Quel comique horrible, quel drame railleur ! j'en fus épouvanté. Plus tard, quand le rideau de la scène sociale se releva pour moi, combien de Mortsauf n'ai-je pas vus, moins les éclairs de loyauté, moins la religion de celui-ci ! Quelle singulière et mordante puissance est celle qui perpétuellement jette au fou un ange, à l'homme d'amour sincère et poétique une femme mauvaise, au petit la grande, et à ce magot une belle et sublime créature ; à la noble Juana le capitaine Diard, de qui vous avez su l'histoire à Bordeaux ; à madame de Beauséant un d'Aguda, à madame d'Aiglemont son mari, au mari d'Espard sa femme? J'ai cherché longtemps le sens de cette énigme, je vous l'avoue. J'ai fouillé bien des mystères, j'ai découvert la raison de plusieurs lous naturelles, le sens de quelques hiéroglyphes divins ; de celui-ci, je ne sais rien, je l'étudie toujours comme une figure du casse-tête indien dont les brames se sont réservé la construction symboliques. Ici le génie du mal est trop visiblement le maître, et je n'ose accuser Dieu.
L'amour n'est-il pas dans les espaces infinis de l'âme, comme est dans une belle vallée le grand fleuve où se rendent les pluies, les ruisseaux, les torrents, où tombent les arbres et les fleurs, les graviers du bord et les plus élevés quartiers de roc ? Il s'agrandit aussi bien par les orages que par le lent tribut des claires fontaines.Oui, quand on aime, tout arrive à l'amour.
Moi seule ai deviné tout ce que tu valais ! Elle sait cultiver les terres, dis-tu ?
Moi je laisse cette science aux fermiers, j' aime mieux cultiver ton coeur .
Mon ami, la jeunesse est toujours encline à je ne sais quelle promptitude de jugement qui lui fait honneur, mais qui la dessert.
Les jeunes gens sont sans indulgence, parce qu'ils ne connaissent rien de la vie ni de ses difficultés. Le vieux critique est bon et doux, le jeune critique est implacable ; celui-ci ne sait rien, celui-là sait tout.
Voilà la vie, la vie telle qu'elle est : de grandes prétentions, de petites réalités.
Après avoir effleuré le frais jasmin de sa peau et bu le lait de cette coupe pleine d'amour, j'avais dans l'âme le goût et l'espérance de voluptés surhumaines ; je voulais vivre et attendre l'heure du plaisir comme le sauvage épie l'heure de la vengeance, je voulais me suspendre aux arbres, ramper dans les vignes, me tapir dans l'Indre ; je voulais avoir pour complice le silence de la nuit, la lassitude de la vie, la chaleur du soleil afin d'achever la pomme délicieuse où j'avais déjà mordu.
Si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée, allez là par un jour de printemps, si vous voulez calmer les plaies saignantes de votre cœur, revenez-y par les derniers jours de l'automne ; au printemps, l'amour y bat des ailes à plein ciel, en automne on y songe à ceux qui ne sont plus.
Je fus pétrifié par un regard animé d'une sainte colère, par une tête sublime couronnée d'un diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos d'amour. La pourpre de la pudeur offensée étincelat sur son visage, que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies les larmes du repentir.
Elle était (....) le lys de cette vallée où elle croissait pour le ciel, en la remplis-
-sant du parfum de ses vertus .