- La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime. On laisse derrière soi une traînée de douleurs, chuchote-t-il.
Je ferme les yeux en inhalant son odeur alors que ses mots me reviennent. «Est ce que tu veux être vivant avec moi ?» Je voudrais l’être tout court, mais avec lui, ce serait utopique et impossible.
"Toutes les fois qu'un homme meurt, c'est un monde qui disparaît, le monde qu'il portait dans sa tête."
Arthur Schopenhauer
Suis- je à ce point perturbé pour craquer pour un homme qui incarne le mystère comme si le mot avait été créé pour le définir ?
Les opposés s’attirent, mais les âmes perdues aussi.
Parce que la douleur est plus vive que le plaisir. Si on souffre, c’est qu’on respire. Si on respire, c’est qu’on vit. Et il sait. Il m’a vu.
Derrière ce masque froid et cette apparence se cache un être aux nombreuses souffrances. Personne ne peut réellement comprendre ce qu'il se passe en lui ni ce qu'il doit affronter en quittant cette maison. Certains fantômes ne se voient pas, Docteur Byrne, pourtant, ils sont bien présents et se présentent sous différentes formes.
Sa voix est redevenue sérieuse et distante. Je me surprends à éprouver une sorte de regret. Son timbre déformé par le désir résonnait comme une douce mélodie.
C’est ce qui m’a plu chez lui inconsciemment la première fois que nous nous sommes rencontrés. Son arrogance et sa nonchalance qui soufflent le chaud et le froid. Cet homme aux multiples facettes hante l’esprit de ceux qui croisent sa route. Aujourd’hui encore, il demeure une énigme aussi fascinante que frustrante.
— En quelque sorte et je suis curieux d’avoir une réponse.
— Je peux te poser une question ? répond-il à la place.
— Non, je ne me suis jamais envoyé en l’air sur la banquette arrière d’un SUV et je ne compte pas le faire ce soir.
Baron ne relève pas et je suis persuadé qu’il voit où je veux en venir.
— Appelle-moi quand tu auras terminé de les lire.
Il reste appuyé contre le bureau en m’observant avec regret, mais il ne cherche pas à me retenir quand je récupère mon sac, ainsi que mon manteau. Je sens son regard sur moi lorsque je quitte la pièce, le souffle court. Mon cœur bat fort dans ma poitrine et malgré la fraîcheur de ce mois de décembre, en franchissant la porte du manoir, la chaleur irradiante ne s’estompe pas. Mon corps et mon cerveau ont encore en mémoire l’odeur et la sensation des mains de Baron.
Je ferme les yeux en jurant. Blair avait raison, je vais probablement y laisser ma peau si je ne trouve pas un moyen de dompter l’attirance qui me pousse vers le compte.
Voilà ce qu’on risque à jouer avec le feu, on finit par se brûler.