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Critique de fbalestas


Ils sont trois. Une fratrie de trois : Diego, l'aîné, dit le Spanish, Archibaldo, son frère, dit Archi et la belle Adriana, leur soeur à tous deux, la trapéziste.

D'un côté, il y a Diego et Archi qui planquent dans une hacienda à Aubervilliers – un refuge, une planque pour les deux braqueurs que personne ne pourra arrêter.
Pourtant, quand le braquage du buraliste tourne au carnage – le complice de Diego assassine l'homme d'un coup de batte de base-ball – tous les flics sont sur les dents et la traque est lancée.

De l'autre côté, il y a toutes les polices de la région parisienne, et des flics, il y en a dans Angle mort : la Brigade criminelle, d'abord, avec à sa tête le commandant Jo Desprez. Un peu âgé mais très expérimenté. Mais aussi le deuxième District de police judiciaire, avec son chef de la section criminelle, le commandant Michel Duchesne, ami de Desprez. Et puis encore le fameux GRB, le Groupe de répression du banditisme. La Brigade fluviale ne sera pas en reste.
La BRI aussi, ou Brigade de recherche et d'intervention. Et la B.A.C enfin. Il faudra bien aussi le concours du Commissariat d'Aubervilliers, et son fameux commissaire Manu Barthez pour filer la bande des braqueurs.

Ecrit sous forme de feuilleton haletant, Angle mort est une succession de courtes scènes, du 21 Juin 2011 sur la commune d'Aubervilliers jusqu'au 14 Juillet sur le même lieu, au final éblouissant. Entre temps, on aura voyagé sous les ponts de Paris avec la brigade fluviale, on aura compris qu'il peut y avoir concurrence entre les différentes brigades – mais solidarité aussi parfois – et on aura découvert le monde des braqueurs vu de l'intérieur. Des carrières rapides et trompeuses, dont l'issue est souvent tragique. On meurt plutôt jeune quand on est un bandit.

Pourtant la figure féminine d'Adriana va nous sauver de toute cette noirceur. Fascinée par le vide, elle rêve d'escalader la Tour Eiffel à l'image d'Alain Robert qu'elle admire. Dans le cirque Diana Moreno où elle a son numéro à Aubervilliers, elle chavire le coeur de son grand frère Diego.

Mais où est donc passé Archi, le frère qui suit Diego comme son ombre ?

« Les armes, c'est comme les femmes, on les aime quand on les touche » dit Ingrid Astier dès la première phrase. Véritable descente dans les bas-fonds de la banlieue parisienne, et plongée au coeur du Quai des Orfèvres, ce récit captivant mêle les destins des flics et des voyous –la frontière entre les deux étant parfois seulement une question de convention. Avec un langage tout à fait adapté : l'auteure utilise tous les codes de « ceux qui montent au braquo », mais sans jamais tomber dans la vulgarité.

« Les armes ne sont pas autre chose que l'essence des combattants mêmes » dit Guy Debord en exergue du livre, dans La société du spectacle. Nul doute que Ingrid Astier s'en est inspiré pour mener cette tragédie des temps modernes jusqu'à son terme, ne nous laissant reprendre notre souffle qu'après cette course passionnante – le roman noir d'un écrivain dont on attend la suite avec impatience.


Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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