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3,7

sur 262 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un pavé réussi, une brique constellée d'éclats de pépites.

Un récit à plusieurs voix, d'abord celle de la vieille dame, Iris Chase, qui raconte avec humour les difficultés de son présent, mais qui revient aussi sur son histoire et celle de sa famille, les anecdotes et les drames qui ont rempli son existence, de la mort de sa mère au piège du mariage arrangé, en passant l'amour et la maternité. Elle décrit les singularités de sa jeune soeur qui prend tout au pied de la lettre, ce qui donne de moments savoureux, par exemple lorsqu'on lui recommande « Réfléchissez-y à deux fois », Laura rétorque : « Pourquoi juste deux fois ? »

À travers la vie de cette femme, c'est l'histoire du vingtième siècle qu'on découvre : la naissance de l'industrie dans une petite ville ontarienne, les horreurs de Première Guerre mondiale telle que vécue par le père d'Iris, puis la crise économique avec le refus de licencier ceux qu'il considère comme ses hommes et la faillite qui s'ensuit, l'association avec un gendre providentiel, la dure répression des « Rouges », la Seconde Guerre qui enrichit les industries et finalement les changements de l'après-guerre et de la fin du siècle.

D'un tout autre ton, des chapitres prennent la voix de sa soeur Laura, par le biais d'un texte qu'elle aurait écrit avant son suicide à vingt-cinq ans. Dans son roman « Le tueur aveugle », elle raconte ses amours, mais aussi des histoires fantastiques de civilisations extra-terrestres où de jeunes enfants tissent inlassablement des tapis jusqu'à en devenir aveugles.

Pour compléter l'étonnante diversité de ce roman, des événements sont présentés sous la forme d'articles de journaux qui auraient pu paraître à l'époque.

Une belle écriture, un roman très riche dans un contexte historique canadien.
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La première chose à dire sur le Tueur aveugle, c'est qu'un lecteur intéressé ne devrait pas se laisser impressionner, ou décourager, par son volume.
Après tout, je viens de le refermer en regrettant de l'avoir déjà fini!

Plusieurs histoires s'emmêlent jusqu'à révéler n'en former qu'une : Iris Chase, devenue très âgée, nous raconte sa vie, depuis son grand-père et l'usine de boutons qu'il fonda, jusqu'à la chute de sa famille, son mariage de raison destiné à sauver sa famille, et qui ne sauvera rien, deux guerres mondiales vues du Canada, mais aussi toutes ces époques disparues qu'elle a traversées au fil de sa longue vie et qui se sont enfuies pour de bon. A travers ses mots, on découvre peu à peu sa cadette, Laura, morte depuis des années et restée dans les mémoires comme l'auteur du Tueur aveugle. le Tueur aveugle, justement, c'est cette histoire qu'un amant raconte à sa maitresse, morceau par morceau, à chaque fois qu'ils arrivent à voler un moment à leurs différences sociales, l'histoire d'une planète lointaine, d'un peuple cruel aux étranges traditions et d'un jeune assassin aveugle qui donne finalement son nom à toute l'oeuvre.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur, j'aurai donc bien du mal à le comparer au reste de ses écrits, en bien ou en moins bien, mais je peux avouer en tout cas avoir été complètement conquise. J'aime l'écriture, le rythme, les personnages aussi: Richard et sa soeur sont un peu monoblocs, mais les autres sont tellement merveilleusement humains, plein de beauté et de vraisemblance, jusque dans leurs failles, le tout forme finalement une sorte d'histoire à tiroirs, même si j'avoue que j'avais deviné un ou deux secrets en cours de route, qu'on dévore avec passion et qu'on referme avec la certitude qu'on n'oubliera pas ce livre de sitôt.
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C'est une tresse en osier, un ouvrage en rotin écrit par Margaret Atwood.
Au début, les bases de l'histoire paraissent éparses et décousues.
Puis l'intrigue se resserre, les fils commencent à se croiser, on croit comprendre le travail du montage.
Les branches s'entrecroisent, il parait impossible que ce qu'on avait cru deviner s'emboîte, et c'est alors que l'autrice fait oeuvre de sons savoir-faire pour rendre cohérent, évident, limpide et fascinant le fondement du suspense.

MArgaret StriAtwood.

Le récit des femmes-pêches est merveilleux.
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Un vrai coup de coeur.

Si j'avais apprécié Alias Grace du même auteur (Captive en français? ), j'ai tout simplement adoré The blind assassin.

On retrouve la plume de l'auteur, tour à tour légère et profonde, avec des pointes d'un humour parfois noir mais toujours savoureux, et avec ses analogies et expressions qui frappent l'imagination.

On retrouve aussi une intrigue superbement ficelée, pleine d'ombre et de lumière et d'humanité.

Car les personnages de cette histoire, comme le pouvait celui de Grace Marks, nous fascinent et nous troublent, en particulier celui de Laura qui demeure insaisissable du début à la fin.

L'histoire dialogue avec L Histoire, cette vieille femme exaltée et menteuse pour nous offrir un mystère que seule la fin nous permet de résoudre, du moins en partie.

Les petits articles de presse qui saupoudrent le récit comme des parenthèses nous permette aussi de se dégagé quelques instants de l'angoisse de nos héros et d'avoir un aperçu sur la société qui continue de vivre, indifférente au drame qui se noue.

bref une vraie pépite que je recommande vivement.
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Trois histoires s'imbriquent dans ce long et beau roman.
Iris Chase, une vieille dame qui a traversé la majeure partie du vingtième siècle, raconte l'histoire de sa famille et surtout les souvenirs de sa jeunesse, à l'époque où sa petite-sœur Laura était encore en vie. Car Laura s'est suicidée il y a bien longtemps, laissant derrière elle un roman posthume, devenu culte.
Le roman de Laura Chase, que l'on découvre extrait par extrait, évoque les rencontres clandestines de deux amants, de milieux différents, dans une situation impossible. Lui vivote en écrivant de la science-fiction, et invente pour la séduire une histoire qu'elle suit avidement : celle du tueur aveugle.
Ce récit de fantasy/SF décrit un peuple aujourd'hui disparu, à la civilisation très avancée, aux mœurs cruelles et fascinantes. Cette histoire est aussi passionnante que le reste, même si les deux premières se répondent bien plus intimement.

C'est un roman fort, charnu, émouvant, écrit d'une belle plume, aux personnages attachants, notamment cette vieille dame à la santé déclinante qui raconte ses promenades et s'agace d'être traitée comme une impotente. Les époques que l'on traverse avec la famille Chase sont dépeintes de manière vivante et nostalgique. Au fil des pages, le besoin de raccrocher le second récit au premier et d'avoir le fin mot de l'histoire se fait de plus en plus urgent, si bien que je n'ai pas été capable de lâcher le livre pour le dernier tiers, que je me suis avalé en une journée.
Si je ne devais mentionner qu'un regret, ce serai celui-ci : il y a deux personnages antipathiques dans ce roman, et ce sont les seuls qui ne soient pas écrits avec finesse, d'où un résultat manichéen en désaccord avec le reste.
À ce détail près, ce livre, bien différent de ce que j'avais l'habitude de lire, aura été un bon gros coup de cœur.
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Superbe
A mettre dans les chefs d oeuvre de la littérature mondiale.
(le terme Chef d 'oeuvre n'étant ici pas galvaudé comme parfois (souvent) )
La littérature ce n'est finalement pas compliqué : une histoire, des personnages, un Ecrivain et son Style... Style, et des lecteurs emportés, conquis, enthousiasmés, émus.......
Un livre noir et lumineux
merci Margaret Atwood pour ce sublime temps de lecture
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Une vieille dame revient sur le drame de sa vie, lorsque sa soeur s'est jetée d'un pont en automobile, quelques jours après la fin de la Seconde guerre mondiale. Lui laissant pour tout testament un roman. Un roman où un couple illégitime imagine un sombre récit de science-fiction.

Dès la mort de leur mère, Iris et Laura entretiennent une relation fusionnelle. L'aînée acceptant la responsabilité de gérer la personnalité fragile de la benjamine. Leur père est un patron paternaliste d'une usine de boutons qui ne survivra pas à la Grande dépression et la Seconde guerre mondiale. Pour sauver ce qui peut l'être, Iris accepte un mariage arrangé avec un homme qu'elle n'aime pas, lui-même industriel. Laura ne l'accepte pas et se brise en mille morceaux.

Lâcheté d'Iris qui refuse de voir sa soeur se détruire ? Aveuglement ? Jalousie de Laura ? En tout cas, tous les éléments sont là pour amener au drame que l'on connait.

Si le début du roman peut paraître nébuleux, avec notamment des articles de presse et surtout des extraits du roman de Laura, le tueur aveugle (avec notamment la planète Sakiel-Nom, des Snilfards et des enfants tueurs aveugles !), Margaret Atwood apporte peu à peu les pièces du puzzle, permettant au lecteur de reconstituer le déclin d'une famille, ses secrets, ses drames, mais aussi le contexte d'une époque, la crise d'avant-guerre, l'hypocrisie d'une société corsetée, la corruption par l'argent. Et même si le suspense est rapidement éventé, on a plaisir à tourner les pages et accompagner les personnages de ce drame. Tout cela raconté par une vieille dame de caractère (ou indigne, au choix), caustique (pauvre Myra qui s'occupe si bien d'elle !), à tel point qu'on ne la quitte qu'avec regret.
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Vous connaissez les gâteaux que les anglo saxons appellent "layer cake" : un coeur fondant avec plusieurs couches aux parfums différents tous plus bons les uns que les autres .
Ce livre est construit de la même façon , et je me suis régalée !
Au coeur du livre un conte fantastique ,puis une histoire d'amour , englobée d'une histoire familiale pleines de secrets le tout dans la grande Histoire du vingtième siècle .
Le suspense est maîtrisé à la perfection , la condition des femmes est également le thème principal de ce roman sur fond de vengeance .
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Margaret Atwood est une merveilleuse conteuse qui mène son lecteur où elle l'entend. Et quel bonheur d'être mené où où Margaret Atwood le souhaite...
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Je l'ai lu lors de sa sortie en poche et il me reste aujourd'hui un souvenir lointain aussi puissant que ces rêves évanouis qui, le jour venu, ne cessent de vous hanter tout au long de la vie.
Ne vous laissez pas impressionner pas la taille de ce romain mais plutôt par l'univers qu'il déploie dans une quête qui ne mène qu'aux destins de nos vies.
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