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Critique de Frederic524


Après le phénomène SF qu'a constitué « Shangri-La », sélection officielle du FIBD d'Angoulême 2017, c'est peu dire que l'on attendait le nouveau projet de Mathieu Bablet avec impatience ! Lauréat du prix BD France Inter/Fnac, le jeune prodige de la SF a une nouvelle fois réussi son pari avec un roman graphique « Carbone & Silicium » d'une ambition et d'une grâce folle. En près de 300 pages il redessine et repousse les frontières de la SF avec une oeuvre post apocalyptique et philosophique convoquant aussi bien Asimov et ses lois sur la Robotique, que Blade Runner de Philip K Dick, entre autres sources d'inspirations. Car de l'inspiration Mathieu Bablet n'en manque pas tant cette BD est traversée par le souffle de l'histoire, celle de notre futur, de notre avenir à l'heure où le réchauffement climatique, l'épuisement des ressources de la planète, l'apocalypse nucléaire, les pandémies et la surpopulation menacent de toutes parts. C'est à une odyssée robotique à laquelle nous assistons. Carbone et Silicium sont deux entités, deux IA fabriqués dans la Silicon Valley en 2046. Ils seront les témoins de tous les déchirements de l'humanité, de toutes les compromissions, de toutes les lâchetés de notre espèce. Deux IA dont on promettaient une espérance de vie de quinze ans afin de pouvoir vendre plus de robots, toujours plus et les renouveler sans cesse, sans fin. Oui mais voilà, lors d'un voyage d'essai en Inde, Silicium, qui a le corps d'un Robot homme, s'échappe et s'en va découvrir le monde, son obsession. Carbone, dans son corps de Robot femme, n'aura qu'une idée en tête le retrouver et vivre à ses côtés. On suit les évolutions de l'intelligence artificielle à l'heure des réseaux sociaux, des téraoctets de données échangées en quelques secondes. On contemple l'abîme dans lequel l'homme s'effondre. Ses braises et ce feu ardent de la guerre et des révoltes d'abord entre hommes puis entre robots et hommes ne sont qu'une étape dans la perception visionnaire de Mathieu Bablet. Ce monde qu'il bâtit sous nos yeux est aussi effrayant que fascinant et les planches des illustrations sont absolument sublimes. On a le vertige, surtout dans le dénouement de ce roman graphique puissamment évocateur. A lire aussi, la magnifique postface d'Alain Damasio (La Horde du Contrevent) qui offre des clés aux lecteurs pour analyser ce roman graphique dantesque. On est ébloui, tout simplement par cette immersion dans les scénarios possibles du futur de l'homme et du robot. Les hommes sont de plus en plus connectés, se perdent dans les couloirs du temps et les robots sont appelés à exercer des tâches qui autrefois incombaient aux premiers. Mais il y a une chose que l'homme ne pourra jamais avoir et concevoir c'est l'immortalité. La finitude du corps, sa lente et inexorable décomposition, Mathieu Bablet l'imagine aussi pour le robot, mais ce dernier peut changer de corps grâce aux réseaux connectés. Avec « Carbone et Silicium » Mathieu Bablet tutoie les sommets du genre. C'est inconcevable quand on aime la BD, de passer à côté de ce qui est un classique instantané de la BD SF ! Culte et visionnaire.
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