Ils verront que je ne suis pas de celles qu’on achète ! Moi ? Epouser cet ancêtre ? Jamais ! Même si on doit m’accuser d’ingratitude, même si mes parents, en France, doivent supporter le poids du ressentiment de la reine. C’est bon pour elle de s’être vendue pour une couronne ! Maintenant, elle voudrait que je me sacrifie à son prétendu patriotisme. Mais c’est son ambition dévorante, son désir forcené d’assurer le triomphe de sa politique qui sont plutôt en cause ! Je me refuse à être leur victime. Plutôt rentrer en France !
Il faut aider votre reine. Croyez-moi, une couronne n’est pas toujours aisée à porter, surtout quand elle est élective, ce qui encourage bien de viles ambitions, et que, par surcroît, c’est celle d’un Etat particulièrement vulnérable — république6 constituée de provinces presque autonomes, s’étendant de la Baltique à la mer Noire, de Dantzig à Odessa. Combien d’ennemis sont rassemblés autour de nous, guettant nos défaillances !
Certes, on ne pouvait dire qu’il fût beau. Bien qu’il ne fût encore qu’adolescent, il avait déjà une carrure d’homme et son apparence souffrait de ce manque d’harmonie. Les jeunes traits basanés étaient épais, encore durcis par une moustache naissante, le nez en bec d’aigle, trop fort, mais les yeux resplendissaient d’intelligence. Toute la physionomie reflétait une extraordinaire énergie voilée de mélancolie.
Malgré la délicatesse du menton, la finesse du petit nez droit et l’espièglerie des lèvres très rouges, arquées à l’extrême sur des dents régulières et serrées, l’expression de la physionomie était à la fois passionnée et têtue, combative et tendre, sensible et mordante. Un charme irrésistible en tempérait la remarquable énergie.
Oui, le prince vous demande en mariage. Il est amoureux de vous comme un chat. Vous serez la première dame de Pologne, la plus riche, la plus considérée après moi-même et, de plus, vous aurez un mari qui vous adorera. Que pouvez-vous désirer de plus ?