Concevoir les éléments d'une architecture , d'un repas , d'un vêtement, en fonction d'un lieu ,d'une situation, d'une saison donnés,afin qu'ils s'y intègrent sans heurt. Privilégier la fusion entre les éléments ,non leur séparation.
Au Japon on a tendance à privilégier la cohésion et à éviter les conflits pour préserver la paix de la communauté, plutôt que se considérer comme des individus pensant différemment les uns des autres et pouvant exprimer clairement leur avis, quitte à trouver des compromis en cas de désaccord. Le précepte "l'harmonie doit être respectée et toutes les discordes évitées" est connu comme le fondement même du sens des valeurs japonaises. On considère l'esprit d'entente comme la vertu suprême, tandis que le comportement égoïste est méprisé. Cela rend la vie en société agréable, c'est un fait. Mais les Japonais ont, comme tout le monde, des personnalités différentes, et il y a forcément des frictions. Si on veut les éviter à tout prix, oppression et exclusion deviennent nécessaires.
"Au Japon, la préservation de la cohésion sociale prime sur la liberté de penser de l'individu"
[à propos des métis, demi-Japonais]
Tous affirment pourtant avoir subi des brimades à l'école à cause de leur "différence", dans une société normative où, dit le proverbe, "le pieu qui dépasse de la clôture appelle le marteau". L'exclusion est l'envers du décor d'une société qui se veut homogène.
En vertu de ces principes, vous verrez rarement des Japonais demander leur chemin à des inconnus dans la rue. Ils préfèrent s'adresser au koban, petits postes de police qui jalonnes la ville et en garantissent la sécurité. C'est ainsi que la société fonctionne ici: à la fois collectivement et à l'abri chacun dans sa bulle.
"Il n'y a jamais eu autant de jeunes romancières qu'aujourd'hui au Japon, m'a-t-elle dit un jour. C'est un juste retour des choses. Les deux œuvres à l'origine de la littérature japonaise, le Dit du Genji et Notes de chevet ont été écrits par des femmes, mais leur véritable nom ne nous est pas parvenu: à l'époque, seuls les hommes avaient un nom officiel, et elles ne sont désignées que par leur rang de cour."
La recherche de l’harmonie en toutes choses : ne serait-ce pas au fond la clé de l’âme japonaise ?
Intégrer des influences étrangères sans pour autant renoncer à sa « japonité » propre a toujours été une caractéristique du pays du Soleil Levant.
Triste destin, similaire à celui des Indiens d’Amérique, que celui des Aïnou : le souvenir de leur présence dans le Hokkaido, les îles Kouriles et Sakhaline ne demeure plus que sous forme de quelques noms de lieux hérités de leur langue.
Actuellement, les relations sino-japonaises sont traitées dans les médias comme si les deux pays étaient des ennemis héréditaires en conflit permanent, alors qu’en réalité ce n’est pas le cas. Cette réécriture de ‘histoire est très inquiétante.
(Pierre-François Souyri)