Depuis plus de trente ans Vincent se rend une fois
par semaine au musée du Louvre, toujours en nocturne pour éviter la foule, le mercredi ou le vendredi.
Sous la Pyramide, une chorale d’hommes vêtus de
costumes écrus hésitant entre la soutane et le pyjama
chantent quelque chose qui doit être médiéval, mais
dont l’acoustique du lieu ne permet pas de saisir
le détail
Quelques jours plus tard, il commence à avoir des vertiges. Il croit être devenu fou parce que lui reviennent brusquement à la conscience des bribes d’existences multiples, surgies d’autres espaces et d’autres temps.
Et maintenant Vincent se prénomme Actéon. C’est l’été. Il y a bien longtemps qu’il convoite ce dix-cors. Deux jours plus tôt, Actéon s’est approché, face au vent, du hallier où l’animal a pris l’habitude de s’abriter. Il est venu juste avant l’aube, pour être sûr de son absence, après s’être enduit de crottes de renard et de sanglier. Il a lentement contourné la reposée afin de repérer l’emplacement des refuites.