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sur 9422 notes
Lire ou relire Balzac... Enfant, j'avais lu Les Chouans et le lys dans la Vallée. le Père Goriot est un magnifique roman, d'une rare modernité. Un portrait implacable de la société de l'époque, un cri d'amour désespéré d'un père pour ses deux filles, un itinéraire cabossé et chaotique de Rastignac qui oscille entre l'ambition d'être quelqu'un et une sensibilité teintée de valeurs. Appâts du gain, souci du paraître, amours vains et désespérés, médiocrité des médiocres, manipulations en tout genre. Tout depuis lors a changé et tout est pareil. Balzac est un tout grand écrivain qui résiste magnifiquement au temps qui passe !
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Entrer dans la vie, c'est accepter la basse cuisine

Comment résister quand on est un pur à ces « Trompettes de la renommée » qui attirent les provinciaux vers la capitale ? La question est posée dans les grands romans du XIX°, ceux De Stendhal, De Maupassant, de Zola mais aussi et surtout De Balzac. Par Brassens aussi qui met souvent en scène de ces jeunes blancs becs dont il s'amuse dans une de ses dernières chansons : « Que ton Rastignac n'ait cure ô Balzac, de ma concurrence. » Mais pour réussir, il faut que « le jeune coq » se barde et comprenne bien à quoi il doit s'en tenir… Assez perdu de temps avec l'Amour, les chimères, l'honnêteté ! Place à l'Argent et au Lucre, et pour cela, il faut foncer et piétiner les derniers scrupules.
Lorsqu'il quitte Angoulême, comme son futur cadet des Illusions perdues, Lucien de Rubempré, Eugène de Rastignac est vulnérable et doit accomplir un apprentissage, car il est le héros, porteur des grands espoirs de sa famille qui est prête à se saigner pour lui. Dès son arrivée, il fait jouer les pistons : la comtesse de Beauséant, sa cousine éloignée et rompue aux usages du monde, lui explique aussitôt le mode d'emploi et ne mâche pas ses mots : « Considérez les hommes et les femmes comme des chevaux de poste ».
En d'autres termes, pas de sentiments, pas de scrupules. Et Balzac semble vouloir illustrer ces propos tout au long de la fable qu'il déroule sous les yeux de son lecteur : le père Goriot a deux filles pour lesquelles il se sacrifie peu à peu et que récolte-t-il en échange ? Rastignac assiste, impuissant à la dégringolade de cette figure christique du renoncement et de l'Amour. Lié au diabolique Vautrin qui habite comme lui l'humble pension Vauquer, il écoute malgré lui la parole de celui qui se révèle véritable truand. Et l'ancien forçat connaît toutes les ficelles et a des avis bien arrêtés sur la vie et sur la « Comédie humaine » :
« Voilà la vie telle qu'elle est. Ce n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant et il faut se salir les mains si l'on veut fricoter (…) Mon petit, quand on ne veut pas être dupe des marionnettes, il faut entrer tout à fait dans la baraque »


Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Où comment des noms de personnages de littérature sont devenus des noms communs. C'est le génie d'Honoré.
Si on devait choisir un premier roman De Balzac à lire pour le découvrir ce serait celui-là.
Et je conseillerais à la personne qui veut s'y mettre de lire la biographie de l'auteur avant de commencer.
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C'est mon premier roman d'Honoré de Balzac, et bien, ce fut une claque !
Ces derniers temps, je lisais un peu de tout et de rien, dans des styles bien variés et je me suis dit « Allez, on se fait du classique de chez classique »
Ce qui m'a le plus frappé dans ce roman, c'est la qualité de l'écrit ; la langue française utilisé de la plus belle des manières. Certes, du vocabulaire de l'époque peut parfois surprendre, mais la justesse des phrases est évidente. Et que dire de la ponctuation … Magistrale !

En lisant, s'installe une « musicalité », surtout quand les protagonistes dialoguent. J'ai toujours donné de l'importance à la justesse des dialogues dans les romans, certains en produisent des froids justes bon à faire avancer une intrigue, d'autres en font leurs fonds de commerce (Certains avec brio – Asimov) ; mais pour Balzac, c'est génial. Un passage m'a tout particulièrement marqué, c'est le moment ou Vautrin adresse sa diatribe à de Rastignac sur comment fonctionne le monde à cette époque. le rythme donné par la ponctuation, rendait ma subvocalisation « musicale » comme je le disais plus haut. Un pur bonheur où je me sentais presque être Vautrin !

Quoiqu'il en soit, j'ai réellement apprécié ma lecture côté forme ; côté fond tout est là également, plusieurs destinées s'entremêlent et toutes ne connaissent pas la même réussite. Finalement, le Père Goriot, de qui on penserait en être le personnage central, ne l'est pas à mes yeux. Certes il y joue un rôle prépondérant, une sorte de rouage liant certains destins. le personnage qui m'a le plus « touché » est Eugène, à la fois tendre, ambitieux, fougueux, loyal, honnête ; tous n'étant pas des qualités selon l'avancée du roman.

Bien évidemment une mention pour Vautrin, un personnage haut en couleur et en verbes. Les deux filles du Père Goriot connaîtront finalement, en même temps que la mort de leur père, un tournant dans leur vie future. Bien que Delphine puisse encore bénéficier d'une providentielle réussite d'Eugène dans le monde.

En conclusion, une super expérience que de lire du Balzac !

Cordialemenrama 😉

Jonathan.
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Honoré de Balzac, né le 20 mai 1799 (sous le nom de Honoré Balssa) à Tours et mort le 18 août 1850 à Paris, est un écrivain français.
Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française. En effet, plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, sont réunis sous le titre de la Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées....
Le Père Goriot est un de ses romans. Il est commencé à Saché en 1834 : sa publication débutera dans la Revue de Paris. Il ne paraîtra en librairie qu'en 1835. Il fait partie des Scènes de la vie privée de la Comédie humaine.
Le Père Goriot établit ainsi les bases de ce qui deviendra un véritable édifice.
[/C'est donc l'histoire du père Goriot. Celui-ci a fait fortune dans le commerce du vermicelle et des pâtes d'Italie. Maintenant il songe à se retirer des affairés, afin de trouver pour ses filles chéries, Delphine et Anastasie, un brillant mariage; car toutes deux veulent être comtesses, ou au moins baronnes. Ses filles l'exigent : le père Goriot vend son fonds de vermicellier, à regret.
Une fois retiré, ce n'est plus qu'un ancien négociant. Delphine et Anastasie peuvent alors choisir un mari: l'une épouse un baron et l'autre devient comtesse. Mais cela a, évidemment, couté des sacrifices d'argent.
Enfin... le bonheur de ses filles suffît encore au père Goriot : il voit ses chères enfants aussi souvent qu'il lui plaît. de temps en temps ses gendres daignent le visiter dans son petit appartement ; on laisse bien échapper parfois quelques dures paroles, quelques sarcasmes blessants ; le père Goriot s'en afflige un moment, et finit par en prendre son parti.
Mais les dépenses de ses filles diminuent chaque jour son dernier capital. Les gendres, qui jusque-là supposaient encore au beau-père un joli reste de fortune, s'aperçoivent qu'il n'a presque plus rien. On ne le reçoit donc plus que rarement et avec froideur...c'est qu'il fait honte ! Il est donc mis à la porte.
Alors il quitte son joli logement, il renonce à ses beaux meubles, à tout ce qui faisait sa vie de garçon agréable et commode. Il choisit une chambre au premier étage de la pension Vauquer, où il va quand-même pouvoir recevoir Delphine et Anastasie sans les faire rougir, si, comme il l'espère, elles viennent encore le voir.
C'est là que débute l'aventure contée par l'auteur.
Voilà donc le père Goriot devenu pensionnaire de la maison Vauquer ! Et s'il veut que ses filles continuent à venir le visiter, il doit encore redoubler de sacrifices et supprimer toutes choses superflues...jusqu'à habiter dans la mansarde !
Cependant, outre le père Goriot et ses filles, il y a dans le roman, plusieurs figures secondaires dont nous n'avons pas parlé, parce que l'auteur a jugé à propos de ne les donner qu'en croquis. Il y a donc, entre autres, celle d'un étudiant en droit : Rastignac. Ce jeune home devient l'amant d'une des filles du père Goriot. Il est issu d'une famille noble, mais pauvre, venu à Paris pour faire son chemin: c'est un esprit froid et calculateur qui veut étudier le monde pour s'élever dans la société.]
La thèse De Balzac est toujours une perpétuelle analyse de nos comportements. En l'occurrence, je trouve l'intrigue du père Goriot encore pleine de sens aujourd'hui. En effet, beaucoup d'enfants font toujours preuve d'égoïsme envers leurs parents malgré les sacrifices de ces derniers. Je trouve ce sujet tellement triste et révoltant à la fois ! D'ailleurs, malgré l'attitude profiteuse dont Rastignac témoigne dans les pages du roman, l'étudiant fait tout de même preuve d'empathie envers son voisin de pension et est pratiquement en colère contre ses filles.
Le travail De Balzac sera, également, toujours pour moi une besogne minutieuse de patience : il est d'ailleurs dommage qu'il n'ait pas pu achever La Comédie humaine pour que nous nous rendions compte que nous ne sommes pas si loin des attitudes de la société du XIXè siècle.
Mine de rien, ce travail en prépa va m'être utile, je le sens :)
Lien : https://fr.wikipedia.org/wik..
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C'est mon premier livre de ce style que je lis ... et quelle claque ! L'histoire nous tient en haleine, les personnages sont complexes et les dialogues sont d'une grande richesse.
Nous nous sentons plonger comme pensionnaires de la maison Vaquer, au côté des aventures d'Eugène de Rastignac et des tourments de ce bon Père Goriot. Cela m'a donné envie de lire d'autres livres De Balzac.
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"Too much love will kill you" !
Autre langue. Autre endroit. Autre époque. Autre contexte.
Autres circonstances surtout.
Et pourtant cette phrase, titre d'une chanson du guitariste de Queen, m'est spontanément venue à l'esprit en lisant l'histoire de ce père débordant d'amour pour ses deux princesses de filles qu'il rêve de voir devenir Reines du Paris mondain des années 1820.
Il ne vit plus que pour cet incertain bonheur par procuration, accepte tous les sacrifices, toutes les humiliations ; il vend littéralement sa dernière chemise pour les mettre à l'abri du besoin, se poste en face de leur domicile pour avoir la chance de les apercevoir sans les déranger ; peut-être qu'il pourrait avoir la chance de croiser leur regard, ou même de voir se dessiner sur leurs lèvres le sourire qui lui permettrait de penser qu'elles sont heureuses.

Franchement peiné pour le père Goriot, le lecteur se rend bien compte que ni Anastasie ni Delphine ne se précipiteront pour lui rendre ne fût-ce qu'une partie de l'amour paternel qu'il leur voue ou alors juste si elles y pensent, juste si elles ont le temps, juste si ça les arrange.

Tout à l'autre bout du spectre des valeurs morales : Vautrin. Il impressionne les autres habitués de la pension Vauquier par le savoir qu'il aime étaler ainsi que par la gouaille qui le caractérise.
Quand il prend la parole, on se tait et on écoute. Il n'en est jamais à un sarcasme près.
En apprenant à le connaître, on le devine prêt à tout pour satisfaire ses intérêts, fût-ce au prix du plus abject des méfaits.
Il tentera d'entraîner sur la voie du cynisme un jeune étudiant fraîchement arrivé à Paris.

Eugène de Rastignac, l'étudiant en question, se trouve à peu près à mi-chemin entre la probité du père Goriot et l'immoralité de Vautrin.
On pense à un funambule avec d'un côté du fil le groupe des anges, de l'autre celui des démons.
Engagé dans son parcours initiatique, il veut certes réussir dans la vie, conquérir Paris.
Il voudrait cependant pouvoir le faire sans renier l'éducation vertueuse qu'il a reçue de sa mère, renforcée par l'image du père Goriot qu'il admire.

Une belle description de la vie parisienne d'alors, de l'importance qu'ont pris l'argent et le statut social, du rôle des femmes à la fois objets de convoitise quand elles sont jolies et de bonne famille, influenceuses quand leur position le leur permet, mais victimes du bon vouloir des hommes, puisqu'elles-mêmes ont très peu accès aux métiers les plus rémunérateurs.

C'est le propre des plus fins observateurs de croquer avec justesse l'âme de ses semblables à travers les âges, la comédie humaine d'aujourd'hui ressemblant dans les grandes lignes à celle de l'époque balzacienne.
Et quand tout cela est décrit en de si jolis termes, cela donne le genre de grands classiques que voici…..
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Un classique d'Honoré de Balzac. C'est un roman court, qui se lit rapidement, mais qui pourtant est très intéressant par son intrigue, et les personnages à fort caractère tels que Vautrin, le père Goriot et Eugène de Rastignac. Il met en avant l'amour inconditionnel qu'un père peut avoir, la corruption de la société du XIXe siècle, les désillusions et les ambitions d'une jeunesse qui rêve d'argent, de gloire et d'amours.
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Comme beaucoup, j'ai lu Balzac au lycée, bon gré mal gré, et j'en avais conservé le souvenir d'une oeuvre qui m'avait certes interpelé, mais dont le ton ne parlait pas vraiment au tout jeune homme que j'étais alors. J'ai eu envie de me repencher dans l'oeuvre De Balzac, et c'est vers le Père Goriot, que je n'avais jamais lu, que je me suis tourné. Bien m'en a pris, car l'histoire de ce père tout entier dévoué à ses filles, miné par l'amour qu'il leur porte, m'a beaucoup plu. On évolue dans l'univers très codifié de la noblesse parisienne du début du XIXè siècle, dont Balzac dénonce le mensonge, l'hypocrisie et la façade de fausse respectabilité. Tout s'achète, y compris les amitiés, tous jouent un double jeu, et si l'on accourt au bal donné par une vicomtesse, ce n'est que pour mieux savourer sa chute. Tous, sauf ce brave Père Goriot, qui n'est guidé que par l'amour qu'il porte à ses filles, quand bien même ces jeunes femmes ne sont que de sales petites pestes trop gâtées. Certes, les relations mondaines parisiennes, ça n'est pas vraiment mon univers. Mais je me suis laissé emporter par le souffle de ce roman, qui relate si admirablement les relations humaines, vraies ou fausses. Je continuerai mon exploration balzacienne.
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« Si donc vous voulez promptement la fortune, il faut être déjà riche ou le paraître. Pour s'enrichir, il s'agit ici de jouer de grands coups ; autrement on carotte, et votre serviteur ! Si, dans les cent professions que vous pouvez embrasser, il se rencontre dix hommes qui réussissent vite, le public les appelle des voleurs. Tirez vos conclusions. Voilà la vie telle qu'elle est. Ça n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant, et il faut se salir les mains si l'on veut fricoter ; sachez seulement vous bien débarbouiller : là est toute la morale de notre époque. Si je vous parle ainsi du monde, il m'en a donné le droit, je le connais. Croyez-vous que je blâme ? du tout. Il a toujours été ainsi. Les moralistes ne le changeront jamais. L'homme est imparfait. Il est parfois plus ou moins hypocrite, et les niais disent alors qu'il a ou n'a pas de moeurs. Je n'accuse pas les riches en faveur du peuple : l'homme est le même en haut, en bas, au milieu. Il se rencontre par chaque million de ce haut bétail dix lurons qui se mettent au-dessus de tout, même des lois ; j'en suis. Vous, si vous êtes un homme supérieur, allez en droite ligne et la tête haute. Mais il faudra lutter contre l'envie, la calomnie, la médiocrité, contre tout le monde. »
Vérité immuable des Grands Classiques!
J'ai déjà eu ici l'occasion d'expliquer pourquoi j'accorde à Honoré de Balzac (que mon côté 1789 avait dépouillé volontairement de sa particule!) la première place dans la littérature française. Il me plait ainsi de le relire souvent. Je me souviens que l'adolescent que j'étais se disait "quel cynique, ce Vautrin!" Aujourd'hui, je dis "quel réaliste, ce Vautrin!"
Sa leçon de morale vaut encore pour tous les Rastignac d'aujourd'hui.
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