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3,67

sur 4324 notes
J'ai beaucoup aimé l'histoire d'Eugénie Grandet.
C'est le premier livre d'Honoré de Balzac que je lis.

Quel personnage que le père Grandet ! Avare et roublard au possible. Sourd quand ça l'arrange, vivant petitement bien que riche à foison.
Les personnages féminins du livre, bien qu'en apparence soumises, s'entendent entre elles et se serrent les coudes. Nanon, leur femme de chambre, est d'un dévouement sans faille. Laere Grandet s'arrange avec son avare de bonhomme, ce contentant de peu. C'est Eugénie qui m'a fait le plus de peine, jeune fille aimante et crédule face à son cousin. Mais l'évolution de son personnage montre qu'elle a appris des expériences de la vie.

Un agréable moment de lecture.
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Encore un livre lu il y a longtemps et qui m'avait alors passionné. Je viens de le relire avec un toujours aussi grand plaisir …

Balzac jette, ici, son regard acéré sur une petite ville de province, Saumur. le genre de petite ville, à l'écart des grandes villes et loin de Paris, où la vie semble assoupie. Délicatement, il nous fait pénétrer dans les vieux quartiers en contrebas du château qui domine la ville puis dans une maison "de faible rapport" où vit la famille Grandet. Et d'ailleurs, cela s'explique bien par le fait que le père Grandet n'est qu'un tonnelier au départ. Il va s'enrichir à la suite de successions opportunes, de placements opportunistes et d'un flair peu commun. Mais, dans nos provinces, on garde l'argent et on ne le dépense pas. On n'en parle pas non plus. Donc pas de raison de changer de maison ou de standing. Quitte au petit monde de Saumur de supputer, estimer, envier, exagérer peut-être la vraie fortune du bonhomme. Mais le regard De Balzac poursuit sa route et nous laisse découvrir les capacités financières et surtout la passion avaricieuse de Grandet pour l'or.

"Financièrement parlant, M. Grandet tenait du tigre et du boa".

Dans l'ordre d'apparition dans le roman, Balzac commence par les relations de la famille Grandet, Cruchot (le notaire et le droit), de Grassins (la finance), puis Madame Grandet, puis Nanon la servante et termine enfin par Eugénie. Une fleur en bouton.

Ainsi se met en place le roman dont on comprend peu à peu les ressorts et modes de fonctionnement de tous ces gens. Eugénie devient un enjeu familial entre Grandet, Cruchot et de Grassins qui ont, comme par hasard, un garçon à marier. Enjeu dont on parle, qu'on laisse miroiter, qui est envisageable sous réserve que…

Arrive le cousin Charles, jeune gandin en provenance de la Capitale et voilà qu'il agit comme un révélateur de l'avarice et du comportement de Grandet, de la peur à laquelle il soumet sa famille et du coeur d'Eugénie qui se met soudain à battre. le roman prend alors une dimension presque tragique.

On se rend compte que la vie de province telle que décrite par Balzac, qu'on retrouvera dans bien d'autres romans, est très contraignante notamment pour les femmes qui n'ont guère d'horizon et qui n'ont pas ou peu d'occasions de s'épanouir par elles-mêmes. Ce qui doit bien correspondre à une réalité corsetée par le "paraître", les exigences de la religion et le "qu'en dira-t-on". Rares sont les romans De Balzac où comme dans la Rabouilleuse, une femme parvient à fuir et à se faire une situation par elle-même. Eugénie était une fleur en bouton ; à l'arrivée de Charles, elle vient d'éclore puis se met à attendre comme une jeune fille de la bourgeoisie saumuroise se doit d'être.

Si au début du roman, Eugénie est naïve et crédule, elle mûrira sans pour autant pouvoir ou vouloir s'émanciper. On retiendra du personnage d'Eugénie Grandet une force de caractère se traduisant par un équilibre entre son côté romanesque et son côté réaliste qui la rend très crédible voire admirable aux yeux du lecteur. Par exemple, elle trouvera les moyens pour convaincre sa mère et Nanon, terrorisées, de passer outre les contraintes et l'avarice de son père sans oublier, évidemment, son comportement plein de dignité et même de grandeur lorsque Grandet découvre qu'elle a fait don de ses louis d'or.

J'aime bien ce roman où Balzac nous laisse entrevoir à la fin une Eugénie qui ne tombe pas dans le vice de son père, qui paraitrait "parcimonieuse si elle ne démentait la médisance par un noble emploi de sa fortune". Et puis j'aime la fin ouverte que Balzac nous propose où l'histoire d'Eugénie n'est pas forcément terminée…

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Ce Balzac qui ne m'avait pas trop ennuyée à l'époque (fin de collège), malgré une intrigue un tantinet déprimante, c'est le côté réaliste et la psychologie des personnages qui ont retenu mon attention.
Eugénie et sa mère sont prises en otage par un "Arpagon" plus vrai que nature. le père Grandet soumet sa famille à un régime drastique et autres économies de bout de chandelle (c'est vraiment le cas de le dire !)...
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C'est mon premier Balzac, à 60 ans ! J'ai sauté les lectures obligatoires à l'école.

Le livre est long, austère, difficile de progresser dans la lecture quand il n'y a pas de chapitres, pas de respiration. Un texte en continu. Cette lecture demande un réel effort.
L'histoire tient dans quatre ou cinq phrases. L'essentiel est dans la description des caractères, mais surtout des lieux, des habitats, des régions.
A l'époque, la photographie n'existait pas ; c'est sans doute ce qui explique ces longues descriptions de lieux, des costumes aussi, des intérieurs de maison.
Les caractères sont longuement décrits ; ils sont cernés, jugés sans émotion et sans indulgence. Les descriptions des femmes ne sont franchement pas féministes, bien au contraire !
Je ne sais pas si j'aime ou pas. J'ai l'impression d'être entrée dans un musée. Je vais poursuivre l'exploration (à petites doses ...).
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Vraiment, Balzac n'a pas son pareil pour dépeindre l'âme humaine. Ce que j'aime de cet auteur c'est que ses personnages restent fidèles à leur nature jusqu'à la fin; pas de changement de personnalité improbable ou de retournement insensé. Ainsi le père Grandet meurt comme il a vécu, Eugénie reste fidèle à son coeur et finit sa vie comme elle a été élevée et Charles qui a été gâté dans sa jeunesse se comporte de fa façon logique avec ce que son éducation a fait de lui.Une chose cependant m'a particulièrement frappé: c'est la façon dont le père Grandet feint la pauvreté alors qu'il est riche à millions. J'ai déjà observé ce comportement dans la vraie vie de la part de personnes avaricieuses et ça m'a toujours fasciné. Je me suis demandé pourquoi ce comportement alors que chacun sait que cette pauvreté est feinte. Peut-être est-ce pour écarter les quémandeurs ou est-ce la peur de perdre le moindre sous.

Balzac demeure mon auteur favori dans la littérature classique et je ne suis pas à veille d'avoir tout lu ce qu'il a publié. Des heures de bonheur de lecture devant moi.
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C'est modeste mignon qui m'a ouvert à ce bouillant début 19ème siècle. Pourtant à l'époque le style d'écriture m'avait quelque peu déstabilisé. Louis Lambert avait renforcé ce sentiment d'hermétisme vis-à-vis de cet écrivain.
Je suis bien content d'avoir surmonté ces apprioris pour retenter l'aventure balzacienne et quelle aventure!
La version scolaire que j'ai eu, comporte des illustrations et photographies du saumurois, qui m'ont grandement aidé à apprécier la description du cadre de vie de l'intrigue pour l'époque.

Ce tableau d'un morceau de l'Anjou m'a plus donné le sentiment d'être témoin plus que simple spectateur de l'histoire. Me voilà tour à tour, ce voisin médisant sur un nouveau venu, ce marchand jaloux d'un adversaire, ce prétendant plus intéressé qu'intéressant. On se prête facilement au jeu des querelles de mariage, et on en vient presque à féliciter M.Grandet d'éliminer habilement des personnes gênantes pour lui, sans se mouiller.

Puis on retombe dans la froideur pure et malsaine de ce vieux logis ou la passion du maître emporte toutes les autres, sans état d'âme. Trois femmes puisent l'une sur l'autre ce soutien moral nécessaire, leur combat sera souterrain, résignées mais résilientes.
J'ai vraiment apprécié cet esprit critique de la société en puisant tantôt dans les moeurs campagnardes tantôt dans ce nouveau monde qui doit aller plus vite.

Je terminerai par ce passage qu'il à écrit en puisant de Jean de la Fontaine qui interroge directement le lecteur : avez vous beaucoup changé ?

" Il est dans le caractère français de s'enthousiasmer, de se colèrer , de se passionner pour le météore du moment, pour les bâtons flottants de l'actualité. Les êtres collectifs, les peuples seraient-ils donc sans mémoire ? "
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Dans le cadre de deux des challenges auxquels je participe, il fallait lire un classique. J'en ai quelques-uns dans ma pal et j'ai eu quelques difficultés à choisir. Mon choix s'est arrêté sur Eugénie Grandet. Pourquoi ? Probablement parce que le personnage principal est un personnage féminin. Une fois n'est pas coutume ! Et puis Balzac et moi, ça faisait très très très longtemps.

Alors que vous dire de ce grand classique que vous ne savez déjà ?
Le personnage d'Eugénie Grandet m'est apparu fascinant : sa sensibilité, sa naïveté touchante ; elle n'a que peu d'attente, se contente de ce qu'elle a et surtout n'imagine pas qu'il puisse en être autrement. La rudesse de son père, ainsi que son avarice ne semble l'ennuyer que par le mal que cela fait aux proches qu'elle aime tant. Elle est au centre de toutes les attentions telle une marchandise et non partie prenante. Et elle tolère tout cela avec candeur.
Je n'arrive pas vraiment à faire passer ce que j'ai ressenti pour ce personnage mais je m'y suis attachée et c'est ce qui m'a emporté dans cette fresque d'une autre époque (1830) au milieu des paysans et d'une certaine bourgeoisie avide et aux moeurs discutables.

À l'instar du personnage principal, l'écriture De Balzac m'a, pour un court instant, rappelé ce que je n'aime pas - ces longues phrases à n'en plus finir - pour ensuite m'emporter dans un voyage à travers le temps, la campagne saumuroise, la société et ses us et coutumes de l'époque. J'en suis moi-même surprise.

C'était un vrai défi de lire du Balzac. Et j'ai aimé ça !
Et vous ? Amateur de roman classique ?
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Sincèrement décontenancée et désolée, je me révèle incapable d'apprécier Eugénie Grandet à sa juste valeur de classique littéraire...

Aucun des personnages de cette oeuvre n'a atteint mon coeur, ni aucune des considérations financières qui représentent le fondement de l'histoire n'a franchi la barrière de mon manque d'intérêt frappant...

Si vous avez aimé ce roman, je serais vraiment intéressée pour en discuter, afin de savoir ce qui a retenu votre attention (outre l'excellence du style balzacien, cela va de soi...)
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Ça y est, j'ai enfin lu Eugénie Grandet jusqu'à la dernière page et lavé ainsi mon honneur !
Et le plus curieux, c'est que, lors de cette deuxième tentative, j'ai adoré ce roman pour les raisons mêmes qui, la première fois, me l'avaient fait abandonner : l'absence quasi-totale d'une intrigue, le huis clos, l'atmosphère…

Eugénie Grandet évoque plus un tableau de maître qu'un récit, qu'un enchaînement d'événements menant à une sorte de dénouement définitif. En s'en tenant à une intrigue rudimentaire et presque anecdotique (qui épousera Eugénie et mettra ainsi la main sur les millions du père ?) et en circonscrivant l'essentiel de l'action en un seul et même lieu (une sombre et lugubre demeure du vieux Saumur), Balzac peut se concentrer sur ce qui lui importe vraiment : peindre des caractères, des sentiments et des obsessions, faire ressortir avec plus de relief ce qui oppose ses très symboliques personnages, notamment l'avare et l'innocente, et, plus largement, décrire et moquer les mentalités bourgeoises d'une petite ville de province.

Le roman s'articule autour de deux passions qui fonctionnent à l'inverse mais sont si étroitement liées qu'elles constituent les deux faces d'une seule et même pièce : celle du père Grandet pour l'argent, qu'il ne cesse d'accumuler dans des sacs et des barillets, ne lui apporte que jouissance (la nuit, quand tout le monde dort, ce mari et père despotique s'enferme dans son cabinet pour caresser voluptueusement ses écus de la main et du regard), tandis que la passion de sa fille Eugénie pour son cousin Charles parti pour les Indes, tout aussi excessive mais bâtie sur des fondations bien plus illusoires, n'est qu'attente et frustration. le premier est chaque jour plus riche et plus heureux ; l'autre, dont l'amour pour l'absent finit par prendre des allures de deuil ou d'expérience mystique, s'enfonce dans la mélancolie (mais puise aussi dans son amour un certain courage qui lui faisait jusque-là défaut). Chacun de ces deux personnages, et c'est en cela qu'ils se ressemblent et se répondent, s'est cloîtré dans sa propre chapelle où il célèbre et cultive secrètement son trésor, l'or pour l'un, la fidélité pour l'autre.
Eugénie Grandet est autant un roman d'argent qu'un roman sur l'amour (et non un roman d'amour). Et ce n'est certainement pas le roman austère et déprimant que j'avais entrevu lors de ma première tentative avortée car, derrière son atmosphère figée et étouffante, on découvre une corrosive satire des moeurs de province et on se surprend fréquemment à sourire. Non du père Grandet (qui n'est certainement pas un personnage comique comme peut l'être Harpagon, l'autre illustre avare de la littérature française) mais des bourgeois de Saumur (les Cruchot et les Des Grassins) et de leurs manoeuvres, sournoises mais transparentes, pour mettre la main sur Eugénie et les millions.
C'est aussi un roman de rédemption puisque Eugénie, malgré son triste destin de femme incomplète, dépouillée de l'amour qu'elle s'évertuait à thésauriser, rachètera son père par sa générosité.

En guise de conclusion, je reprendrai à mon compte les mots du philosophe Alain : Eugénie Grandet est un roman où « tout est grand […], sans que rien ne bouge. »
Cela dit, ce n'est probablement pas le premier titre que je conseillerais à tous ceux qui cherchent à entreprendre l'ascension de la Comédie humaine : ce n'est pas un camp de base, c'est un sommet.
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Il y a eu des versions très illustratives et des versions très libres. La fidélité n'est pas forcément une exigence de l'adaptation, car le plus intéressant est précisément l'écart entre le texte et le film, qui offre matière à comparaison et à discussion. La jeune fille est littéralement détruite par la nouvelle de la trahison de son cousin après tant d'années d'attente, mettant ainsi en évidence le thème balzacien de la pensée qui tue (Mme Grandet elle aussi est tuée par la cruauté de son mari). Dans le roman, le désespoir de la jeune fille la réduit à la claustration et la retraite qu'elle s'impose malgré son mariage blanc, véritable suicide moral, en fait une sorte de sainte laïque qui passe son temps à secourir les pauvres en vivant dans une scrupuleuse parcimonie. Cette fin est magnifique.
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