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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Certains livres sont magiques : ils nous ensorcellent, nous ravissent, nous transportent, littéralement. Je me suis trouvée sous le charme de cette magnifique histoire, de cette écriture douce, sensuelle et poétique. Je sais d'avance que c'est un livre que je n'oublierai pas et que je porterai longtemps en moi, comme l'auteur a certainement porté longtemps en elle l'histoire qu'elle raconte… Est-ce une autobiographie ? Je ne sais pas vraiment. Il est écrit « roman » sur la couverture mais d'après mes recherches, de nombreux éléments du récit appartiennent bien à la vie de l'auteur.
Voici quelques bribes d'une histoire fascinante : Cécile, la narratrice, mêle deux époques dans son récit, son enfance et l'âge adulte. de son enfance, on retiendra son amour (et le terme est à peine assez fort) pour Mozart. Dans sa chambre, pas de poster de Police ou de Téléphone, non, des posters de Mozart qu'elle écoute religieusement, qu'elle joue au piano, qu'elle chante. Mozart, Mozart, Mozart. Elle entraîne ses parents à Salzbourg où a vécu le compositeur, apprend l'allemand, passe une audition pour rejoindre un choeur d'enfants, fête l'anniversaire de sa mort et celui de sa naissance en allumant dans sa chambre d'adolescente des bougies. Elle a même le sentiment profond de ne pas vivre à la bonne époque, comme s'il y avait eu une erreur. Elle aurait dû le rencontrer, ils auraient dû s'aimer. Il faut réécrire l'histoire. Elle le sent presque charnellement présent à ses côtés, elle a l'impression qu'il lui fait signe, qu'il lui parle. Sombre-t-elle dans la folie ? Non, cela s'appelle une passion et une passion à laquelle elle s'offre totalement.
Adulte, Cécile, devenue journaliste, tombe amoureuse d'un chef d'orchestre, un maestro, qu'elle a interviewé. Quelques mots au téléphone et c'est le coup de foudre. Ils se rencontrent furtivement entre deux avions, s'aiment à la folie, se donnent l'un à l'autre puis se séparent. A chaque fois, c'est un déchirement. Pourquoi cette passion, cet amour fou pour cet homme qu'elle connaît à peine ? N'attend-elle pas de lui qu'il soit « un passeur » vers l'Autre, celui qu'elle n'a pas et n'aura jamais, celui qu'elle aime d'un amour fou : Mozart ? Mozart, Maestro… Presque les mêmes lettres…
Et ces deux histoires, celle de l'enfance et celle de l'âge adulte, s'entremêlent et c'est tout simplement sublime parce que Cécile se livre sans compter, s'offre à la vie et à l'amour. Ses mots disent cette folie qui la porte, cette passion qui la dévore et qui donne un sens à sa vie tout en la rendant parfois invivable. Elle dit de façon magistrale son amour pour la musique, décrit ses émotions avec tellement de nuances, de beauté et de sensibilité que l'on plonge corps et âme dans ce récit qui nous enveloppe de volupté et de bonheur.
Et l'on n'a qu'une envie : écouter Mozart !
C'est magique, envoûtant et terriblement beau.
Un ÉNORME coup de coeur !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Il est rare qu'un primo-romancier évite tous les écueils et livre un roman aussi abouti que vibrant. Il arrive plus souvent qu'il pèche par excès de passion, cédant à la tentation de trop en dire au risque d'assommer son lecteur. La maîtrise de Cécile Balavoine est d'autant plus impressionnante. En sublimant sa passion pour Mozart, elle parvient à nous plonger dans un océan de beauté et de finesse dont on ressort apaisé et revigoré.

La petite Cécile a neuf ans lorsqu'elle découvre la musique de Mozart. Plus qu'une révélation, un coup de foudre qui englobe tout autant l'homme, son talent, sa musique et sa vie. Cécile est amoureuse d'un mort qui vit en elle depuis ce jeune âge. A quarante ans, devenue journaliste, elle interviewe un célèbre chef d'orchestre par téléphone et ressent à l'écoute de sa voix la même émotion qu'à neuf ans à celle des premières notes de Mozart. Bouleversée, elle va se laisser aller à ses émotions qui font écho à son enfance et à son adolescence tout en lui ouvrant un horizon de promesses inconnues.

"Je vous dis que j'ai peur. Je vous dis que j'ai peur et que j'ai hâte. Vous répondez que vous aussi avez peur et hâte. Je vous demande pourquoi c'en est ainsi de nous. Je perçois ce que vous éclairez en moi. Mais savez-vous ce que j'éclaire en vous ? le sentez-vous ?"

D'une plume à la fois sensuelle et pudique, l'auteur nous parle de passion avec une justesse et une acuité qui touchent juste. Passion contrariée d'une fillette amoureuse d'un mort, d'une jeune fille obligée de ranger ses rêves de devenir musicienne, d'une jeune femme amoureuse d'un homme déjà pris. Mais passion récompensée finalement par cette rencontre, passion ranimée par la convergence de deux êtres qui brûlent de la même flamme.

C'est un vrai bonheur de lecture ce Maestro, une bulle de bien-être. Une invitation à se laisser aller à la passion, à assumer ses choix et à ne pas se renier. Tout comme le chef d'orchestre peut se concevoir comme un passeur, un intermédiaire entre un compositeur et son auditoire, Cécile Balavoine se fait passeuse de beauté et de lumière. Et c'est superbe.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cécile est habitée par la musique de Mozart depuis l'âge de neuf ans .
Sa musique qu'elle commence à jouer sur son piano tout neuf.
« C'est tant de joie, ces trois premiers accords qui font résonner toute ma chambre… »
Habitée non seulement par la musique, mais par l'Etre Wolgang, l'enfant prodige qui entre en elle, l'accompagne partout, dont elle veut tout connaître « comme si c'était vital ».
Un amour passion fulgurant, exclusif, à la limite du fétichisme. Elle veut poser ses doigts
là où Il a posé les siens, poser ses pieds sur des marches qu'Il a montées deux cents ans auparavant.
« Les dates parlent. Ce n'est pas un hasard. Cela ne peut pas être un hasard. Lui aussi, Il me parle. J'en suis sûre et certaine. »
Pour tout connaître de Lui, il lui faut aller à Salsbourg, là où Il est né.
Elle a onze ans.
Vingt-huit ans plus tard, journaliste, elle interview un chef d'orchestre de renom.
La magie opère.
« Comme s'il me reliait tout à coup…Comme si le passé tout à coup prenait corps avec lui. »
Elle croit l'avoir toujours connu : deux âmes jumelles qui se trouvent. Qui se retrouvent.
« Comment expliquer autrement l'évidence ? »
« Quelque chose nous effraie, quelque chose que nous ne savons pas nommer, qui nous dépasse, qui nous aimante, qui nous enchante, quelque chose de souterrain et de céleste qui nous lie malgré nous. »

C'est un livre à lire lentement, à savourer, à laisser pénétrer en soi. Inutile d'adhérer à la reconnaissance des âmes.
J'ai été subjuguée par la qualité de l'écriture, par l'amour qui nimbe Cécile, la douceur, la délicatesse de ses sentiments, de ses émotions, la puissance de sa passion d'adulte.
Je déplore de ne savoir mieux l'exprimer !
Un livre magnifique, original. Qui ne s'oubliera pas.


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Cécile, vous entrez dans ce roman petite enfant, sur la pointe des pieds avec dans la gorge et le coeur tout l'amour que vous vouez à la musique, à Mozart. Vous servez votre dieu du bout des doigts au piano et avec votre voix. Reliée et unie à Lui. Les séjours à Salzbourg sont votre indispensable.
Adulte, devenue journaliste, au détour de l'interview que vous faites la rencontre d'un chef d'orchestre renommé, la voix, sa voix vous bouleverse.

"-Si vous saviez...
- Mais je ne sais pas.Tout est vide à l'intérieur de moi, vide et trop plein. Vide et sans mots. Je tente de retrouver mon souffle, de ne pas tomber, de ne pas sombrer dans votre voix."

🖍️Ce roman décrit la passion vouée à la musique et les renoncements, acceptations qu'elle impose. Surtout, il y a l'amour d'une voix, celle d'un maestro et l'attirance des corps.

Cécile Balavoine a une écriture ciselée qui est tout à la fois légèreté et puissance dans ce qu'elle écrit, à demi-mot parfois et grâce à l'intelligence faite de laisser des instants en suspension ; nous laisser l' opportunité de les savourer, nous laisser le temps de nous en saisir. Une délicatesse tout au long de l'histoire.

J'ai tant aimé cette manifestation de ne rien vouloir gâcher de ces rencontres, juste d'en préserver le beau et la grâce procurés. L'attente est magnifiquement décrite avec ce qui la caractérise, je cite : épreuve et délice.
J'ai TOUT aimé. Si beau. Si juste. Aucune dissonance.

Un COUP DE COeUR
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Se peut-il qu'un coup de foudre – Love at FIRST sight, disent d'ailleurs les Anglais – naisse à retardement ? C'est en tous les cas ce qui m'est arrivé lors de la lecture du premier roman de Cécile Balavoine, "Maestro". A la page 18 très exactement, mon coeur a commencé à battre la chamade, mon corps à frissonner, ma tête à s'envoler. Oui, c'est vraiment au moment où Cécile, journaliste a appelé le "Maestro" pour une interview téléphonique, au moment où, comme elle, j'ai commencé à l'entendre que j'ai compris. J'ai compris que ce livre serait important, qu'il allait m'emporter, m'embarquer dans une aventure hors du commun.

Car ce récit, qui raconte l'histoire d'une jeune femme, tombée sous le charme de Mozart, et plus encore, lorsqu'elle avait neuf ans, et qui, devenue adulte et journaliste continue de vénérer ce fabuleux musicien, aurait pu être une banale histoire d'amour. Il aurait pu être un catalogue répertoriant les qualités de l'artiste, la liste de ses oeuvres ou ses meilleurs interprètes. Il n'en est rien.

Ce roman frise, à mes yeux, la perfection : Pas un seul temps mort, pas un passage qui n'ait sa juste place, pas un mot qui ne soit mal choisi. L'écriture est magistrale et traduit à merveille les ressentis de Cécile, amoureuse d'un mort depuis son plus jeune âge et qui le retrouve dans la voix d'un autre. Cette voix, elle la décrit si bien qu'elle sort du livre pour arriver à mes oreilles. le "Maestro" m'enveloppe aussi qui exsude la fragilité des grands, une difficulté à vivre l'ordinaire et la crainte présente face à un sentiment d'une force peu commune : "J'ai peur, Cécile. J'ai peur de ne plus pouvoir me passer de vous. J'ai l'impression que tout s'effondre. Vivre avec vous est impossible, vivre sans vous l'est tout autant." Non, ce n'est vraiment pas une histoire d'amour banale mais un concentré de passion sublimée, de beauté intérieure, de gestes magnifiés par des expressions subtilement entrelacées où la musicalité des phrases fait écho à celle des morceaux du Maître glorifié. Cet ouvrage je ne l'ai pas lu, je l'ai écouté, entendu, respiré, vécu. Et puis, il y a les scènes d'amour magnifiquement dessinées, empreintes d'une flamme indicible, vécues jusqu'à l'infini. Les moments où les corps se rencontrent sont tout à la fois abreuvés de ravissement, de délectation, mais aussi nimbés d'une immense pudeur. Tout est beau, aérien, voluptueux.

J'avoue avoir été touchée au-delà de toute raison par cette lecture et reste coite devant tant de talent. J'aurais même envie de distribuer un bon point supplémentaire pour la partie "remerciements". Je l'ai lue avec un immense plaisir tant elle était recherchée et formidablement rédigée. Trouver par ailleurs un nom ami parmi les personnes citées fut un véritable bonheur.

En un mot, comme en cent, cette découverte est, je l'ai dit, un coup de foudre. L'impact en a été magique et le tonnerre résonne encore .
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Voilà un livre qui m'a emportée par sa magnifique écriture dès les premières pages.

Il a suffi d'une interview téléphonique d'un chef d'orchestre renommé, Maestro, pour que Cécile, une journaliste de quarante ans, tombe amoureuse de sa voix, "Une voix comme une main qui lisserait une étoffe." Les mots ivresse, lumière et plénitude traversent cet échange téléphonique qui s'est transformé en longue discussion.
Pour Cécile cette voix fait ressurgir des souvenirs d'enfance et son amour absolu pour Mozart, sa découverte du musicien à l'âge de huit ans, son amour absolu pour celui qui lui donnait la sensation de vivre plus dans son monde que dans le sien, sa rencontre sensuelle avec les doigts de Mozart lorsqu'elle a joué sur son piano dans sa maison de Salzbourg, ses séjours à Salzbourg où elle s'est toujours sentie mieux qu'ailleurs avec le sentiment de déjà connaître les lieux. Son seul but était alors de chanter et vivre avec Mozart même après que ses .rêves d'intégrer une école de musique et de devenir chef d'orchestre aient été brisés.

Cécile a un amant, Tristam, un photographe avec qui elle part régulièrement en reportage. Il hésite à quitter sa femme pour elle de peur de faire voler sa vie en éclats "c'est peut être aussi pour cela que je vous accueille dans la mienne." dit-elle intérieurement à Maestro avec qui elle restera toujours dans le vouvoiement.". "J'entends cette voix en moi : Je vous veux tous les deux"

Avec des échanges téléphoniques, des mots chuchotés la nuit, une première rencontre dans les jardins de Sainte Anne Cécile vit un amour fulgurant comme elle n'en a jamais vécu "Aimer dans les mots sans aimer dans la chair" , elle vit une passion qui fait totalement écho à sa passion pour "son mort, Mozart" à travers une voix qui la renvoie à celle du musicien qu'elle a sublimé, à travers un homme qui, de ses mains, fait revivre "son mort".

Ce roman est une magnifique découverte grâce aux 68 premières fois.
J'ai trouvé ce roman d'une beauté absolue, d'une sensualité à couper le souffle, d'une finesse époustouflante, d'une incroyable pudeur, je l'ai lu par petites touches pour mieux le savourer, relisant régulièrement certains passages, annotant de multiples phrases tellement les mots étaient beaux... Ce roman est tout sauf le récit d'une banale histoire d'amour, c'est tout simplement sublime !
Cécile Balavoine dont c'est le premier roman est une auteure de grand talent, je lui prédis un bel avenir.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un livre magnifique, un réel plaisir pour qui, comme moi adore Mozart. Un roman parfois épistolaire, qui nous entraine au côté de ce grand compositeur, dont on entendrait presque le musique en tournant les pages. Quand au style, cette auteure est une belle découverte, et m'a donné l'envie de lire tous ses autres romans.
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Un récit court et passionnant autour de deux histoires d'amour ; celle de la narratrice et cela dès la plus jeune enfance avec Mozart et celle plus sensuelle, mentale, spirituelle et réelle de cette même narratrice devenu journaliste après avoir tenté de vivre de la musique.

Mixant avec talent l'étude biographique de Mozart ( ses lieux, itinéraires, ses relations avec sa famille avec ses oeuvres), son propre parcours et ses souvenirs d'enfance, la relation troublante et naissante avec un grand chef d'orchestre, les échanges passionnés, la narratrice dresse sa propre partition et nous entraîne avec fougue dans ses passions.Tant d'objectifs réunis en un seul livre sans lasser le lecteur dans un style accessible et clair sans excès ou pédanteries ne peut que séduire.

A la fois frais et instructif, c'est complètement mon style. Merci
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Maestro m'a percutée. Dès les premières pages, un mot s'est imposé à moi et a martelé jusqu'à devoir l'énoncer à voix haute pour m'en débarrasser : « abouti ». le rythme ; l'écriture directe, confiante ; les entrelacs du présent et du passé, du présent et des passés ; la sincérité du propos qui n'a plus peur de se dire sans éprouver la nécessité de convaincre ou de plaire… C'est un roman abouti qui s'impose à moi dès les premières lignes. Cécile Balavoine égraine au fil des pages les rendez-vous manqués, les malentendus, les ratés, les rêves avortés, les espoirs et déceptions qui scandent et entravent un chemin. Mais sans nous alourdir, sans nous en faire l'apogée, ni un drame encore moins une explication de texte. Avec élégance et pudeur, par petites touches, si infimes parfois qu'on pourrait passer à côté d'une information délivrée en catimini, l'auteur tisse point par point, dans un ordre qui ne répond à aucune logique sinon à celle d'une vie dont on ne mesure que trop peu les hasards ou les bienvenus : les événements, réminiscences, rencontres et éprouvés de son histoire.
Une voix, un père, Mozart, des amants, un Amour. le père, première figure centrale, d'amour, d'attente et donc de pression et de cran d'arrêt. « Mozart et son père avaient aussi leurs mots d'amour filial. Et soudain je comprends le malaise, la tristesse. Peut-être était-ce pour ne jamais grandir, pour continuer à honorer le père que j'avais préféré aimer un mort. »
La rencontre amoureuse et sensuelle avec le piano d'abord. « Je m'ennuie dans tout ce vide, dans tout ce blanc. Pour me remplir, on m'offre un piano qui sent les copeaux de bois. Je m'enferme pendant des heures avec lui dans ma chambre, je le respire, je le hume. Ses touches sont lisses, je les caresse, comme les courbures du battant qui protège le clavier, doux, velouté par le vernis. J'aime son odeur, j'aime son toucher. »
Et puis Mozart et la musique ! Heureuse de ne plus être seule, joyeuse de la découverte d'un univers, Cécile grandit dans et avec la musique et en ami intime Wolfgang. Un lien incontournable, une connexion inexpliquée, s'impose en maître et avec lui le poids d'une différence à assumer, la douleur d'un non-sens envahissant, mais indéniablement là, mystérieusement familier. Cécile part à Salzburg : « Rien n'était plus évident que d'être là, comme s'il s'agissait d'un lieu de naissance de l'âme. Comment expliquer autrement l'évidence ? Je me disais qu'il devait exister, pour chacun d'entre nous, un endroit sur cette terre où s'opérait la communion entre le tellurique et le céleste. Pour moi, ce lieu était ici, devant cette imposante montagne, à la naissance des Alpes. »
Et puis cet invisible qui se glisse, ces souvenirs d'antan non vécus et pourtant si palpables, si ancrés en elle, et qui racontent un passé lequel trouve son écho dans le présent…On devine l'angoisse par moments d'être ainsi traversée et écrite par d'autres fantomatiques si proches et si lointains ; l'angoisse d'inventer sa singularité dans un écrin cousu main depuis des lustres en vivant pleinement son présent dans tout ce qu'il comporte de beau et de puissant. « Je n'avais jamais raconté à personne ce qui depuis longtemps m'obsédait. Je ne l'avais jamais dit mais il m'arrivait de l'écrire. Parfois. de plus en plus souvent. Inlassablement, j'écrivais cette histoire et la réécrivais avec d'infimes variantes. C'était l'histoire d'une jeune femme assaillie par des souvenirs anciens, trop anciens pour lui appartenir, et qui peu à peu en perdait la raison. Un soir, plutôt que de mettre fin à ses jours comme elle y avait songé, tant elle était envahie par ce passé qui la plongeait dans un monde irréel et la désespérait, elle prenait un train à la gare de l'Est après avoir laissé une lettre d'adieu à l'homme qui partageait sa vie. Elle partait rejoindre la ville d'où lui venaient ses souvenirs pour tenter de les comprendre, peut-être de les conjurer. »
Les énigmes se faufilent entre les pages sans jamais se dévoiler, fuyant la démonstration éclairée d'un noeud tragique à solutionner en ménageant son effet. C'est plus fin, plus subtil, et ces noirs-obscurs délivrés ça et là suscitent le désir vivant dont la narratrice semble si bien accepter les latences, les absences, les patiences.
Cécile Balavoine nous offre la mise en mots, le roman sur l'évidence. L'évidence que l'on sait nommer, facile, un peu goguenarde, dans un tombé de sens qui n'appelle aucun effort. L'évidence qui nous chahute le corps, nous enrobe de son ambiance : la sensation avant qu'elle ne soit pensée, qui n'est pas sans convoquer l'inquiétante étrangeté, l'Umheiliche d'un autre autrichien très célèbre : l'inquiétant dans le familier, le déjà-vu dans la nouveauté, la peur du nouveau qui nous est si proche….Les deux amants n'auront de cesse de se dire leurs peurs et leurs hâtes pourtant de se voir, se revoir et ne plus se lâcher, dépourvus et emportés par l'évidence d'un amour qui se reconnaît par la voix, par l'évidence d'un vieil amour naissant ?
L'évidence qui nous dépasse, nous déborde, nous submerge et ne se devine que dans l'après-coup, peut-être, pas toujours. Elle ne se laisse jamais attraper de toute façon cette évidence là : on la touche du bout des doigts avant qu'elle ne s'envole encore, un peu comme quand on frôle, l'espace d'une infinie seconde, une vérité : laquelle éclaire et fait sens, enfin, après laquelle on court, souvent, pour être bien avec soi, toujours. L'évidence comme l'essence portée en creux, l'essentiel qui pousse, tend, aspire, rêve, aime et anime tout ce qui s'éprouve et grandit, tout ce qui heurte et se panse. Les vies dansent des pas qu'on ignore mais qu'on mettra toute une existence à répéter et à magnifier…
Merci infiniment Cécile Balavoine : ça chahute, tourneboule, ça résonne si fort depuis que j'ai refermé votre premier et grand roman. Il s'écrit depuis longtemps ce livre, il germait depuis longtemps et a sans doute éclos au moment propice et opportun. Il convoque les questions du destin, de l'inconscient, de la quête. Avec discrétion, à travers une trajectoire, l'écriture limpide diffuse et transmet l'universel des rouages de la vie : ses mystères, ses élans, répétitions, créations, coïncidences ou pas…Le maillage de l'existence.
« Ma main s'est mise à tournoyer, traçant les formes d'yeux répétitives et obsédantes qui s'étaient déjà dessinées la première fois. Puis tout à coup des lettres, des mots, nets, immuables, inévitables sont apparus : Mozart germer amour monde. J'ai jeté mon papier, le crayon. Il n'y avait rien à faire. Je ne pouvais pas sortir de Lui, de son amour, de cet entrelacs d'âmes. Peut-être quelque chose naîtrait-il de tout cela ? Un germe du mieux, un monde né de l'amour d'un mort ? Je ne savais plus s'il fallait rire ou être consternée. Mais je me suis dit que peut-être, quand même, quelque chose, quelque part, devait bien exister au-delà du visible. »
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Habituellement je lis vite. Ce n'est ni une qualité, ni un défaut, c'est comme ça, je lis vite. Aussi lorsque ma lecture s'allonge, s'enroule, s'arrête, reprend... jusqu'à durer plus d'un mois pour un roman de 208 pages, forcément je m'interroge. La réponse est simplissime : je ne veux pas quitter "Maestro". Je veux rester dans cette histoire d'amour-musique somptueusement mise en mots. Je veux continuer à attendre avec Cécile, à souffrir de l'absence inexorable, à ressentir viscéralement la douleur et la jouissance d'aimer un mort et la capacité à réincarner cette passion dévorante dans l'amour partagé avec le vivant. Je veux rester immergée dans ce roman qui, par sa délicatesse, sa sensualité, ses failles et tourments déploie la symphonie d'une vie.

Aux murs de la chambre d'une fillette de neuf ans, il est fréquent de voir des photos de l'Idole, star de variétés, du rock, de la pop, acteur de série ou autre... On s'invente des histoires follement romantiques, on ne se lasse pas d'écouter, de vivre et revivre chaque concert, chaque apparition télévisuelle. On collecte tous les éléments biographiques et on insère sa propre existence dans le fil d'une autre, sans souci de probabilité, ni de vraisemblance. "Un jour mon prince viendra". Sauf que lorsque le prince s'appelle Wolfgang Amadeus Mozart et qu'il est mort depuis plus de deux siècles, les choses se compliquent sensiblement. Vivre avec le sentiment profond que les Parques ont mélangé les écheveaux temporels de deux existences. Vivre avec la certitude que l'âme-soeur, celle qui complète, celle qui nous fait entièrement être, celle qui donne son sens à notre trajectoire terrestre, ne se fera jamais chair et corps et caresses et mots et connivence. La quête est sans espoir sauf la musique et ses silences. L'adolescence, puis la prime jeunesse de Cécile se passent à tenter de vaincre la mort en quelque sorte, en retrouvant Mozart dans chacune des traces qu'il a laissées, en imbriquant sa vie dans celle du musicien jusqu'à une intimité fusionnelle. Quand vient "l'âge de raison", il s'agit de faire comme si, de faire comme tout le monde, de fermer le piano, sous peine de folie amoureuse, et de voguer sur une existence au présent en enfouissant Mozart au plus profond de l'âme, en l'intégrant à tel point qu'il devient une partie de soi. Cela peut durer toujours, cela peut durer un temps. Cela peut durer jusqu'au moment où une échappée de concerto, un parfum presque oublié, la consistance d'un rêve ou une voix au téléphone fasse rejaillir la passion comme une source libérée de la roche. La sensation d'une présence fugace au moment d'une chute, les hasards nécessaires qui déroulent leurs coïncidences ironiques, le réel qui épouse le rêve plutôt que le fracasser et l'attente redevient charnelle. Vie et mort s'épousent indissolublement, reprenant ainsi à l'infini chaque partition de Mozart.

Sans doute je ne donne ici qu'une très vague idée du contenu du roman de Cécile Balavoine et plus qu'un avis, j'écris les mots qui me semblent les plus justes pour essayer de définir ce que j'ai compris et ressenti. La pureté de l'écriture, les échos qu'elle est capable de faire entendre du plus intime au plus prosaïque, porte tous les troubles, toutes les joies, tous les chagrins jusqu'à leur incandescence. Sensorielle, poétique, incisive, elle nous baigne d'un halo limpide et soyeux, mélancolique et joyeux. Je ne sais autrement dire la beauté et la force de ces liens indéfinissables qui se sont tissés dans le secret de ma lecture.
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