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Critique de boudicca


Les « Culottées », se sont des femmes qui, bien qu'issues de différents milieux, époques et pays, possèdent toutes au moins un point commun : elles se sont battues pour échapper aux carcans imposés par la société de leur époque et surtout pour faire ce qu'elles aimaient. A Wu Zetian, Joséphine Baker, les soeurs Mariposas et Clémentine Delait (la femme à barbe) succèdent donc la compositrice Betty Davis, la journaliste Nellie Bly, la volcanologue Katia Krafft ou encore Mae Jemison (première femme noire à avoir été dans l'espace). L'ouvrage comprend quinze nouveaux portraits d'héroïnes peu (voire pas du tout) connues mais qui, chacune à leur manière, ont suivi des parcours tellement atypiques qu'elles sont devenues pour beaucoup de femmes de véritables sources d'inspiration. Comme dans le précédent album, on peut saluer la diversité des profils choisis par Pénélope Bagieu qui met à l'honneur aussi bien des artistes que des scientifiques, des sportives, des rebelles ou encore des lanceuses d'alerte. Si les obstacles rencontrés ne sont évidemment pas les mêmes selon qu'elles viennent de France, d'Inde, d'Afghanistan ou encore des États-Unis, le besoin de liberté partagé par toutes ces femmes et leur indignation devant le traitement réservé à leur genre nous les rendent immédiatement sympathiques. Nul doute que la plupart des lectrices se retrouveront à un moment ou un autre dans le comportement de ces héroïnes déterminées qui, par le sport, l'activisme politique, la musique, les sciences ou l'art, sont parvenues à faire ce qu'elles voulaient, sans tenir compte de la réprobation des hommes et de la société.

Temple Grandin, par exemple, subira toute sa vie des moqueries à cause de son sexe et de son autisme, ce qui ne l'empêchera pas de s'imposer dans le milieu de la défense des animaux (elle se bat notamment pour l'amélioration des conditions de « vie » dans les abattoirs). Thérèse Clerc, elle, créera une structure pour personnes âgées tout à fait singulière dans laquelle les pensionnaires participent à des conférences et des sorties culturelles, font du sport et partent même en colo ! Nellie Bly sera pour sa part la première véritable journaliste d'investigation, n'hésitant pas à se faire interner dans un hôpital psychiatrique réservé aux femmes (avec une facilité déconcertante) ou à entreprendre un tour du monde. Katia Krafft sera quant à elle volcanologue, une passion qu'elle partagera toute sa vie avec son mari avec qui elle réunit une documentation scientifique exceptionnelle, tout en tentant de faire partager sa passion aux plus jeunes. Et puis il y a Cheryl Bridges qui battra le record mondial du marathon en 1971 ; Sonita Alizadeth à qui on doit des textes de rap consacrés au mariage forcé et à la condition des femmes en Afghanistan ; Hedy Lamarr qu'on connaît avant tout pour sa beauté et ses talents d'actrice mais qui s'est pourtant aussi distinguée comme inventrice ; ou encore Jesselyn Radack qui, après avoir subi les attaques odieuses de la part de son propre gouvernement pour avoir dénoncé les conditions de détention des terroristes présumés après le 11 septembre 2001, se consacrera exclusivement à la défense des lanceurs d'alerte (car ce sont eux « les vrais héros qui protègent la démocratie »).

Toutes ces histoires suscitent différentes émotions chez le lecteur. Une vive colère, d'abord, devant les épreuves endurées par certaines juste parce qu'elles sont nées femme. le parcours de Phulan Devi, notamment, est tellement atroce qu'on se demande comment la pauvre (devenue depuis une féroce bandit) a pu y survivre (elle sera violée dès l'âge de 10 ans par son « mari » puis ensuite à plusieurs autres reprises par des policiers ou voisins qui estiment qu'elle est désormais souillée et donc disponible pour n'importe qui). Mais l'indignation cède peu à peu la place au fil des chapitres à l'admiration, une admiration qui fait naître chez le lecteur un élan d'enthousiasme et d'espoir. Oui, il y a encore du boulot, oui, les obstacles à l'égalité homme/femme sont encore nombreux (même dans un pays comme le notre) mais surtout oui, il y a des solutions et oui tout le monde peut se battre, chacun à sa manière et à son niveau. Si l'ouvrage parvient à toucher autant le lecteur, c'est aussi et surtout grâce à l'angle adopté par Pénélope Bagieu qui opte pour un ton volontairement optimiste. Pas question pour ces femmes de s'apitoyer sur leur sort ! Les graphismes collent parfaitement à l'humour de l'auteur qui dote ses héroïnes d'expressions tour à tour blasées ou rayonnantes mais en tout cas toujours déterminées. A la fin de chaque portrait, une planche s'étalant sur une double page résume en une image le destin de chacun des personnages et celles-ci, plus travaillés et plus colorées que le reste, sont véritablement sublimes.

Avec ce deuxième tome de « Culottées », Pénélope Bagieu rend hommage à quinze femmes qui ont marqué leur époque, chacune à leur façon et chacune dans un domaine différent. Une lecture instructive qui secoue mais qui fait aussi beaucoup de bien au moral : on en ressort avec la pêche et des idées pleins la tête.
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