La naïveté, c'est considérer le monde comme cela nous arrange. L'optimisme, c'est le voir tel qu'il est, mais aller de l'avant. Donc mon conseil, si jamais tu acceptes le conseil d'un ancien commissaire des Forces Spéciales, renégat et malfrat, c'est de te méfier de ta naïveté, mais de ne jamais perdre ton optimisme.
- Je te préviens, lança Claude. Si tu t'avises de mourir quand je ne suis pas là, je te tue.
Malga retu était une politicienne et comme toute politicienne, elle s'inquiétait de sa réputation et jamais pour les bonnes raisons.
- Je suis trop optimiste, dit Adila. C'est mon principal défaut.
Versilov la regarda un instant.
- En quoi est-ce qu'être optimiste est un défaut ?
- Je ne vois jamais le mal, balbutiant Adila. Je pense toujours qu'on peut s'en sortir !
-Encore une fois, dit Versilov, impassible, en quoi c'est un défaut ? Sans ton optimisme, tu penses que vous auriez pu arriver jusque-là ? Il ne faut simplement pas confondre optimisme et naïveté. Tu penses que parce que je vous aide, je suis forcément quelqu'un de bien. Sandra a fait la même erreur, à mon égard.
- Optimisme, naïveté, c'est pareil non ?
- Cela n'a rien à voir. La naïveté, c'est considérer le monde tel qu'il nous arrange. L'optimisme, c'est le voir tel qu'il est, mais aller de l'avant. Donc mon conseil, si jamais tu acceptes le conseil d'un ancien commissaire des Forces Spéciales, renégat et malfrat, c'est de te méfier de ta naïveté, mais de ne jamais perdre ton optimisme.
Adila [...], malgré les critiques qu'elle se faisait continuellement, sentit soudain un poids d'enlever de sa poitrine. Il avait toujours été là, elle ne s'en rendait simplement pas compte. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait, enfin, en accord avec elle-même.
- Oui.
- Je préfère.
- J'ai pourtant répondu la même chose tout à l'heure...
- Cette fois, tu as hésité avant de me répondre.
- J'ai une dernière question, madame Saana. Vous affirmez ne jamais recourir à la violence. C'est très louable mais... certains... peuvent considérer ce genre d'attitude comme lâche.
- La véritable lâcheté, monsieur Conin, c'est de ne pas penser au bien commun.
Depuis cet entretien, il végétait sur des petits articles sans intérêt. Il aurait même pu les laisser rédiger par un programme d'intelligence artificielle mais il se sentait un contrat moral avec ses lecteurs, ceux qui prenaient encore la peine de lire des textes qui ne s'adaptaient pas à leurs émotions, qui ne proposaient pas une traduction en images pour digérer plus correctement les informations.
Parfois, les principes étaient installés pour de mauvaises raisons, servaient de mauvaises personnes, mais aucun système n'était parfait. Malgré la situation, malgré tout, il fallait des règles. (p.362)
Il n'avait plus Interfeel depuis déjà deux mois, et il savait que les émotions étaient dangereuses. S'attacher, c'était souffrir.
Cette prise de conscience de son corps de son corps, chaque matin, quand il venait dans cette pièce, le perturbait. Il vivait dans un monde rempli d'hologrammes, où les gens partageaient des choses aussi immatérielles que les émotions, et il n'avait presque jamais pleinement conscience de son propre corps.