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Quand il y a une guerre, surtout aujourd'hui, que tout est diffusé à travers les médias, on pense rarement au quotidien des milliers de civils qui n'ont rien à faire avec les agissements de leur gouvernement en cause, mais qui finalement payent lourdement la facture, pendant et longtemps après.
Avec le deuxième livre de l'auteur irakien Sinan Antoon, on retourne à Bagdad, mais cette fois-ci dans une famille chrétienne de l'Eglise Chaldéenne*. Les événements du livre se passe sur une seule journée, avec deux visions différentes du monde. L'une, celle de Youssef, septuagénaire, qui vécut l'avant, pendant et l'après Saddam, et l'autre, celle de sa nièce Maha, née en plein embargo et petite fille durant le coup de grâce des Etats-Unis en 2003. Une voiture piégée ayant détruit leur maison, elle s'est réfugiée avec son mari chez Youssef. L'oncle et la nièce sont en désaccord sur leur avenir en Irak et le communautarisme qui empire. Qui a ou aura raison ?

Youssef vit enfermé dans son passé. Il a passé plus de la moitié de sa vie à l'Office national des dattes, gravissant les échelons jusqu'au poste de directeur général. Il vécut le temps où le communautarisme n'existait pratiquement pas en Irak, alors qu'aujourd'hui, règne dans le pays un fort climat de tension communautaire. "Il y a a toujours eu des sunnites et des chiites, des chrétiens et des musulmans. Et tout ça sans massacres ni exterminations, ni milices, ni voitures piégées !".....Ayant vécu ce passé, il est optimiste, alors que pour Maha, étudiante en médecine qui vit un tout autre quotidien, il n'y a plus aucun espoir, ("ces regards, ils ne viennent pas que des hommes, ils viennent aussi des femmes qui me voient et me perçoivent comme une prostituée dès l'instant que je ne porte pas le hijab".), sinon l'exil.....

À travers les photos de famille réparties sur les murs de la maison de Youssef, l'auteur nous raconte aussi l'histoire tragique d'une famille qui s'inscrit dans la grande Histoire multiculturelle et chaotique de l'Irak. Une famille exilée aux quatre coins du monde et une photo entre autres gardée dans une enveloppe, pas sortie depuis des années mais dont il garde des copies épinglées un peu partout sur les murs de son coeur et de son âme....
Un beau roman âpre sur la situation actuelle d'un pays dont on a tendance à oublier le sort tragique, et qu'on ne devrait pas. Un sort empiré grâce au coup de grâce des États Unis en 2003, "ce qui s'est passé après 2003 dépasse en férocité tout ce qui s'est passé avant". Un livre qui fait réfléchir sur l'apport réel des religions aux hommes, en bien ou en mal, que je recommande fort pour qui s'intéresse à cette partie du monde embrasée, ainsi que son premier livre, "Seul le grenadier ", qui n'a que deux critiques sur Babelio.


"Comment Dieu permet-Il tout ce mal, ou tout au moins ne punit-Il pas ceux qui le font, bien qu'Il soit omniprésent, non seulement dans les livres saints, les prières et les lieux de culte mais dans la nature et la beauté ? "


*On désigne aujourd'hui sous le nom de « Chaldéens » ou d'Assyro-Chaldéens, les assyriens membres de l'Église catholique chaldéenne, de rite et de langue liturgique syriaque oriental.
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Comment ne pas s'attacher à ce récit bouleversant , pétri d'émotions, grave et actuel , tissé de connaissances, de richesses culturelles accumulées, de souvenirs heureux de Youssef, ce vieil Irakien , de confession chrétienne, célibataire endurci, bourru, le regard triste, attaché à sa culture et à ses traditions qui vit enfermé dans son passé .....fixant les portraits souvenirs accrochés aux murs de la mémoire ...?" Le passé , c'est un peu mon jardin, que j'aime et soigne comme s'il était ma fìlle. Je m'y réfugie pour fuir le vacarme et la laideur du monde. Il est mon "paradis "en plein coeur de " l'enfer " , " ma religion autonome à moi "...
Il nous conte son histoire , son enfance, ses joies, son pére Gorgis, sa mére Naïma, ses frères et surtout sa grande soeur, Hinna qui l'a élevé.

Trés pieuse elle se destinait à devenir nonne.

Le destin en a décidé autrement ....
Youssef est profondément attaché à son mode de vie oriental , ses amitiés multiconfesssionnelles et refuse obstinément de quitter Bagdad. Il explore sa jeunesse oú est né son" amour du palmier".
Il rentre d'ailleurs à l'office national des dattes et y finira directeur général....
Aujourd'hui, les circonstances de la guerre l'obligent à héberger sa nièce, Maha, jeune étudiante en médecine.

Elle vient s'installer chez lui avec son mari.
Rêvant chaque jour de partir trés loin le plus rapidement possible , vivant un quotidien difficile, elle interpelle son oncle qui refuse de quitter sa ville .
" Tu vis dans le passé mon oncle, comment peux - tu avec tous ces meurtres, ces égorgements, ces expulsions, ces bombes?
L'auteur restitue avec force un moment extrêmement douloureux où l'Irak est en train de se vider de sa communauté chrétienne , soumise à la peur continuelle des attentats qui la vise.
Cet ouvrage fort bien écrit ----je ne connais pas l'auteur---- nous fait toucher du doigt avec âpreté , intelligence et profondeur la situation catastrophique de l'Irak que ---- peut- être---- l'on préfére oublier ...
Ce récit oppose deux générations d'irakiens, le passé heureux, sans haine, multiculturel , nostalgique d'une culture et d'une communauté chrétienne enracinée depuis deux millénaires de Youssef, menacé de disparaître et l'urgence, la violence de la situation depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 qui plonge dans l'horreur, la douleur et la violence , dressant les composantes confesssionnelles les unes contre les autres...

Un roman éclairé et tendu que chacun pourrait lire !

Roman traduit de l'arabe ( Irak ) par Philippe Vigreux aux éditions Actes-Sud.


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Sinan Antoon vit depuis plus de 25 ans en Amérique mais son coeur est resté fondamentalement attaché à son pays natal, l'Irak. Après Seul le grenadier, un nouveau roman de cet auteur (chronologiquement, son troisième), Ave Maria, est publié par Actes Sud. Deux personnages s'opposent et se complètent dans la Bagdad de 2010, théâtre de chaos, soumise à une violence confessionnelle qui n'a fait que s'amplifier depuis le début de l'occupation américaine. La jeune Maha et le vieux Youssef sont cousins et vivent dans l'appartement de ce dernier depuis peu. le second représente le passé irakien avec sa nostalgie chevillée au corps et un certain optimisme (naïveté) malgré le climat d'apocalypse ; la première, en revanche, peut-être considérée comme le symbole du présent et de l'avenir avec, hélas, peu d'illusions sur une amélioration prochaine de la situation et envisageant l'exil comme seule solution. de chacun d'eux, Sinan Antoon raconte l'histoire et les croyances avant dans les plonger dans l'enfer de l'attaque terroriste du 31 octobre 2010 à l'église Notre-Dame-de-la-Délivrance, perpétrée pendant la messe dominicale, qui fit une soixantaine de victimes. A travers ce récit, l'auteur montre les souffrances que vécurent les chrétiens d'Irak, de moins en moins nombreux désormais dans le pays. Mais à travers les lignes, il y a aussi la volonté de décrire l'Irak d'avant quand toutes les populations, quelles que soient leurs religions, vivaient en paix et en bonne intelligence. Plus court que Seul le grenadier, moins étoffé narrativement, Ave Maria confirme malgré tout l'excellence du style d'Antoon. Son quatrième roman, Fihris, a été publié en 2016 au Moyen-Orient. Il y a donc de fortes chances pour que nous puissions le découvrir en 2019 chez Actes Sud. Au passage, félicitations à cet éditeur qui publie régulièrement des auteurs libanais, syriens et irakiens, mais aussi saoudien, koweïtien ou yéménite.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Quand on fait référence à l'Irak, on a en tête des images de guerre sur fond de de renversement des régimes successifs et d'ingérence étrangère… bref, de violence. C'est aussi le berceau d'une civilisation millénaire et la rencontre de nombreuses communautés ethniques de confessions différentes. J'avais sans doute entendu parler de ces Chrétiens d'Orient et de leur persécution par Daesh mais, pour moi, il n'y rien de tel qu'un roman et ses personnages attachants pour me faire comprendre ce qu'a pu vivre la population civile et ainsi ancrer dans ma mémoire cette tragédie. Antoon signe un roman empreint de la nostalgie d'un Irak perdu symbolisé par le personnage de l'oncle Youssef et par le palmier source de vie qu'il cultive et vénère. Cette nostalgie cohabite cependant avec l'angoisse vécue par la génération montante personnifiée par sa nièce Maha qui, en dépit de ses études de médecine et de son mariage qui s'annonçait heureux, ne peut s'imaginer un avenir en Irak. À lire pour comprendre un peu de la complexité de ce pays meurtri.
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Difficile de parler de ce livre tant je suis ignorante de l'histoire de l'Irak. Pas facile de comprendre, la situation est compliquée (pour moi en tout cas) . Pourtant, une fois de plus, Sinan Antoon (Seul le grenadier) nous raconte le quotidien de ces habitants d'une telle façon que l'on ne peut pas rester insensible à ce qui se passe : des gens ordinaires, pris dans un conflit infernal, qui ne demandent qu'à vivre tout simplement. Des romans qui emmènent nos petits nombrils voir ailleurs, c'est bien.
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Je découvre ce livre et cet auteur grâce au Challenge Globe-Trotter. Je le recommande à tous ceux qui s'intéressent à l'Irak, et plus particulièrement à la place des chrétiens en Irak. Je lis dans ce livre exactement ce que mes amis irakiens chrétiens me décrivaient !

Le livre est bien écrit, bien construit. Un oncle âgé accueille un jeune couple qui désire quitter l'Irak et rejoindre la diaspora. La première partie nous raconte la vie de Youssef, l'oncle et à travers elle, l'histoire mouvementée de l'Irak des 60 dernières années. Tandis que la deuxième partie du livre, nous livre le témoignage de sa jeune nièce, depuis l'arrivée des Américains.

Qui des deux a raison ? l'oncle plus philosophe qui nie tout sectarisme passé et prône une attitude de patience ou Maha, la jeune femme qui essaie de le convaincre des violences systématiques faites aux chrétiens et qui désire fuir le pays ?

Malheureusement, la fin du livre, relatant l'attentat de 2010 dans la cathédrale de Bagdad, donnera raison aux peurs de la jeune femme.
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AVE MARIA de Sinan Antoon

L'intérêt de ce roman réside dans le fait que l'action se déroule en Irak et qu'il met en lumière les discriminations subies par les juifs mais aussi, et surtout, par les Chrétiens victimes d'attaques terroristes. L'histoire est statique. Ainsi, un homme d'un certain âge, Youssef, se remémore l'Irak d'avant et refuse de voir la réalité en face. Il ne se passe rien avant la toute fin.

L'émotion n'est pas au rendez-vous.
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Roman sur la communauté chrétienne d'Irak soumise à la peur permanente des attentats qui la vise, ce livre est aussi un regard acéré sur ce pays, son histoire, sa culture, mises à mal depuis les récentes guerres initiés par l'Amérique. Youssef, vieillard bourru mais attachant, incarne un passé heureux, multiculturel, riche et sans murs ni haine, menacé de disparaître par un obscurantisme croissant.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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