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Citations sur Le Corps de l'oeuvre (3)

Les cinq phases du travail créateur
Le travail de la création parcours cinq phases: éprouver un état de saisissement; prendre conscience d’un représentant psychique inconscient; l’ériger en code organisateur de l’oeuvre; choisir un matériau apte à doter ce corps d’un corps; composer l’oeuvre dans ses détails; la produire au dehors. Chacune comporte sa dynamique, son économie, sa résistance spécifique.
(...)
J’ai vérifié l’existence et la nature de ces cinq phases essentiellement chez des écrivains, parce que leur domaine m’est plus familier. Ce domaine va de penseurs qui, comme Freud, ont renouvelé un secteur des sciences humaines à des poètes et à des romanciers.
Mais j’ai quelque raison de croire que ce processus en cinq phases se retrouve, avec des aménagements qui restent à préciser en chaque domaine, dans les autres créations scientifiques et artistiques, ainsi que chez les fondateurs de religion, d’écoles philosophiques et ou des systèmes politiques.
Par ailleurs, je distingue cinq phases pour la clarté de l’exposé. La réalité peut être plus simple (une découverte, principalement scientifique, se limite aux trois premières phases fusionnées en un moment unique). ou plus complexe (il peut y avoir des retours à une phase antérieure et l’ensemble du processus a à être parcouru plusieurs fois par le créateur avant que son oeuvre ne soit achevée). L’importance relative de chaque phase par rapport aux autres varie selon les auteurs et les genres. Il n’en reste pas moins que, dans le cas général, le créateur passe par ces cinq phases et qu’il doit changer à chaque fois d’attitude, d’état psychique, d’économie de fonctionnement.
Une des difficultés de créer une oeuvre originale se mesure là: les hommes ordinaires, qui ne disposent pas de cet éventail de fonctionnement, ou qui n’ont pas su le trouver en eux, sont seulement capables d’une ou deux de ces phases; ils échouent à parcourir le cycle complet. Etre créateur, c’est être capable de changer plusieurs fois
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le moment négatif est un moment fort daans la conception de l'oeuvre. Ce que les créateurs appellent l'inspiration n'est pas une métaphore respiratoire aléatoire : l'inspiration (la métaphore proustienne du décollage désigne également la sustentation par l'air) est négation de la vie intra-utérine; c'est renouveler la naissance, sortir du ventre de la mère, quitter une existence souterraine ou sous-marine pour passer à une vie aérobie; relativement indépendante; c'est voler de ses propres ailes; c'est opérer une rupture avec la vie à ras de terre avec le milieu imposé, avec les habitudes de pensée et d'expression.
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Le saisissement (du futur créateur par une sensation-image-affect dont il fera le thème directeur de son oeuvre) est inséparable d'un dessaisissement (de soi-même, du contrôle habituel du Moi, des représentations établies de son être, des investissements dans des buts et dans des objets censés épuiser l'intensité pulsionnelle). Cette mise en question de l'unité de la personne, cette effraction de son enveloppe psychique, cette rupture dans son narcissisme sont éprouvantes, toujours dans un premier temps extrêmement angoissantes. En un second temps, qui peut ou non suivre immédiatement, la prise de conscience particulièrement vive d'un représentant psychique inconscient vient déclencher non seulement l'illusion élationnelle d'omnipotence , mais l'entreprisse de reconstituer, par le projet de composer l'oeuvre, une peau mi-matérielle mi-psychique venant réparer l'effraction. Les grands créateurs, comme les grands mystiques, ont multiplié les avertissement d'avoir à se méfier des pièges de l'exaltation euphorique (qu'une drogue peut aussi bien procurer) : si elle n'est pas encadrée par l'angoisse, elle risque de n'être qu'un accomplissement imaginaire des désirs narcissiques. Mis à part l'affect qui l'auréole, la représentation alors visée est creuse, ou banale (...) Si l'auteur, captivé par cette fascination vaine, en tire néanmoins une oeuvre, celle-ci s'avère sans intérêt, sans originalité; elle n'a de valeur qu'à ses propre yeux, comme un reflet, d'autant plus fascinant qu'il est vide, de son Soi grandiose.
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