achetez-en une autre ! Adieu, Madame. »
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Le sentiment de liberté qui l’avait envahie lui avait permis de dépasser sa pudeur virginale. Être nue au milieu d’un décor contribuait à l’acceptation de son corps. Cette délivrance rompait les entraves puritaines d’une éducation trop religieuse, couramment destructrice de l’âme originelle au profit de l’hypocrisie ordonnée par un clergé embourgeoisé.
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Elle a quitté le perron comme on quitte la scène, avant de jouer sa partition finale derrière le rideau, à l’abri des regards.
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Afin de me changer les idées, j’analysai les tableaux accrochés aux murs, des peintures incroyables représentant des femmes nues, toutes transfigurées par le talent de Mery. Ces modèles respiraient la beauté, la sensualité avec une forme d’érotisme suggéré, sans jamais apparaître dans des positions choquantes. La finesse des traits, les teintes laiteuses et le réalisme qui s’en dégageait me fascinaient. Toutes ces dames aux regards bleus véhiculaient un message de paix, une plénitude paradisiaque, une sorte d’allégorie.
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J’ai besoin de temps, de souffler, d’accepter que le moment soit venu de m’affranchir de ce poids qui me pèse. Mery m’a fait jouer un rôle auquel je ne tenais pas, mais je lui ai promis d’aller jusqu’au bout de ma mission… Je sais, tout cela doit vous sembler très mystérieux.
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La maison se ranime, une autre page s’écrit, la vie reprend ses droits. Les souvenirs sont tellement prégnants, ici. Je revois Mery à chaque endroit, à tous les âges.
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Jour après jour, je m’éloignais de mon univers, avec le souhait de me laisser guider sans résistance, d’expérimenter par procuration la trajectoire de ma bienfaitrice. Entre ces murs, je m’épanouissais au-delà de la raison, inconsciente de la finalité de l’exercice, si ce n’était de perdre ce que j’avais acquis auparavant. Comme elle, je n’avais pas d’enfant, pas de mari officiel, pas d’attaches, j’étais libre, encore indépendante, capable de choisir.
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