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Critique de Chantalame


Encore un écrit sur Camus, direz-vous… Stop, je vous arrête, car Camus, L'espoir du monde n'a pas son pareil, ce livre est magistral et vous surprendra par son originalité. Audacieux, culotté, certains le penseront peut-être ou refuseront même d'accréditer ce dit. Ils se trompent gravement. Certes, il est ambitieux et osé d'entrer dans la peau et la pensée de Camus, de lui redonner vie vingt ans après sa mort et le faire parler à la première personne, mais Mona Azzam peut se le permettre car elle connaît Camus presque mieux que lui-même et est habitée par ses mots depuis sa tendre enfance. Plus que de l'audace, c'est une idée géniale et lumineuse, suscitée peut-être par le rêve de René Char ”Dans mon rêve, Albert n'était pas mort, il était en prison. Nous le savions tous. Il s'en évaderait sûrement, mais une action avait-elle été envisagée pour le tirer de son cachot ?”
Ainsi la plume de Mona Azzam va libérer un Camus plus vrai que nature, un Albert Camus qui se réveille d'un coma, dans un hôpital de Moscou, vingt ans après son accident. Sa plume va le rendre plus vivant que jamais pendant cinq années et quelques trois cents pages de récit. Véritable prouesse de l'écriture et des mots qui nous font retrouver et entendre Camus.

Avec Louis Guilloux puis René Char, ses amis, nous le suivons de Saint Brieuc à l'Isle-sur-la-Sorgue, passant par Paris, Lourmarin et même la Charente, jusqu'à Alger, Oran et Tipasa, ”dernier point de chute” où ” la boucle sera bouclée”. Nous pérégrinons avec Camus vivant mais condamné à l'anonymat et à la solitude. Seuls les mots et l'écriture l'en libèrent et nous écoutons son récit et ses réflexions au fil des jours et des événements, lisons même ses articles où il réagit à l'actualité sous le pseudo d'Alexandre, prénom qui n'est pas sans évoquer celui de résistant de René Char. Nous nous penchons avec émotion sur les lettres qu'il écrit à Maria et qu'il n'enverra pas. Lui parviendront-elles malgré tout un jour ?

Vraiment quelle imagination et quelle justesse dans ce roman ! Quel labeur sûrement pour y parvenir ! La réussite est totale tant sur le fond que sur la forme. Félicitations à Mona Azzam, merci à sa plume camusienne pour cette résurrection salutaire qui permet de ré-entendre la voix de Camus tout au long du récit. Cette ”voix de l'humain et de la paix”, dont il faut nous imprégner pour, à notre tour, lui donner vie chaque fois que des événements surgissent et interpellent. Elle est un cri, une révolte contre l'injustice, un regard d'amour. Elle est un art de vivre. ”Vivre, ce n'est pas se résigner”, tel fut le combat d'Albert Camus jusqu'à cet ultime écrit L'espoir du monde. Tel est également celui de Mona Azzam. ”Il existe encore un espoir. Aussi longtemps qu'il y aura des hommes épris de liberté”.

Camus, L'espoir du monde ravira et intéressera tous ceux qui aiment la Littérature, mais aussi L Histoire contemporaine et la Politique, la fiction bien sûr et par-dessus tout, ceux qui aiment Camus, et convaincra sans doute ses détracteurs. Il est aussi un ouvrage de référence à mettre dans les mains de ceux qui ne connaissent pas Camus, il leur fera aimer et leur donnera envie de se plonger dans son oeuvre à commencer par Noces.
Pour finir, c'est un roman qui fera date, dont on va beaucoup parler et que des lauriers viendront sûrement couronner.
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