« Il faut se rendre à l'évidence que la fiction est composée de la même matière que nous. Qu'elle fait aussi partie de la réalité. Ses pouvoirs d'enchantement sont le prolongement de notre nature humaine. Il n'y a donc pas de littérature fantastique, ou il n'y a qu'elle. » (
Daniel Canty, 2018, cité dans Desmeules, 2018, 6 oct.)
À la lecture de ce récit d'
Isabelle Arsenault,
L'oiseau de Colette, nous avons effectivement le sentiment qu'imaginaire et réalité ne font qu'un. Un souvenir d'une histoire vécue. Un sentiment d'une histoire qui se vit. Un regard langoureux porté sur notre monde qui prend ainsi toute l'aisance de sa poésie. Ce récit nous ramène jusqu'aux pratiques médiévales de lectures présentées par Mark Cruse (2010), là où l'image jouait un rôle essentiel pour transmettre l'ambiance et le ressenti forts de la tradition orale. Il s'agit en effet d'un récit que l'on peut raconter en parlant ou encore lire sans savoir lire… Tous nos sens y sont interpellés : touché craquelé de la couverture, sons qui émergent derrières les clôtures, odeurs végétales, vision douce d'images pleines de nuances (avec peu de couleurs!) et goût d'aventure des enfants! Un récit d'ambiance où nous nous retrouvons plongés au coeur d'une douce ruelle montréalaise là où de petits univers précieux d'enfants se déploient (sentiment de cocons!). C'est d'ailleurs porté par le rêve de Colette (qui se veut bien réel!) qu'ils se rejoindront dans une mission commune. Valeurs d'entraide et de solidarité. Ce premier livre aussi écrit par l'illustratrice d'expérience, nous rejoint non pas par la trame narrative qui joue plutôt un second rôle, mais bien par l'impression générale qui en ressort et dans laquelle les illustrations sont au premier plan. Des illustrations, brossées de douceur par
Isabelle Arsenault, qui nous mènent dans une rêverie sertie de beauté toute simple. Ainsi vous aurez compris, qu'il s'agit d'une réalité rêvée, de poésie que sème en nous ce récit, que nous sommes amusés d'imaginer, car poème aura été dit, sentiments resteront tracés, de cette histoire qui n'est pas finie!
Références :
Cruse, M. (2010). Matter and meaning: The romance manuscript as sensory experience. The Senses & Society, 5(1), 45-56. doi : 10.2752/174589310X12549020528130
Desmeules, C. (2018, 6 oct.). «La Société des grands fonds»: mécanique des fluides. le Devoir - Lire. Repéré à https://www.ledevoir.com/lire/538394/la-societe-des-grands-fonds-mecanique-des-fluides