Sous prétexte de s’intéresser à son travail d’étudiante, Umberto venait se pencher sur son épaule, s’appuyait contre elle, essayait de frotter son bas-ventre contre n’importe quelle partie d’elle-même. Contre ses reins, son dos, son bras et elle avait l’impression que c’était un de ces chiens vicieux qui essayait de se masturber contre elle.
À chaque étape de son enquête elle se heurtait forcément à ce genre d’hommes, même parmi les intellectuels qui paraissaient les plus absorbés par leurs recherches. Tous ces hommes sentaient qu’elle avait besoin d’eux et essayaient de monnayer leur savoir pour obtenir d’elle une compensation sexuelle. Umberto était peut-être le plus visqueux mais les autres lui paraissaient encore plus hypocrites.
— Ce râle me déplaît… Ce n’est pas mon naturel… Il s’en rendra compte.
— Non, il est trop obsédé… Il suffira qu’il voie tes jambes ou devine tes seins sous la blouse blanche pour qu’il perde la tête. Il est toujours très inquiet pour sa virilité… Il n’a pas d’enfants, accuse sa femme mais dans le fond il pense qu’il est responsable de cette stérilité.
Les banques restent les banques et ont leurs secrets. Elles spéculent sur les monnaies et c’est tout à fait normal dans la mesure où elles fournissent à l’État des dollars et des marks à moindre prix, une fois leur commission prise. Nous ne pouvons quand même pas nous montrer trop pointilleux sinon elles arrêteraient de nous fournir des devises au meilleur prix.
On pourrait s’abriter dans l’église mais les gens ont peur de n’importe quel édifice désormais et ils préfèrent affronter le froid. Il faut avoir vécu une telle chose pour nous comprendre.
— N’est-ce pas un peu naïf de penser que nous autres, Américains, alimentons le fascisme et les autres, en face, les Russes, fourniraient les gauchistes… systématique, non ?
— Oui, mais non sans raison… Il y a des interférences… Ce que nous voulons savoir, nous autres, c’est comment le fric est acheminé, qui est lésé… Le contribuable américain très certainement. C’est bien joli de ne pas toucher aux superbénéfices des multinationales mais si elles investissent dans le pain de plastic et le P.M. pas d’accord, non ?
Avant de partir pour la zone du tremblement de terre il lui avait fallu ingurgiter un tas d’informations. D’abord sur la topographie des lieux, sur les différentes routes qu’elle pourrait emprunter pour atteindre son but, ce village de Dioni situé en plein dans les montagnes. On avait tellement insisté sur les difficultés du voyage qu’elle avait relégué dans un recoin sombre de sa mémoire les véritables raisons de sa mission.