Citations sur La vie en marge (25)
Les bulletins météorologiques annonçaient tempête après tempête : toutes les rues en pente étaient verglacées et les bus peinaient dans les côtes, notamment dans les quartiers neufs dont les constructions s’étagent sur les hauteurs. Les saleuses passaient dès trois heures, bien avant le lever du jour. Les trains avaient du retard, le trafic ferroviaire avait du mal à se rétablir. L’hypermarché était en rupture de lainages et de radiateurs d’appoint, je me souviens qu’on l’avait dit.
... et, juste avant que la photographie ne se déclenche, quelqu'un disait pour rire : "Cheese", ou : "Ouistiti."
Vous savez, c'est ce qui m'a le plus manqué dans ma vie, une femme douce.
Je vois très bien l’hôtel où il est descendu : il se trouve juste au col, en bordure de la route, un vieil hôtel traditionnel mais confortable, des doubles vitres aux fenêtres à cause du froid des hivers montagnards, des volets verts, des bacs à géraniums, un cuisinier de carton moustachu avec sa toque présentant le menu et tournant en plein vent (la toque et le menu) sur l'aire de gravillons qui sert de parking aux voitures.
La science a fait tellement de progrès. Ils font des greffes ; ils pourront remplacer les organes au fur et à mesure, comme ils font aux machines. Ils réparent les machines, pourquoi pas nous ? Mais, vous voyez, sans parler de ça, 2000, il y a quelques années, ça paraissait inaccessible, demandez-moi pourquoi, les chiffres ronds sans doute. Je me disais, ça ne t’arrivera pas, à toi. Tu ne seras plus là. Ou alors, il se sera passé quelque chose.
C’est comme ça dans la vie, dit l’homme ; les problèmes arrivent toujours en cascades, comme par un fait exprès. Ce qui est sûr, c’est que vous ne pouviez pas trouver de car. Dans ce sens-là, le dernier est à trois heures. Après, il y en a un dans l’autre sens, qui revient de la ville. Mais même celui qui revient est passé.
Il m’a demandé s’il pouvait nous régler en argent suisse. Pourquoi de l’argent suisse alors qu’il est français ?
— Ça n’a pas d’importance, avait dit le patron. L’important, c’est qu’il paie. Pour nous, ça ne fait aucune différence. Tu sais bien que le change est facile.
Si on savait, on ne se marierait pas ; on garderait sa liberté, c’est ce que je dis. Quand les maris travaillent, les souris dansent, et vice versa (il jeta un coup d’œil à la porte), je vérifie qu’elle n’est pas là (il parlait de sa femme, qui vendait les billets du Loto et du Keno, une grosse personne blonde). Elle n’aimerait pas m’entendre.
Quand il y a un homme, et surtout un homme étranger, on fait ce qu’il faut, à tout hasard.
Dans la vie, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures