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Citations sur Le Médecin de campagne (108)

Séparées seulement par le torrent qui rugit dans ses cascades, les deux hautes murailles granitiques s’élèvent tapissées de sapins à noir feuillage et de hêtres hauts de cent pieds. Tous droits, tous bizarrement colorés par des taches de mousse, tous divers de feuillage, ces arbres forment de magnifiques colonnades bordées au-dessous et au-dessus du chemin par d’informes haies d’arbousiers, de viornes, de buis, d’épine rose. Les vives senteurs de ces arbustes se mêlaient alors aux sauvages parfums de la nature montagnarde, aux pénétrantes odeurs des jeunes pousses du mélèze, des peupliers et des pins gommeux. Quelques nuages couraient parmi les rochers en se voilant, en en découvrant tour à tour les cimes grisâtres, souvent aussi vaporeuses que les nuées dont les moelleux flocons s’y déchiraient. A tout moment le pays changeait d’aspect et le ciel de lumière ; les montagnes changeaient de couleur, les versants de nuances, les vallons de forme : images multipliées que des oppositions inattendues, soit un rayon de soleil à travers les troncs d’arbres, soit une clairière naturelle ou quelques éboulis, rendaient délicieuses à voir au milieu du silence, dans la saison où tout est jeune, où le soleil enflamme un ciel pur. Enfin c’était un beau pays, c’était la France.
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Le prétendu malade entra dans la maison de son médecin où tout se trouva conforme au délabrement de la porte et aux vêtements du possesseur. Les moindres choses y attestaient l’insouciance la plus profonde pour ce qui n’était pas d’une essentielle utilité. Benassis fit passer Genestas par la cuisine, le chemin le plus court pour aller à la salle à manger. Si cette cuisine, enfumée comme celle d’une auberge, était garnie d’ustensiles en nombre suffisant, ce luxe était l’oeuvre de Jacquotte, ancienne servante de curé, qui disait nous, et régnait en souveraine sur le ménage du médecin. S’il y avait en travers du manteau de la cheminée une bassinoire bien claire, probablement Jacquotte aimait à se coucher chaudement en hiver, et par ricochet bassinait les draps de son maître, qui, disait-elle, ne songeait à rien ; mais Benassis l’avait prise à cause de ce qui eût été pour tout autre un intolérable défaut. Jacquotte voulait dominer au logis, et le médecin avait désiré rencontrer une femme qui dominât chez lui. Jacquotte achetait, vendait, accommodait, changeait, plaçait et déplaçait, arrangeait et dérangeait tout selon son bon plaisir ; jamais son maître ne lui avait fait une seule observation. Aussi Jacquotte administrait-elle sans contrôle la cour, l’écurie, le valet, la cuisine, la maison, le jardin et le maître. De sa propre autorité se changeait le linge, se faisait la lessive et s’emmagasinaient les provisions. Elle décidait de l’entrée au logis et de la mort des cochons, grondait le jardinier, arrêtait le menu du déjeuner et du dîner, allait de la cave au grenier, du grenier dans la cave, en y balayant tout à sa fantaisie sans rien trouver qui lui résistât. Benassis n’avait voulu que deux choses : dîner à six heures, et ne dépenser qu’une certaine somme par mois. Une femme à laquelle tout obéit chante toujours ; aussi Jacquotte riait-elle, rossignolait-elle par les escaliers, toujours fredonnant quand elle ne chantait point, et chantant quand elle ne fredonnait pas.
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La médiocrité, monsieur, suffit à toutes les heures de la vie ; elle est le vêtement journalier de la société ; tout ce qui sort de l'ombre douce par des gens médiocres est quelque chose de trop éclatant ; le génie, l'originalité, sont des bijoux que l'on serre et que l'on garde pour s'en parer à certains jours.
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Nous sommes habitués à juger les autres d'après nous, et, si nous les absolvons complaisamment de nos défauts, nous les condamnons sévèrement de ne pas avoir nos qualités. (p.31).
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Quand nous serons tous de grands citoyens, ne deviendrons nous pas, malgré les aises d'une vie triviale, le peuple le plus ennuyeux, le plus ennuyé, le moins artiste, le plus malheureux qu'il y aura sur terre ?
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Ce n'est pas sans raison,mon cher monsieur,que l'on assemble proverbialement les trois robes noires,le prêtre,l'homme de loi,le médecin:l'un panse les plaies de l'âme,l'autre celles de la bourse,le dernier celles du corps;ils représentent la société dans ses trois principaux termes d'existence:la conscience,le domaine,la santé.
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Le génie reste pauvre en éclairant le monde,la vertu garde le silence en se sacrifiant pour le bien général.
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Je suis né, reprit le médecin, dans une petite ville du Languedoc, où mon père s'était fixé depuis longtemps, et où s'est écoulée ma première enfance. A l'âge de huit ans, je fus mis au collége de Sorrèze, et n'en sortis que pour aller achever mes études à Paris. Mon père avait eu la plus folle, la plus prodigue jeunesse ; mais son patrimoine dissipé s'était rétabli par un heureux mariage, et par les lentes économies qui se font en province, où l'on tire vanité de la fortune et non de la dépense, où l'ambition naturelle à l'homme s'éteint et tourne en avarice, faute d'aliments généreux. Devenu riche, n'ayant qu'un fils, il voulut lui transmettre la froide expérience qu'il avait échangée contre ses illusions évanouies : dernières et nobles erreurs des vieillards qui tentent vainement de léguer leurs vertus et leurs prudents calculs à des enfants enchantés de la vie et pressés de jouir. Cette prévoyance dicta pour mon éducation un plan dont je fus victime. Mon père me cacha soigneusement l'étendue de ses biens, et me condamna dans mon intérêt à subir, pendant mes plus belles années, les privations et les sollicitudes d'un jeune homme jaloux de conquérir son indépendance ; il désirait m'inspirer les vertus de la pauvreté : la patience, la soif de l'instruction et l'amour du travail.
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Vous serez donc à jamais l’idole de ma solitude
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En France, l'espèce de séduction qu'exerce l'esprit nous inspire une grande estime pour les gens à idées; mais les idées sont peu de choses là où il ne faut qu'une volonté.
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