Il le savait bien : cette volonté de survivre, de maîtriser l'île et d'en exploiter les maigres ressources , c'était un but plus important que de s'échapper.
Ce qu’il voulait de cette fille, ce n’était pas qu’elle l’aide à s’évader de l’île, il s’en fallait bien ; il l’employait plutôt au service de motivations qu’il n’avait jamais acceptées auparavant : le besoin de se délivrer de son passé, de son enfance, de sa femme et de ses amis, de leurs affections et de leurs exigences, afin de partir pour toujours à l’aventure en vagabondant tout seul dans la cité déserte de son esprit.
C’est horrible comme on traite les anormaux, les déficients mentaux. Il y a des institutions, mais s’ils ne veulent pas y aller, rien, personne ne les protège.
Ça vous a étonné. Eh bien, c’est comme ça, les gens sont égoïstes, voilà tout. On n’y fait pas attention, jusqu’au moment où on a besoin d’eux
Quand vous avez quelqu’un dans la famille qui veut se tuer, mais qui n’y arrive pas, et qui prend des années pour se décider, qui prend son temps comme s’il n’y avait rien de plus important, alors on ne peut pas s’empêcher de voir la vie comme ils la voient.
Malgré toutes les déceptions endurées quand il luttait pour s’évader, il s’accrochait encore à l’espoir de ce miracle : un conducteur freinerait un jour, s’arrêterait, viendrait le chercher.
Encore quelques heures, et ce serait le crépuscule. Il pensa à Catherine, il pensa à son fils. Il les reverrait bientôt. D’abord, manger. Ensuite, un peu de repos. Et ensuite, les calculs, les projets à faire soigneusement. Les plans d’évasion.
Tant d’efforts, tant de fièvres pour rien. Quelle absurdité ! Il n’avait vraiment pas besoin de quitter l’île : et voilà qui suffisait à prouver qu’il la maîtrisait, qu’il en était le seigneur, totalement.
Les réconciliations, ça n’a jamais été mon fort, j’ai toujours préféré rester furieuse pendant des jours. C’est comme ça qu’on peut vraiment détester les gens…
Il vaut mieux se punir que de faire des excuses.