Qui n'a jamais jugé une femme pour un choix de carrière, pour son rôle au sein du foyer, ou même pour sa tenue- jugée "trop" ou "pas assez" pour telle ou telle occasion- quand, au fond, ça ne change absolument rien à nos vies. C'est la misogynie intériorisée qui parle plutôt que la sororité.
Le mythe selon lequel les femmes inventeraient les accusations de viol - alors que dans les faits, les fausses accusations ne représentent que 3 à 5% des plaintes effectivement déposées (sachant que 88% des victimes ne portent pas plainte). Ce mythe est très utile, notamment pour les hommes de pouvoir, qui l'emploient souvent en invoquant leur fortune comme étant le motif de l'accusation. Résultat, aujourd'hui, quand on entend des accusations de viol envers des personnes célèbres, le premier réflexe des gens est de douter de la victime.
C'est parce que la revendication que je porte, celle du droit à la liberté, est beaucoup plus subtile que celle du droit à l'égalité. Ce n'est pas aussi flagrant que de revendiquer le droit de vote, le droit à disposer d'un compte en banque ou le droit à l'avortement, qui ont été les plus grands combats féministes du xxe siècle. Mais les inégalités qui persistent sont à mes yeux, encore plus dangereuses, car elles sont invisibles. Elles ont été normalisées.
Ce sont des inégalités que nous sommes souvent nous-mêmes, femmes, les principales à perpétuer, et dont nous ne percevons pas le problème. Nous les percevons plus comme des choix personnels- se maquiller, suivre un régime, s'habiller d'une certaine manière- que comme des obéissances à des injonctions que la société fait peser sur nous. Or, vous pouvez en effet choisir que vos comportements se conforment aux injonctions de la société, si vous le souhaitez. Mon unique objectif est que vous fassiez ce choix en l'ayant remis en question, et que vous le fassiez parce que vous l'avez décidé- et pas parce qu'on vous l'a imposé.
Nier le poids que pèsent encore aujourd'hui des siècles et des siècles d'oppression sexiste, c'est au mieux naïf, au pire hypocrite.
Ce serait comme déclarer que "le racisme n'existe plus", parce que les personnes racisées ont obtenu - en théorie- l'égalité des droits après des siècles d'oppression.
(Manuel de réponses aux remarques sexistes)
"Ah non, moi je ne suis pas féministe, ce sont des extrémistes "
(...)
Réponse :
"Tu souhaites que les femmes soient payées autant que les hommes ?
- Bah oui.
-Tu souhaites que les femmes puissent avoir les mêmes opportunités que les hommes, et ne pas être discriminées juste parce qu'elles sont nées femmes ou s'identifient comme telles ?
- Oui !
- Tu souhaites que les femmes arrêtent de mourir sous les coups de leur mari ?
- Oui, évidemment.
- Alors, tu es féministe."
J'en ai fini de juger les choix que font les femmes avec leur corps. Elles dérangent peut-être aujourd'hui, mais l'Histoire a montré que toutes les femmes qui ont d'abord été jugées ont par la suite permis aux femmes de s'émanciper. Les rebelles, les indomptables, les indépendantes, sont les courtisanes de demain. Alors non seulement je ne vais pas les juger, mais désormais je vais même les soutenir. Pour qu'elles obtiennent des droits et les exploitent. Pour qu'elles puissent réellement être, elles aussi, libres et égales en droits.
Liberté, égalité, sororité.
On va attendre de nous que l'on se maquille, sinon on sera jugée "négligées" ; mais pas trop, sinon on sera traitées de "pots de peinture".
On ne doit pas pas trop manger, pour correspondre au standard de la minceur ; mais quand même assez pour ne pas être traitées de "squelettiques".
On doit s'habiller de manière féminine, mais pas trop, sinon on ne sera pas prises au sérieux.
Les critiques qui nous sont adressées en disent plus long sur la personne qui les émet que sur nous. Chaque personne qui émet une critique parle avec son vécu, son histoire, ses croyances, qui n’ont bien souvent rien à voir avec nous