Ce livre, c'est l'histoire d'un petit bonhomme qui s'appelle Georges. Il est en sixième, c'est le plus petit de la classe, il est myope et, pour ne rien arranger, c'est aussi le premier de cette même classe. Autant dire qu'il est plutôt isolé du groupe, solitaire, la tête dans les nuages. Mais surtout, Georges est très intelligent et comprend tout très vite, ce qui fait l'admiration de sa prof de français. Sa passion, le football, découvert avec son papy de Pornic. Son maître à penser n'est autre qu'
Arsène Wenger (l'entraîneur d'Arsenal ... je précise pour ceux qui vivent sur une autre planète). Là-dessus, l'histoire partait bien. On s'attache de suite à Georges, la façon dont son caractère est décrit et mis en lumière par l'auteur fait tout pour en tout cas. Ce que j'ai beaucoup aimé chez Georges, c'est sa façon de parler, de réfléchir, j'ai trouvé cela très bien rendu par l'auteur, c'est à la fois drôle, touchant et pétillant. J'ai apprécié le côté maladroit mais déterminé du petit garçon, il est plein de vie, dans ce qu'il dit, dans ce qu'il fait, surtout, il est loyal et attentionné. On ne sent pas une once de méchanceté en lui, il symbolise l'enfance, l'innocence, à l'état pur. Je l'ai trouvé très lisse en fait, un vrai contraste avec l'autre personnage phare du roman, plus meurtri, cassé. Une sorte de métaphore du jour et de la nuit se met en place avec eux, c'est mon sentiment. Georges, c'est le soleil après la pluie, la bonne humeur, le sourire, l'enthousiasme, il est le positif qui va renverser les murs entourant le négatif représenté par
Arsène, dont je vous parlerai un peu plus loin. le lecteur apprécie son courage, son côté chevalier en armure, ce petit est mignon comme tout, y a pas photo. On prend plaisir à le découvrir, même si tout n'est pas parfait ... il y a des moments où je me suis ennuyée à ses côtés, heureusement, ils étaient rares. C'est intéressant aussi de le voir évoluer en parallèle d'autres personnages, de le voir interagir avec eux, cela révèle une autre facette de lui que l'on a pas avec la narration à la première personne. Ses seuls amis sont Lita, la fille asthmatique de la concierge de son immeuble, fan inconditionnelle du Dr House et phobique des microbes, et Mr Ali, le libraire de la rue d'à côté qui n'hésite pas à envoyer bouler les clients qui ont de piètres goûts littéraires (que j'aimerais pouvoir en faire autant !). Entourage limité donc, mais foisonnant, qui apporte également beaucoup au texte : humour, tendresse, comique et surtout, profondeur. Peu de portraits sont réellement mis en avant ici mais ils le sont avec douceur et couleurs, j'ai bien aimé faire la connaissance de ces gens pour le moins ... excentriques, ils mettent beaucoup de vie dans le roman.
Et il est un personnage qui va bouleverser tout l'univers de Georges, juste en tombant d'un tabouret et lâchant un chapelet d'injures. Jamais le prénom de cette personne n'est donné au lecteur, elle devient
Arsène pour Georges, la Grande Gigue pour Mr Ali. Une jeune femme qui habite dans l'appartement face à celui de Georges. A peine l'a-t-il vu que c'est le coup de foudre et il fera tout pour l'approcher et surtout, pour lui rendre la vie plus belle. S'ensuit une rencontre hors du commun. Ce petit bout d'homme qui tente de rendre le sourire à une femme qui sombre dans les méandres les plus ténébreux de la vie, qui essaie, jour après jour, de se rapprocher d'elle, en écoutant les mêmes chansons qu'elle, en promenant son chien. C'est une sorte d'amitié embryonnaire qui se créée entre les deux personnages, à la fois tendre et très dure, elle balade le lecteur entre des états émotionnels forts et surprenants. Amour, haine, dépression, espoir, réconfort, c'est un tourbillon qui nous cueille au travers des mots d'un enfant qui comprend sans en avoir l'air la détresse de son amie.
Arsène est tout un symbole, elle est indépendante, rebelle, a un look à part et croque la vie à pleine dents, pourtant, tout n'est que façade, et c'est l'arrivée de Georges dans sa vie qui va la mettre face à ses propres démons. On entrevoit le soleil par éclaircies dans ce personnage pourtant ce sont ses ombres qui prennent le plus souvent le dessus. On pourrait penser qu'
Arsène est un personnage lunatique, passant de la gaieté à la déprime en moins d'une minute, et ça ne serait pas faux, mais elle est beaucoup plus complexe que cela. Au travers d'elle, Georges affronte beaucoup de situations auxquelles un enfant ne devraient pas être confronté et apprend beaucoup, sur lui-même et sur les autres.
Arsène lui permet de grandir, de s'ouvrir un peu aux autres aussi, mais c'est surtout lui qui lui apporte quelque chose, un abri dans la tempête. La relation
Arsène/Georges sous-tend tout le texte et c'est ce qui l'assombrit et l'embellit à la fois, c'est le coeur de l'histoire, ce qui nous amène à vouloir savoir comment elle va finir, comment ces deux personnages vont évoluer. J'ai trouvé intéressant ce noyau dur du récit, même si je n'ai pas été convaincue à 100 % ... Il m'a manqué un petit quelque chose pour vraiment être touchée par l'histoire, j'ai trouvé qu'on allait pas assez dans l'émotion, elle est esquissée, présente sous la surface, on l'affleure mais on ne la partage pas réellement, comme si, nous aussi, on suivait son cours derrière une paire de jumelles, en retrait ... dommage !
Ce roman a l'avantage (ou le désavantage ?) d'être écrit à plusieurs voix. En effet, on ne suit pas que Georges dans ce livre, le découpage des paragraphes nous amène à découvrir les pensées de Mr Ali, de Mr Guédon, son prof de sport et de Mme Cognet, sa prof de français puisqu'on passe de l'un à l'autre sans cesse tout au long du roman, l'histoire principale étant entrecoupée de tranches de la vie de ses autres personnages. le fait d'avoir différents points de vue permet de ne pas lasser le lecteur, maintenant, était-ce vraiment nécessaire ? Je ne sais pas, je ne pense pas en tout cas. Bien sûr, ça apporte un éclairage différent sur Georges mais je crois sincèrement que j'aurais pu faire sans. J'ai beaucoup aimé cela dit les échanges entre Mr Guédon et Georges concernant leur vision personnelle des cours de sport à l'école quand il s'agit de foot. Et je dois reconnaître que l'auteur a réussi à bien différencier leurs propres langages, de fait, on aurait pu les reconnaître facilement les uns des autres sans les en-têtes. Mais, l'utilité de ces voix multiples m'échappe encore ... j'ai du passer totalement à côté. En tout cas, le style général du roman est bon même s'il n'est pas fabuleux. Je m'attendais à un coup de coeur il faut dire, de fait, j'en suis loin. Malgré tout, ce roman est un joli conte pour les plus jeunes qui leur apprendra beaucoup sur la vie des adultes, sur les notions d'amitié et d'entraide notamment. On pénètre dans une sorte de cocon qui éclate dès les premières pages et c'est comme si un papillon sortait de sa chrysalide pour étendre ses ailes. J'ai aimé le côté symbolique du texte, la morale qui en découle, les personnages à la fois simples et farfelus, les thèmes abordés, pas toujours faciles mais nécessaires à évoquer, l'humour et la foi portés par ce texte. Je pense sincèrement que j'aurais pu succomber sans réserve au charme de ce roman dans d'autres circonstances sans doute. A l'heure actuelle, il m'a bien plu, certes, mais je ne crois pas en garder un souvenir impérissable. C'est une histoire tout en contrastes, en excès, qui vous permet le temps d'une lecture de voir le monde au travers des yeux d'un enfant pas vraiment comme les autres qui a beaucoup à vous apprendre, à vous, l'adulte. Parfois, espionner ses voisins à du bon ... En bref, ce que je retiendrai de ce roman, c'est sa tendresse, son côté éphémère, son originalité (que j'aurais voulu plus marquée) et surtout, ses références musicales (Rock'n'Roll !!!). J'ai passé un bon moment entre ces pages et je me dis que, parfois, l'enfance me semble bien loin ...
Lien :
http://coeurdelibraire.over-..