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Critique de Christw


Dans ces lumières anciennes, dont je vous épargne les affligeants tons fluos de l'édition française chez Robert Laffont (Pavillons, 2014), John Banville rétablit Alexander Cleave, le personnage de Éclipse. Ce modèle de narrateur est récurrent parmi d'autres titres de l'auteur irlandais (L'intouchable), il figure généralement un homme vieillissant, souvent acteur, qui médite de façon presque maladive sur la versatilité de son identité et la difficulté de se reconnaître, auscultant un passé qui remonte morcelé sans rien offrir de définitif. Dans La lumière des étoiles mortes, Cleave interprète au cinéma le rôle du fameux Axel Vander, protagoniste notable de Impostures (chroniqué l'an dernier à pareille époque). Catherine – Cassy/Cass –, la fille de Cleave et de sa femme Lydia, disparue tragiquement à Portovenere et qu'on a connue liée amoureusement à Axel Vander dans Impostures, est un leitmotiv qui hante le roman.
On comprend la portée des trois récits reliés – Éclipse, le Linceul (Shroud titre original de Impostures) et Ancient light – dont les titres forment une métaphore de la vision et de la lumière, mais aussi de la distance et de la dissimulation, qui traduisent l'éloignement de personnes aimées absentes, baignées d'une clarté mélancolique qui les fait sembler encore très proches.
[...].
L'autre fantôme du récit tient dans la téméraire et bouillante relation d'un été qui réunit Cleave âgé de quinze ans et l'inoubliable madame Gray. Celle-ci mariée, deux enfants, a trente-quatre ans et est la mère de Billy, le meilleur camarade d'école d'Alex. On ne peut manquer de voir en cette femme la concrétisation sexuelle des convoitises pour Madame Grace du jeune garçon dans La mer (le jeu de Banville sur les sonorités est évident). Au-delà de l'hymne flamboyant au souvenir d'une femme aimée, le récit est un copieux mélodrame qui oscille entre reconstruction du passé et un présent voilé par l'ombre de celui-ci. [...].
[...].
Le Prix Prince(sse) des Asturies 2014 qui couronne ce livre a vu quelques noms célèbres à son palmarès, dont Bob Dylan, F. F. Coppola, Pedro Almodovar et Woody Allen. Une récompense valorisante pour l'auteur, justifiée par ses créations antérieures, celles abordées dans ce blog, et particulièrement l'oeuvre qui est considérée comme son chef-d'oeuvre, le livre des aveux. Cependant, pour La lumière des étoiles mortes, je me rallie volontiers à l'opinion de Ben Jeffery, dans le Times literary supplement, qui considère qu'en l'absence d'un méchant magnifique, le roman de Banville pèche par l'absence du contrepoids qui équilibre sa tendance à la préciosité et à une verbosité parfois un peu creuse. Malgré une exécution irréprochable.

(Critique complète sur Marque-pages (lien ci-dessous).)



Lien : http://christianwery.blogspo..
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