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Là où réside l'hiver" est ma seconde lecture des Twinkle éditions, et une fois encore je salue le travail de publication nous offrant un objet-livre de toute beauté.
Ce roman à double voix nous fait suivre Jack Frost, personnification de l'hiver tirée des légendes anglo-saxonnes, et Edda, jeune femme hypersensible amoureuse des saisons. Alors que l'hiver s'efface de plus en plus au fil du réchauffement climatique, les Veilleurs de l'An n'ont pas d'autres choix que de devoir s'associer avec les humains, ces Éphémères ayant perdu de vue l'importance de l'équilibre saisonnier.
J'ai été agréablement surprise du message écologique de ce roman, que j'ai trouvé bien amené et original. Après une pandémie, un contexte économique où les ressources deviennent hors de prix car trop rares, et l'automne le plus chaud jamais vécu... le sous-ton du roman est malheureusement beaucoup trop d'actualité. Nous aurions énormément à apprendre de nos Veilleurs de l'An...
J'ai apprécié la poésie de la plume, ses descriptions de l'hiver, et du froid glacial. le personnage de Jack Frost était très intéressant, et m'a fait penser à l'adaptation du film d'animation "Les Cinq Légendes". le fonctionnement des saisons également m'a beaucoup plût : les personnifications de chaque mois de l'année sous forme d'animaux, le fait que les mois de transition entre les saisons (Avril et Septembre notamment dans l'histoire) soient les plus vulnérables face au réchauffement climatique etc... j'y ai vu de belles métaphores.
Si je devais trouver des défauts, je dirais que Edda, notre héroïne, ne m'a pas trop convaincu. J'ai aimé la valorisation de son hypersensibilité, j'ai trouvé cet aspect assez pertinent, mais finalement peu utilisé hormis sa perception de Jack Frost et des Veilleurs. A mes yeux, Edda fait peut-être justement "trop" héroïne : je ne lui ai pas trouvé de défauts, elle est "speciale" et "exceptionnelle" dès le départ, la plupart de ses dialogues ne m'ont pas paru vraisemblables (dans le sens ou, dans sa façon de parler, Edda a un discours davantage écrit que orale, je voyais mal quelqu'un prononcer de longs monologues sur la magie de l'hiver à voix haute comme elle le faisait.)... Et cela est d'autant plus contrasté que, face à Edda, nous avons sa belle-mère qui est elle-aussi peu nuancée. Elle est destructrice, folle et cruelle à outrance. Alors, certes, la fin du roman apporte une forme d'explication et nous restons dans une écriture reprenant certains éléments stylistiques du conte, ce qui explique une simplicité globale dans le traitement des protagonistes ; la qualité d'écriture m'a toutefois convaincu que ces éléments avaient un potentiel qui aurait pu être exacerbé.
Un roman que je ne peux que recommander pour la période hivernale, avec un message d'actualité qui est plus que nécessaire.