Juste avant la nuit

C’est impossible, la vie ne peut pas changer si radicalement en un seul instant. Je récapitule le peu de chose dont j’arrive à me souvenir. Pour le reste, je me creuse la cervelle et j’espère de toute mon âme que je n’ai rien à me reprocher, que je n’aurais rien pu faire pour éviter cela.

Comme une bouche béante d’où ne sort aucun cri, le gouffre obscur s’entrouvre à nouveau, me happe, m’oppresse, m’étouffe. Je sombre.

Tu étais unique entre toutes et, dès l’instant où je t’ai tenue dans mes bras pour la première fois, j’ai compris qu’il n’y avait guère de mots pour exprimer le lien qui nous unissait et nous unirait à jamais. Les autres disaient que je te gâtais trop, que je te faisais trop de petits cadeaux ‒ que j’aurais mieux fait de garder mon argent pour moi ‒ mais ils ne comprenaient pas que tout ce que je voulais, c’était te rendre heureuse, te protéger.

Tu étais parfaite, pure de corps et d’esprit. De toi émanait une lumière pareille à celle du soleil. Tu donnais un sens à toute chose. Depuis que tu l’habitais, mon univers était devenu plus vivable.

Toute personne qui ne prend pas au sérieux la vérité dans les petites choses ne peut pas être digne de confiance pour les grandes choses.
ALBERT EINSTEIN

Elle voudrait que tout s’éclaire. Une image s’impose, celle de James rentrant à la maison l’autre nuit et découvrant Emily penchée sur le corps ensanglantée de Jess. Elle hurlait comme une folle, exigeait que Jess lui dise ce qui s’était passé. La police était déjà en route ; elle l’avait appelée tout de suite après avoir constaté la disparition de Daisy – ç’avait été son premier réflexe.

Vous seriez étonnée de savoir ce dont les gens normaux sont capables.

Il y a des jours où elle se dit qu’elle est peut-être morte et que le lieu qu’elle prend pour sa maison n’est autre que l’enfer.