AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Messages revolutionnaires (5)

Je suis pour qu’on fasse sortir la magie occulte d’une terre sans ressemblance avec le monde égoïste qui s’obstine à marcher sur elle, et ne voit pas l’ombre qui tombe sur lui.
Commenter  J’apprécie          40
Chaque fois que la vie est touchée, elle réagit par le
rêve et par les larves. Cela veut dire que l'Inconscient général a été sondé
par quelque chose. Il donne ce qu'il conservait. Quand une femme a conçu, elle rêve sans savoir qu'elle a conçu. Quand un homme a été blessé ou qu'il
va être malade, ou qu'il entre en agonie, il rêve. A côté des rêves de l'homme, il y a des rêves de groupes et des rêves de pays. Je ne sais pas combien nous sommes de surréalistes à avoir senti que nous dégagions par nos rêves une sorte de blessure de groupe, une blessure de la vie.
A côté de l'obsession du rêve, en face de la haine de la réalité, le Surréalisme a eu une obsession de noblesse, une hantise de la pureté.
Le plus pur, le plus désespéré d'entre nous, disait-on communément de tel ou tel surréaliste. Car pour nous n'était vraiment pur que ce qui était désespéré. Qu'importe que ce feu pur se soit borné à brûler sur lui-même. Il a voulu sincèrement être pur. Et cette pureté il l'a cherchée sur tous les plans possibles amour, esprit, sexualité.
Commenter  J’apprécie          20
Le 10 décembre 1926 à 9 heures du soir, au café du « Prophète » à Paris, les surréalistes se réunissent en congrès.
Il s'agit de savoir ce que, en face de la révolution sociale qui gronde, le Surréalisme va faire de son propre mouvement. Pour moi, étant donné ce que nous savons du
communisme marxiste auquel il s'agissait de se rallier, la question ne pouvait même pas se poser. Est-ce qu'Artaud se fout de la révolution ? me fut-il demandé. Je me fous de la vôtre, pas de la mienne, répondis-je en quittant le Surréalisme, puisque le Surréalisme était lui aussi devenu un parti . Cette révolte pour la connaissance, que la révolution surréaliste voulait être, n'avait rien à voir avec une révolution qui prétend déjà connaître l'homme, et le fait prisonnier dans le cadre de ses plus grossières nécessités. Le point de vue du Surréalisme et celui du marxisme
étaient inconciliables. Et l'on ne tarda pas à s'en apercevoir quand quelques-uns des surréalistes notoires décidèrent de s'affilier au parti. C'est-à-dire à la succursale française de la Troisième Internationale de Moscou. Êtes-vous surréaliste ou marxiste? demanda-t-on à André Breton, et si vous êtes marxiste qu'avez-vous
besoin d'être surréaliste? Il s'agissait en somme pour le Surréalisme de
descendre jusqu'au marxisme, mais il aurait fait beau voir le marxisme chercher à s'élever jusqu'au Surréalisme. En 1926, l'antagonisme ne pouvait pas se résoudre
car l'Histoire n'avait pas marché. Aujourd'hui, je pense que l'Histoire a marché et qu'il y a un fait nouveau en France. Ce fait est l'apparition d'une idée historique dans la conscience de la jeunesse, et cette idée que je veux développer je l'appelle la réconciliation de la Culture et du Destin. Dans la conscience désespérée de la jeunesse une nouvelle idée de la culture est née. Et cette culture qui veut connaître
l'homme se fait une haute idée de l'homme. Elle n'accepte pas qu'on sépare la vie de l'homme de celle des événements. Elle veut qu'on entre dans la sensibilité intérieure de l'Homme qui joue, aussi, avec les Événements. La jeunesse nouvelle est anti-capitaliste-bourgeoise et, comme Karl Marx lui-même, elle a senti le déséquilibre des temps où monte la personnalité monstrueuse des Pères basée sur la terre et sur
l'argent. Quand on accuse Marx de vouloir supprimer a famille « La famille, mais vous l'avez détruite, répond-il, vos antiques vertus où sont-elles? Hors de toute vertu, je ne vois plus que de la matière, et moi, Marx, j'organise la matière, je l'organise techniquement et coercitivement.» On peut dire que des antiques valeurs de l'Homme Marx organise ce que la Bourgeoisie a laissé.
Commenter  J’apprécie          20
Avant d'être l'exaltation d'une réalité supérieure le Surréalisme était une critique des faits, et du mouvement de la raison dans les faits. Entre le réel et moi, il y a moi, et ma déformation personnelle des fantômes de la réalité.
Et la jeunesse dans son moi actuel considère que
Marx est parti d'un fait, mais qu'il est demeuré dans ce fait sans sortir dans la Nature. Il a tiré en somme une métaphysique d'un fait, mais il ne s'est pas élevé jusqu'à une métaphysique de la Nature, et la jeunesse veut d'abord s'élever jusqu'à la nature avant de se laisser accabler par la partie économique des faits. Mais si cette jeunesse est pour qu'on organise la
matière, elle est pour qu'on organise en même temps l'esprit.
L'organisation matérialiste de Lénine, elle la considère comme une organisation transitoire et punitive, et elle pense que cette organisation matérialiste et punitive, Lénine, en Russie, l'applique avec une juste cruauté. Mais esprit matière, matière esprit, elle affirme l'interdépendance de ces deux aspects de son être. Car elle mange en même temps qu'elle sent et
elle pense en même temps qu'elle mange. Elle accuse l'Europe moderne d'avoir inventé un antagonisme qui n'existe pas dans les faits. Et si elle condamne Marx c'est comme Européen, et parce que cette jeunesse
aime l'Homme, mais l'Homme entier, pour la sauver de l'Homme. Dans sa nouvelle idée de la culture il y a une idée contre le progrès. La science moderne nous apprend qu'il n'y a jamais eu de matière, et elle en revient après quatre cents ans à la vieille idée alchimique des trois
principes, le soufre, le mercure et le sel, qu'elle appelle l'énergie, le mouvement, la masse. On peut certes dire qu'il n'était pas besoin de parler de progrès. Et tout cela manifeste une idée supérieure de la culture, mais pour que cette culture soit bien des idées doivent être brisées, des idées qui sont des idoles, et si nous sommes décidés à briser d'antiques idoles, ce
n'est pas pour en faire naître de nouvelles sous nos pieds. Cette jeunesse ne veut plus être dupe et, quand on dit que les temps ont changé et qu'aujourd'hui un intellectuel, un poète ne peuvent plus ignorer leur
temps, elle rétorque qu'il y a erreur sur les intellectuels et sur le temps.
Elle ne sépare pas les intellectuels du temps, et les intellectuels ne se séparent pas de leur temps et, tout comme leur temps, ils pensent que l'esprit n'est pas une chose vide et que l'art ne vaut que par sa nécessité..
Mais pour eux cette idée d'une action nécessaire ne veut pas dire prostitution de l'action. Il y a une manière d'entrer dans le temps, sans se
vendre aux puissances du temps, sans prostituer ses forces d'action aux mots d'ordre de propagande « guerre à la guerre, front commun, front unitaire, front unique, guerre au fascisme, front anti-impérialiste, contre le fascisme et la guerre, lutte des classes, classe pour classe, classe contre classe, etc., etc.» Il y a des idoles d'abêtissement qui servent au jargon de propagande. La propagande est la prostitution de l'action, et, pour moi et pour la jeunesse, les intellectuels qui font de la littérature de propagande
sont des cadavres perdus pour la force de leur propre action.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai participé au mouvement surréaliste de 1924 à 1926, et je l'ai accompagné dans sa violence.
J'en parlerai avec l'esprit que j'avais à cette époque et je vais essayer pour vous de ressusciter cet esprit qui voulait être blasphématoire et sacrilège et qui y est parvenu quelquefois.
Mais dites-vous que cet esprit est passé; il appartient à 1926, et si vous réagissez ne réagissez qu'en 1926.
Le Surréalisme est né d'un désespoir et d'un dégoût et il est né sur les bancs de l'école.
Beaucoup plus qu'un mouvement littéraire, il a été
une révolte morale, le cri organique de l'homme, les ruades de l'être en nous contre toute coercition.
Et d'abord la coercition du Père.
Le mouvement surréaliste tout entier a été une
profonde, une intérieure insurrection contre toutes les
formes du Père, contre la prépondérance envahissante
du Père dans les mœurs et dans les idées.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (63) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    851 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}