Il m'a fallu une bonne dose d'abnégation pour m'infliger la punition de cet indigeste pavé sans en sauter une seule page. Il y a certes quelques morceaux de bravoure, la partie de "mouche" dans le début, des descriptions et portraits, certes terriblement longs, mais qui mettent en évidence le contraste entre deux mondes, celui d'une aristocratie bretonne enfermée dans ses traditions millénaires et son étroitesse d'esprit, celui d'une aristocratie nourrie de parisianisme et de culture, avide de renouveau. Il y a aussi de très belles pages sur la jalousie amoureuse, notamment au travers des lettres de l'épouse délaissée, l'attachante Sabine. Mais que dire par exemple de cette scène ridicule ou l'on voit le jeune Calyste pousser par dépit
Béatrix du haut d'une falaise (pas très haute !), et la femme fatale retenue par sa robe accrochée à la branche d'un buis plus que centenaire, que l'auteur avait pris soin de décrire copieusement afin de préparer l'incident ? Que penser de cette fin vaudevillesque qui semble convoquer le tout Paris (la profusion de personnages étant multipliée par leur triple désignation, titre, nom, prénom) au service d'un invraisemblable complot aux ramifications multiples destiné à tirer Calyste, pantin pitoyable qui n'a pour lui que son joli minois et la fraîche naïveté de sa jeunesse, des griffes de
Béatrix, pour le ramener au bercail de la vie conjugale, au terme d'un joyeux jeu de chaises musicales !