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Citations sur Chemins de promesses (5)

bourbier, vase, fange, marais...elle avait appris et retenu tous les termes qui traduisaient sa détestation viscérale pour la boue du pays….Elle ne supportait pas de s'enliser dans la glaise des dessertes, criblée de trous creusés
par les sabots des troupeaux et remplis d'eau croupie à laquelle se mêlait la bouse ou le crottin. L'argile mouillée emprisonnait les pieds nus,, retenait le sabot, souillait de ses éclaboussures le bas du cotillon...On s'en arrachait dans un horrible bruit de succion. La gadoue personnifiait aux yeux de Jeanne l'avenir que lui réservait son hameau des Goelles, une œuvre du diable, pensait la petite fille créée pour enchainer les malheureux qui y vivaient.
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Le jour du Sacre. Notre Dame avait été métamorphosée en une sorte de théâtre au décor pompeux, alourdi de tapisseries, draperies, bannières frappées aux armoiries impériales.Les rambardes recouvertes de tentures rouges ornées de broderies d'or, comme à l'opéra.
Dans l'attente de la cérémonie, la cathédrale, déjà comble, bourdonnait comme une ruche. Pas moins de quinze mille invités se pressaient dans les tribunes.
Il était neuf heures, quand Jeanne et ses compagnes s'installèrent . Les morceaux de musique en alternance avec les chœurs se succédèrent. Le froid se faisait de plus en plus insupportable.
Enfin vers quinze heures trente, la musique s'étant tue, on put voir un personnage en bleu, le chapeau emplumé de blanc, tenant un bâton insigne de sa fonction de chef des hérauts d'armes, s'avancer vers le milieu de la nef, à la vue du plus grand nombre. Il proclama d'une voix forte :
Le très glorieux et très auguste Empereur Napoléon, Empereur des Français, est couronné et intronisé. Vive l'Empereur!
L'acoustique de la cathédrale porta l'annonce jusqu'au fond des tribunes.
Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice!
Il sembla à Jeanne que c'était le monument lui-même qui acclamait l'Empereur des Français.
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L'aube hivernale pointait et les blessés arrivaient encore sans discontinuer à l'ambulance, établie dans un hangar ouvert à tous les vents. Paul avait obtenu l'autorisation de Dominique-Jean Larrey, le chirurgien en chef de la Garde impériale, de se mettre au service de ses chirurgiens-majors.
Il avait pansé, cautérisé, épongé du sang, donné à boire, réconforté. Toute la nuit, les chirurgiens avaient scié les membres de pauvres diables maintenus par de solides gaillards sur des tables récupérées dans les fermes des environs.
Beaucoup d'amputations auraient pu être évitées, mais les chirurgiens étaient formels, ce geste était la seule solution dont ils disposaient pour éviter la gangrène et donc la mort.
Les chirurgiens l'exécutaient d'une main sûre, en quelques minutes, la rapidité permettant d'atténuer, dans la mesure du possible, les souffrances des malheureux patients.
Le choc restait si effroyable que beaucoup mouraient sous la scie de menuisier qui sectionnait l'os. Les plus chanceux s'évanouissaient, échappant ainsi à une douleur insupportable.
Les blessés, les opérés, les amputés s'entassaient sur la paille souillée de vomi et d'excréments, de sang coagulé. Des cadavres gisaient sur les paillasses à côté des opérés encore vivants.Près d'eux un amoncellement de membres coupés, sanguinolents.
On n'entendait que hurlements de douleur, gémissements, râles d'agonie mêlés aux beuglements des chirurgiens exténués, qui, scie en main, houspillaient leurs assistants.
L'enfer existe, se révoltait Paul. Un lendemain de bataille nous en préfigure l'image.
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Austerlitz, 2 décembre 1805.
Il était 5 heures du soir.
Interdit de présence sur la scène de l'action en tant que non-combattant, Paul avait observé depuis une éminence les mouvements des troupes.Dès les dernières notes du clairon annonçant la fin des combats, le lieutenant e Saint Truge avait soustrait trois aides aux ordres de déferrages des chevaux morts. Paul avait décidé de participer aux secours des victimes, bien que cette tâche n'entrât pas dans ses attributions. Sous la petite pluie froide, collante, qui avait succédé au soleil glorieux du matin, lui et ses aides arpentaient ce qui avait été le champ de bataille.
Ils louvoyaient entre les canons abandonnés, les boulets épars, les foyers rougeoyants qui vomissaient une fumée âcre, les carcasses de chevaux qui agonisaient, auxquelles personne ne pouvait offrit le coup de grâce, les balles étant bien trop précieuses pour être gaspillées. Ils contournées les cadavres, amis et ennemis mêlés abandonnés là à leur triste sort. Une odeur effroyable régnait, cendre, suie, poudre, mais plus encore celle, immonde, des entrailles s'échappant de ventres ouverts.
Au soir de cette triomphante victoire, Paul de Saint-Truge, prit conscience, que l'homme dont il avait jadis préservé la vie, servait une sorte de religion dont le dieu sanglant portait le nom de Gloire.
Après la tempête guerrière, Austerlitz n'était plus que scènes d'apocalypse.
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Jeanne, n'est-ce pas ? Je suis la baronne de Vaudey.Nous vous attendions avec impatience, venez vite, Sa Majesté a hâte de vous connaître.
Une belle dame en robe vaporeuse couleur tilleul se détacha d'un groupe en pleine conversation devant la cheminée et approcha d'elle en souriant : Jeanne! Comme je suis heureuse que vous ayez accepté de venir!
-Sa Majesté l'Impératrice! souffla Madame de Vaudey à l'oreille de Jeanne.
Elle n'osait pas regarder Joséphine et restait la tête baissée vers ses gros godillots de soldat, posés sur le parquet raffiné.
Mademoiselle Jeanne est gênée à cause de sa tenue...murmura la dame du palais à l'adresse de Joséphine.
Oh non ! il ne faut pas ,Mademoiselle de Vaudey, s'il vous plait, accompagnez Jeanne auprès de Mademoiselle Rible, elle lui trouvera une tenue pour dîner.
Une heure plus tard, une ravissante jeune fille, bien coiffée, boucles arrangées à la Titus, propre et parfumée, faisait son entrée. Tous les yeux se focalisèrent sur Jeanne.
Tous contemplaient, médusés, la transformation de la jeune fille.
Mais que vous êtes jolie ! s'exclama l'Impératrice.
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