Entrer dans une nouvelle équipe, c’est comme chercher sa place au sein d’une famille. Il faut savoir composer avec tous les membres sans toutefois s’oublier soi-même.
Je n’ai jamais eu de mal à faire ça, que ce soit dans ma propre famille ou dans une équipe. Je suis quelqu’un de sociable et tant qu’on ne vient pas m’emmerder, il n’y a pas de soucis. Mais malheureusement, dans chaque équipe comme dans chaque famille, il y a cette personne, celle qui est obligée de se montrer, d’attirer l’attention sur elle et le plus souvent justement en foutant la merde.
Un coup d’œil à ma nouvelle équipe et je sais déjà qui est cette personne : Shaun.
Je n’aime pas le regard qu’il a sur moi alors que le coach fait les présentations, il a peur pour sa pseudo-gloire. Mon père m’a toujours appris à me méfier des gens qui ont peur. La peur peut être un bon stimulant : il n’y a de vrai courage que lorsqu’on est terrifié par la chose qu’on affronte. Mais lui, je doute qu’il soit courageux, il serait plutôt du genre à faire ses coups par-derrière. Je détourne le regard du petit con qui va me servir de coéquipier et me concentre sur le reste de l’équipe.
Même si on avance tous les deux. Même si on fait des efforts pour intégrer l’autre à son monde. Même si je sais que pour lui c’est un pas énorme de m’avoir présenté à sa sœur, il reste ce mur au bout de la route, infranchissable parce qu’aucun de nous ne remettra son statut d’hétéro en cause tant qu’on joue.
Mais après ? Après rien ne m’arrêtera, mais Wade, j’en doute. Il restera la barrière familiale. Celle qu’il évite et dont il ne me parle pas. Je ne serai pas patient, il le sait, tout ou rien et lorsque ce moment arrivera, je ne serai pas l’objet de sa honte qu’il cache, je ne le supporterai pas.
C'est ma faute si j'en suis là, en partie du moins, il n'est pas tout blanc, mais si nous nous comparons, je suis le roi des cons, et lui un simple idiot.
J’essaie de lutter contre cet attachement en me sermonnant qu’il ne faut pas aller trop loin, mais c’est inutile, c’est déjà trop tard. Wade compte trop et ce n’est pas pour rien qu’il est là. Alors il me reste quoi, comme solution ?
Espérer qu’il change, qu’il avoue son homosexualité ? Encore une fois le Moyen-Orient a plus de chance que moi. Wade est déterminé à rester bien au fond de son placard et rien ni personne ne l’en fera sortir tant qu’il n’en aura pas décidé autrement.
-Wade?
- Hum?
Je suis complétement sous le charme de ses doigts, un missile pourrait entre dans l'appart', je ne bougerais pas.
- Tu l'as déjà fait sans rien?
Putain!
J'ouvre les yeux, et me fige. Mon sexe se durcit instantanément en pensant à ce qu'il est en train de me dire. Je vois très bien où il veut en venir, et bon sang, ça m'excite comme pas possible!
- Wade...
- Nikki...
Sans réfléchir, je me jette contre lui, ma bouche s'écrase sur la sienne, je goûte enfin à ses lèvres qui me rendaient fou. Elles sont douces et fermes. Elles sont comme lui, grandioses. Je m'attends à ce qu'il me repousse, mais il ne réagit pas. Les premières fractions de seconde, il est surpris et ne me rend même pas mon baiser, l'instant d'après, tout bascule.
Détends-toi Jones, je ne dirai rien à personne. Ta vie privée ne me regarde pas, mais si cette vie vient interférer pendant un match, là, ça me regarde.